RTL Group, créé par la fusion de CLT-Ufa et Pearson TV, n'a jamais renié ses racines luxembourgeoises. (Photo: David Laurent / archives)

RTL Group, créé par la fusion de CLT-Ufa et Pearson TV, n'a jamais renié ses racines luxembourgeoises. (Photo: David Laurent / archives)

C’est un bâtiment tout en verre, en partie masqué par des arbres. Avec, au premier plan un «totem» où s’entremêlent les lettres CLT et Ufa: la cover de la toute première édition de Paperjam, alors estampillé «Luxembourg Business to Business Magazine» présente RTL Group, «un ‘global player’ né dans un parc luxembourgeois».

22 chaînes de télévision dans neuf pays, 18 stations de radio, 5.000 salariés, un chiffre d’affaires de près de 130 milliards de francs (3,22 milliards d’euros) et un bénéfice net de 16,7 milliards d’euros (415 millions d’euros): le profil du premier groupe audiovisuel européen, tout juste né, a déjà fière allure.  

Ses parents sont CLT-Ufa (lui-même issu de la fusion, quatre années plus tôt, de la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion et Ufa Film-und-Fernseh-GmbH, filiale du groupe allemand Bertelsmann), et du groupe anglais Pearson TV, éditeur – entre autres – du Financial Times.

À sa tête: Didier Bellens, le CEO et Dan Arend, le secrétaire général. Le conseil d’administration, lui, est présidé par Juan Abello, alors que l’ancien Premier ministre luxembourgeois, Gaston Thorn, reste à la présidence de l’entité CLT-Ufa.

Inquiétudes vite dissipées

Au moment de sa création, l’incertitude demeure quant à l’ancrage luxembourgeois de ce nouveau géant de l’audiovisuel. «Il se pourrait en effet que le Luxembourg, en tant que centre de décision et centre d'activités de diffusion fasse les frais de cette opération, malgré le fait que celle-ci sera tout bénéfice pour le groupe», peut-on alors lire dans Paperjam, sous la plume de Jean-Lou Siweck et de Mario Hirsch, persuadés, certes, que «RTL Group sera le premier Européen à pouvoir rivaliser avec les géants», mais qui s’interrogent de savoir «à partir d’où seront dirigées les prochaines aventures de ce qui fut la CLT».

La suite de l’histoire allait bien vite apaiser toutes ces craintes. Car le «L» de RTL est bien plus qu’une simple lettre sur un sigle: il conforte définitivement l’ancrage grand-ducal du groupe qui, aujourd’hui, opère 49 chaînes de télévision et 29 stations de radio dans 10 pays, mais assure également une grande partie de sa force via des activités de production (plus de 8.500 heures de programmes créées dans 28 pays, via notamment sa filiale FreemantleMedia), mais aussi de diffusion, au travers de ses filiales CLT-Ufa (régie finale de ses chaînes de télévision au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Belgique) et BCE (Broadcasting Center Europe) qui assure les aspects techniques de la diffusion.

Si Bertelsmann est toujours l’actionnaire majoritaire, sa participation a été allégée en 2013, ramenée de plus de 92 à 75%, à la suite de la cession de 17,3% de ses parts, qui lui ont permis d’encaisser quelque 1,4 milliard d’euros.

Un nouveau siège fin 2016

Les têtes ont évidemment changé en 15 ans. Fin 2004, Juan Abello a cédé son siège à Siegfried Luther, remplacé par Thomas Rabe en 2012. Didier Bellens, lui, a quitté le navire en 2003 pour prendre la tête de l’opérateur belge Belgacom, dont il sera révoqué 10 ans plus tard par le Conseil des ministres représentant l'État belge, principal actionnaire de Belgacom. Gerhard Zeiler lui succéda et occupa les fonctions jusqu’en 2013, date à laquelle une direction bicéphale a été mise en place, avec la nomination de deux co-CEO: le Belge Guillaume De Posch et l’Allemande Anke Schäferkordt.

Quant à Dan Arend, qui fut le dernier Luxembourgeois membre de la direction de RTL, il quitta ses fonctions en 2001 – après 12 ans de bons et loyaux services au sein de la maison – pour rejoindre Deloitte. Il s’y occupa, pendant plus d’une décennie, du développement d’une ligne de métier «Médias et télécoms» dont il fut en charge de la création. Il dirige aujourd’hui sa propre société, DA Consulting.

Sur le boulevard Pierre Frieden, au Kirchberg, un grand chantier est actuellement en cours, celui de la construction du nouveau siège social du groupe: un monstrueux complexe de plus de 36.000 m2, conçu par le bureau d'architectes SchemelWirtz, en collaboration avec le Suisse Par, et qui éclipsera, fin 2016, les actuels bâtiments voisins. Et dire que l’on se posait la question de l’avenir du groupe au Luxembourg…

Le futur siège de RTL Group au Kirchberg.