Selon le dernier rapport de l’OCDE et de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle, publié la semaine dernière, l’échange de produits contrefaits représente une manne financière estimée à quelque 440 milliards d’euros par an. Et concerne quelque 2,5% de l’ensemble du commerce mondial. À en croire les auteurs de ce rapport, au sein de l’UE, les marchandises en infraction par rapport au code de la propriété intellectuelle représenteraient 5% de l’ensemble des importations. Soit l’équivalent de 85 milliards d’euros pour la période étudiée, entre 2011 et 2013.

Au Grand-Duché, pays situé au carrefour des échanges européens, le nombre de saisies observées au cours des dernières années reste globalement stable, même si les résultats du jeu du chat et la souris entre douaniers et auteurs de contrefaçons restent aléatoires. Preuve en est le nombre de produits saisis au cours des dernières années. De 25.000 objets contrefaits interceptés en 2008, leur nombre a culminé à 25 millions en 2001 avant de retomber à 67.300 en 2012 et 25.000 en 2014. Une anomalie statistique qui s’explique par la mainmise, en 2012, d’un stock de cigarettes chinoises contrefaites, saisies au Findel, dans le stock d’une compagnie aérienne turque.

Mais en dépit de cette saisie record pour les douaniers luxembourgeois, cette dernière ne représente qu’une exception. Selon les derniers chiffres de la Commission européenne,  l’ensemble des saisies réalisées en 2014 au sein des 28 États membres s’est élevé à 35 millions d’objets. Le tout pour un montant global estimé à «un peu plus de 617 millions d’euros». Principalement venues de Chine, ces marchandises concernent majoritairement des produits de consommation courante, selon les relevés des douanes européennes. À noter que d’autres pays se font également remarquer pour leur participation à ce commerce illicite: Panama pour les boissons alcoolisées, la Thaïlande pour les cartouches d’encre ou Hong Kong pour les produits de soins corporels, les téléphones portables ou les CD/DVD.

Selon l’Administration des douanes et accises, contactée par Paperjam, d’autres produits, comme les médicaments, n’y figurent pas en raison «de la complexité de détecter la différence entre les contrefaçons et les produits génériques». Pourtant, selon l’OMS, des alertes ont été lancées au cours des derniers mois concernant de faux vaccins contre la fièvre jaune, la méningite ou l’hépatite C. Certains antibiotiques, des médicaments anticancéreux ou des contraceptifs, seraient également concernés. Même si aucun bilan fiable n’existe à ce jour sur les décès liés à la consommation de médicaments falsifiés, l’Institut de recherche anti-contrefaçon des médicaments (IRACM) évoque un chiffre de 700.000 morts par an à travers le monde.

En ce qui concerne les modes de transport, les producteurs de produits contrefaits font peu à peu évoluer leurs habitudes. Alors que le transport par mer, par route et par air représente encore 90% des moyens utilisés, via l’envoi dans des conteneurs transitant par navire, les douanes européennes constatent une hausse non négligeable des interceptions de petits colis expédiés par courrier express et postal. Une conséquence «très probable» des ventes sur internet, à en croire la Commission européenne.