François Masquelier (président de l'Atel): «L’image du trésorier seul dans sa tour d’ivoire est révolue» (Photo: Charles Caratini / archives)

François Masquelier (président de l'Atel): «L’image du trésorier seul dans sa tour d’ivoire est révolue» (Photo: Charles Caratini / archives)

À l’origine, ils étaient 12: huit Luxembourgeois, trois Belges et un Français. Apôtres d’une certaine pratique de leur métier de trésorier d’entreprise, ils signent, le 19 décembre 1994, les statuts fondateurs de l’Atel, l’Association des trésoriers d’entreprise à Luxembourg. «Nous avons bâti notre action autour de quatre piliers majeurs», explique François Masquelier, l’actuel président de l’Atel: «être un forum pour les trésoriers et un point de rencontre; être un lobbyiste tant au niveau national qu’international; être un pourvoyeur d’information, notamment au travers de conférences et de formations; se positionner en tant que force de proposition pour améliorer la tâche du trésorier et rendre le Luxembourg plus attractif pour les centres de trésorerie et enfin être une institution professionnelle au service de ses membres».

L’association a très vite trouvé ses marques. Dès 1995, l’Atel comptait 83 membres. Elle en revendiquait plus de 160 six ans plus tard et environ 260 aujourd’hui, alors que le pays compte quelque 300 trésoriers d’entreprise actifs.

L'Atel a également été très rapidement adoptée par les milieux professionnels. Ainsi, à l’occasion de la «Table ronde Euro» mise en place par le ministère des Finances en 1997, elle a été la seule association financière invitée à participer aux différentes réunions qui ont préparé le passage à la monnaie unique.

La crise financière de 2008 et ses suites ont profondément bouleversé le paysage et le contexte dans lequel évoluent les trésoriers d’entreprise et, plus largement, les chief financial officers (CF0). En matière réglementaire et législative, les dossiers ne manquent pas: les normes comptables IFRS et IAS, Bâle III, MiFID II, Sepa, la 8e directive européenne sur le contrôle interne, la supervision des marchés… La liste est loin d’être exhaustive.

«Stressant et passionnant»

 «Nous vivons dans une période de post-crise où la crise des liquidités demeure», explique M. Masquelier. «Le contexte est assez stressant, mais il est aussi passionnant. Et, dans ce contexte où l’objectif est et reste la création de valeur, tout en maîtrisant les coûts, le rôle du trésorier et celui du CFO vont croissant. Le trésorier se rapproche du CFO. Et le CFO se rapproche du CEO.»

Cette revalorisation du rôle du trésorier est évidemment vue d’un très bon œil par les professionnels, qui ne peuvent que se réjouir de la plus grande «visibilité» dont jouit désormais une fonction demandeuse de nouvelles qualités, de plus de technicité et des ‘soft skills’ plus développés, notamment en termes de communication. «L’image du trésorier seul dans sa tour d’ivoire est révolue», constate le président de l’Atel. «Avant, le trésorier était le gardien du temple. Le CFO ‘classique’ était une sorte de chef comptable, un contrôleur de gestion, doué d’une expertise technique. Aujourd’hui, il doit sortir du temple et casser la baraque.»

Clairement, la fonction de trésorier d’entreprise a gagné en importance stratégique et en amplitude. «Le trésorier a désormais encore plus de pouvoir, mais il doit gérer des risques nouveaux ou accrus, renforcer le suivi des couvertures et des expositions aux risques financiers, alors que la volatilité des marchés et l’amplitude des variations de valeur obligent à couvrir plus que jamais.»