Victor Rod (ici en 2007), a tenu les rênes du Commissariat aux assurances jusqu'à décembre 2014.  (Photo: Étienne Delorme / archives)

Victor Rod (ici en 2007), a tenu les rênes du Commissariat aux assurances jusqu'à décembre 2014.  (Photo: Étienne Delorme / archives)

Le secteur de l’assurance au Luxembourg, à la fin du siècle dernier, connaît un succès non négligeable. Entre 1998 et 2000, par exemple, les taux de croissance annuels sont à deux chiffres. Pour l’exercice 2000, les primes émises s’élèvent au total à 9,7 milliards d’euros (vie, non-vie et réassurance).

Après des exercices 2001 et 2002 «post-11 septembre» un peu plus délicats, l’année 2003 marque un premier tournant, avec un total de primes qui franchit le seuil des 10 milliards d’euros. Une année «anniversaire», puisque c’est tout juste 150 ans plus tôt que fut adoptée la première loi de contrôle des assurances. Pour l’anecdote, cette loi du 20 mars 1853, riche de 12 articles, ne concernait alors que six compagnies établies au Grand-Duché: les françaises La Paternelle et L’aigle et les belges Les propriétaires réunis, La Compagnie de Bruxelles et La société belge d’assurance mutuelle. 

Plus fort que la moyenne européenne

Dès l’année suivante, un nouveau bond fait presque atteindre la barre des 12 milliards, le curseur s’arrêtant à 11,94 milliards d’euros pour une progression annuelle de près de 22%, largement supérieure aux performances moyennes européennes. 

Le rythme ne baisse pas les années suivantes: 14,2 milliards en 2005, 16 milliards en 2006… Même la crise de 2008 ne parvient pas à bousculer un secteur relativement «épargné» comparé au secteur bancaire, avec des primes émises qui atteignent 19,8 milliards d’euros, notamment soutenues par un marché non-vie qui enregistre un accroissement qualifié d’«extraordinaire» par le Commissariat aux assurances: +63,56%, à des années-lumière des 2% enregistré en Europe. Idem pour la réassurance, avec un bond de 123,4%. 

Rien de «magique», cependant: cela est dû à l’établissement au Luxembourg de Swiss Re, qui a choisi de faire du pays le centre de ses affaires communautaires en transformant ses filiales européennes en succursales de l’entreprise luxembourgeoise. 

Un tournant bien pris

Rien de magique non plus, en 2011, lorsque les chiffres redégringolent sous l’effet de l’éclatement de la bulle des souscriptions qui s’était formée en 2009 et au premier semestre de 2010, en relation avec la perspective de l’adoption, jugée imminente à l’époque, d’une nouvelle directive européenne sur la fiscalité de l’épargne.

Ainsi, de 32,6 milliards d’euros en 2010, le montant des primes émises tombe à quelque 25 milliards l’année suivante. 

Un simple coup d’arrêt, puisque les chiffres présentés à la mi-juillet par le nouveau directeur du Commissariat aux assurances, Claude Wirion – qui, en janvier dernier a succédé au directeur «historique», Victor Rod –, a fait état d’un montant historique de primes encaissées en 2014 de 36,2 milliards d’euros, dont un total record de 23,7 milliards provenant de l’assurance vie. 

«Le marché a bien pris le tournant des nouvelles règles fiscales», a ainsi pu se réjouir M. Wirion. «Certains acteurs vont même prochainement venir s’établir au Luxembourg pour y développer une activité vie. Entre les nouvelles dispositions en matière d’échange d’informations fiscales et la mise à jour des règles en matière de blanchiment, il y a eu un revirement de ces acteurs qui regardaient jusqu’alors le Luxembourg avec envie, mais n’osaient pas encore y venir.»