Le nom de l'Argentin Lionel Messi est cité dans les documents de l'ICIJ. (Photo: Licence C.C.)

Le nom de l'Argentin Lionel Messi est cité dans les documents de l'ICIJ. (Photo: Licence C.C.)

Un nouveau tsumani vient de toucher les rivages des paradis fiscaux. En révélant au grand jour les recherches liées à l’analyse approfondie de 11,5 millions de documents internes du cabinet Mossack Fonseca, basé à Panama, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) vient de réaliser son plus gros coup. Par l’ampleur des données reçues et traitées, mais aussi par la médiatisation que va lui assurer un casting fait de chefs d’État, anciens ou encore en exercice, d’hommes d’affaires, de sportifs ou de personnalités du monde du spectacle.

Retrouver dans la même nasse des noms comme Vladimir Poutine – on parle de son proche entourage -, Lionel Messi, Michel Platini, le nouveau président argentin Mauricio Macri ou le président ukrainien Poro Porochenko est loin d’être banal. Tous, à leur niveau, sont censés être des ambassadeurs de premier rang de leur activité.

L'étau se resserre

Les Panama Papers vont faire très mal. Parce qu’en donnant un fameux coup de botte dans une des fourmilières de l’évasion fiscale, ils vont obliger les autres – la filière du cabinet Mossack Fonseca n’est évidemment pas la seule – à revoir leurs stratégies et à jouer de plus en plus serré.

On peut même imaginer que certaines des grandes fortunes de ce monde, qui ont refusé jusqu’ici de participer à l’effort collectif de vie en société par une juste redistribution des richesses, finissent par faire amende honorable.

De toute manière, l’étau se resserre. Même si les intermédiaires de l’évasion exploitent des ficelles toujours plus fines pour échapper à la justice fiscale, les règles internationales d’échange d’information qui se mettent en place à l’échelon international rendent l’anonymat plus difficile.

Et si ça ne suffisait pas, le fait que, désormais, des anonymes aient l’audace et la capacité, grâce notamment à l’explosion de la technologie, de soutirer des masses de données sensibles, devrait commencer à refroidir certains acteurs, soucieux de leur réputation.

On reparle du Luxembourg

L’onde de choc des Panama Papers, dont on imagine que les répliques ne vont pas tarder à suivre, renvoie le scandale LuxLeaks un échelon plus bas. Mais le passé ne s’efface pas d’un simple coup d’éponge. Le Luxembourg, malgré les efforts entrepris ces dernières années pour une plus grande transparence en matière de fiscalité internationale, continue à faire les frais de ces vastes enquêtes.

Si, cette fois, c’est la crème des paradis fiscaux comme le Panama qui est visée, les chemins qui y mènent passent à nouveau par de grandes places financières comme la Suisse, le Royaume-Uni et le Grand-Duché, jouant le rôle d’intermédiaires privilégiés.

Alors, que faire? Le gros dos sans doute, en attendant que la crise passe. Il y en aura encore d’autres. Mais surtout poursuivre le nettoyage législatif en faisant en sorte que le pays rentre définitivement dans les clous de la légitimité fiscale internationale. Ne serait-ce que par respect pour la grande masse des contribuables sur qui se reportent en premier les conséquences de la fraude organisée.