Aujourd’hui, le monde du travail et du résidentiel aspire à plus de collaboration et à créer des liens sociaux.  (Crédit: Dave Burk © Hedrich Blessing 2013)

Aujourd’hui, le monde du travail et du résidentiel aspire à plus de collaboration et à créer des liens sociaux.  (Crédit: Dave Burk © Hedrich Blessing 2013)

Aujourd’hui, le monde du travail et du résidentiel aspire à plus de collaboration et à créer des liens sociaux. L’immobilier répond à cette évolution de la société grâce au coworking et au coliving. Tamás Polster, Head of strategic consulting EMEA, et Caroline Bouchon, Associate Partner Strategic Consulting chez Cushman & Wakefield, nous présentent ces concepts.

Pouvez-vous expliquer ce que sont le coliving et le coworking?

Tamás Polster. «Le mot ‘coworking’ est utilisé pour couvrir beaucoup de notions différentes et fort éloignées du concept de base. Nous préférons parler de ‘bureau flexible’. Le concept de coworking trouve ses origines à Berlin dans les années 90, et permettait de répondre à un besoin de collaboration dans certains secteurs d’activité où travaillaient de nombreux free-lances. Le coworking, c’est travailler ensemble, échanger, créer une communauté et laisser la place à la sérendipité. Et d’un point de vue plus quantitatif, le coworking propose des services et espaces adaptés pour les entreprises à la recherche de lieux attractifs, et répond à leur besoin de flexibilité. 

Caroline Bouchon. «Le coliving est un tout nouveau mode de logement urbain qui allie espaces privatifs, collaboratifs et communautaires, mais aussi espaces de vie, de loisir et de travail. Ce concept s’adresse particulièrement aux jeunes actifs, qui ont, d’une part, envie de partager davantage, et d’autre part, qui font face à une très forte augmentation des prix du résidentiel, et ont donc des difficultés à trouver un logement correct et bien placé. Cette observation est d’autant plus importante pour les personnes vivant seules, dont le nombre est en augmentation. Le public ciblé n’est pas seulement composé de jeunes professionnels, mais également de personnes disposant d’un certain pouvoir d’achat, qui souhaitent accéder à une communauté, et à des niveaux d’espaces et de prestations qu’ils ne peuvent pas avoir seuls.

Ces tendances sont-elles amenées à prendre de l’importance?

TP. – «Le résidentiel, l’hôtellerie et le bureau vont converger avec une demande pour les espaces collaboratifs et partagés, qui va augmenter après le Covid. Le coworking va prendre toute son ampleur en ville, mais également en dehors, car les entreprises veulent accéder à des bureaux flexibles et mettre à disposition des employés un choix d’espaces de travail plus large combinant les centres-villes avec des lieux plus proches du domicile. L’offre mondiale de centres de coworking est d’ailleurs amenée à passer de 20.000 à 40.000 d’ici 2024.

CB. – «Le coliving également tend à prendre de plus en plus d’importance, surtout dans les grands centres urbains, où on observe une augmentation des prix du résidentiel, et qui concentrent par ailleurs, pour la plupart, les métiers tertiaires très qualifiés. Ces deux aspects font que, dans ces centres urbains, le coliving se développe nettement, et la demande augmente.

L’offre mondiale de centres de coworking est amenée à passer de 20.000 à 40.000 d’ici 2024.
Tamás Polster

Tamás PolsterHead of strategic consulting EMEACushman and Wakefield

Quels sont leurs principaux avantages et inconvénients?

CB. «Le coliving offre une formidable variété d’espaces, bien pensés et de qualité, et permet d’accéder à une communauté et toute une offre de services à un prix qui ne dépasse pas celui d’un studio. Ce qui peut freiner, c’est que l’espace privatif va être moindre qu’un studio classique (50-70% de moins), mais cette perte d’espace est largement compensée par les espaces communs.

TP. «Le coliving s’adresse à un public qui a envie de partager et de bénéficier de services. Le concept est intéressant si vous utilisez les services et les espaces communs. Sinon, cela devient cher. Pour le coworking, ce sont les mêmes avantages et inconvénients. Si l’entreprise a une activité très stable sur le long terme et souhaite investir dans des aménagements et tout gérer elle-même, cette solution n’est pas pour elle. En revanche, si elle a un besoin de flexibilité, de services, d’espaces collaboratifs et souhaite une solution clés en main, les solutions de bureaux flexibles comme le coworking sont adéquates. Le coworking présente aussi un avantage considérable pour les entreprises qui souhaitent attirer les talents, dans la mesure où il fait partie des écosystèmes d’espaces de travail dont les nouvelles générations désirent bénéficier.

Comment se caractérise l’offre actuelle au Luxembourg?

TP. «Au Luxembourg, il y a plus de 50 espaces de coworking. Pour la taille du marché, c’est en ligne avec ce qui se fait dans d’autres villes. On y retrouve certains acteurs internationaux, comme Spaces, d’autres plus régionaux, comme Silversquare, et enfin, des acteurs locaux de grande qualité. Il y a déjà une très belle offre qui répond en partie à la demande, mais je pense que cette dernière va la dépasser.

CB. «Actuellement, moins de cinq acteurs sont implantés, et l’offre proposée est plutôt réduite. Une start-up luxembourgeoise est en train de développer trois concepts au Luxembourg, qui sont déjà sur liste d’attente. Cela laisse présager que le pays est le futur marché à conquérir pour les acteurs européens. Colonies, par exemple, un acteur français, a annoncé viser le Luxembourg début 2021.

Le coliving est justement très organisé, et s’adresse à des utilisateurs cherchant des niveaux de prestation élevés.
Caroline Bouchon

Caroline BouchonAssociate Partner Strategic ConsultingCushman and Wakefield

Quels conseils donneriez-vous aux propriétaires intéressés?

TP. «En tant que propriétaire, il faut penser à qui va générer le cashflow, qui vont être les utilisateurs cibles, et ne pas surestimer les revenus liés au coworking pur. Les revenus sont davantage générés par les besoins de moyennes et grandes entreprises de bureau flexible. Pour les utilisateurs, il est important de comparer le coût total d’occupation, et surtout d’identifier les surcoûts d’une solution de bureaux classique en cas de changement des besoins dans le temps.»

CB. – «Il ne faut pas faire l’amalgame avec la colocation, qui a cette étiquette de mode d’habitat étudiant souvent mal organisé. Le coliving est justement très organisé, et s’adresse à des utilisateurs cherchant des niveaux de prestation élevés. C’est un concept à envisager sérieusement pour les propriétaires. Le coliving est une des nouvelles solutions qui devront être déployées pour répondre aux évolutions sociétales et à la problématique de logement dans les grandes villes.»

Prenez contact avec l’un de nos experts sur