Après une année 2016 plutôt difficile, marquée par un ralentissement du PIB mondial, la conjoncture internationale s’est accélérée au début de cette année faisant preuve d’un certain regain de confiance dans de nombreuses économies avancées et émergentes. Selon l’OCDE, le PIB mondial devrait s’accroître cette année de 3,5%[1], ce qui est notamment dû au dynamisme des échanges commerciaux et de l’investissement. Dans la zone euro, la hausse de PIB a été révisée vers le haut pour le premier trimestre à 0,6% (par rapport au dernier trimestre 2016, et +1,9% par rapport au premier trimestre 2016)[2] soulignant que la croissance dans les États membres est de plus en plus solide.
Notre économie largement ouverte en profite: elle est censée croître de près de 4,8% en 2017[3], bien au-delà des taux prévus pour les pays voisins, ce qui s’explique notamment par la corrélation positive de l’évolution des cours boursiers à celle de la place financière dont le poids dans l’économie luxembourgeoise reste très important. Cependant, l’embellie économique est portée par de nombreux secteurs différents, soulignant le fait que la politique de spécialisation et de diversification économiques porte ses fruits. Ceci est aussi une belle preuve que notre économie reste attractive et bien outillée pour capter le dynamisme de la dynamique européenne.
L’avenir semble particulièrement bien orienté pour l’industrie luxembourgeoise. Depuis l’été dernier, les annonces d’investissement se multiplient et ont désormais atteint un volume total de presque 1 milliard d’euros. Et si Google devait se rajouter à cette longue liste d’annonces, l’ampleur des investissements devrait se rapprocher de la barre des 2 milliards d’euros – équivalent à 3,7% du PIB – et permettre la création de plus de 800 emplois manufacturiers. Cette évolution est bien en lien avec l’indicateur de confiance des entrepreneurs dans l’industrie qui affiche une tendance à la hausse depuis le premier trimestre 2013[4] et qui devrait a priori se poursuivre.
Ce climat positif et la modernisation du parc industriel apportent de l’eau sur le moulin de notre écosystème productif et permettent sans doute de renforcer sa résistance aux chocs extérieurs à travers la recherche et l’innovation. Bien que les récentes évolutions soient positives, il faut veiller à ne pas tomber dans l’insouciance. Il faut profiter de ce «bon vent» pour poser les bons jalons en faveur d’une croissance plus intensive, soutenue par le progrès technologique, la digitalisation et les gains de productivité potentiels en découlant. Il va sans dire que le caractère essentiellement extensif de notre croissance pose d’énormes défis en matière d’utilisation des ressources (naturelles, énergétiques, humaines…) non soutenable à long terme. Il importe d’œuvrer pour un modèle économique de «qualité», nous donnant ainsi une marge suffisante pour faciliter la redistribution des richesses, pour assurer la cohésion de notre modèle social et pour favoriser une gestion durable des ressources naturelles.
L’environnement favorable actuel doit nous inciter à poser les jalons pour l’avenir dès aujourd’hui. Les défis et risques latents sont de taille, et la sauvegarde de notre modèle socio-économique, du bien-être de la population et de la cohésion sociale requièrent des actions courageuses et ambitieuses dans plusieurs domaines, dont notamment l’attractivité et la compétitivité du site économique luxembourgeois (en freinant les coûts de production, en investissant régulièrement dans les infrastructures, en évitant une surrégulation de la place financière...), la performance de notre système d’éducation et de formation, la valorisation de la recherche et de l’innovation, la simplification continue des procédures administratives et la stimulation de l’esprit d’entreprise auprès des jeunes.