Nicolas Hurlin & Marilyn Hurlin (Photo: The Recruiter)

Nicolas Hurlin & Marilyn Hurlin (Photo: The Recruiter)

Êtes-vous à l’écoute du marché? Si certains sont contactés quelques fois dans leur carrière, d’autres peuvent l’être plusieurs fois par jour. Ego flatté, estime de soi renforcée… difficile de garder la tête froide. Néanmoins une chose est sûre, vous voilà en position de force. ON vous a «chassé»!

À vous de sélectionner

Passé l’instant de satisfaction qui vous a rendu unique et essentiel pour une entreprise, il s’agit toutefois de garder les pieds sur terre. En effet, tous les détails ont leur importance, dans la forme comme dans le fond. Le premier contact avec le chasseur de têtes, la manière dont il conduit les premiers échanges en disent long sur votre futur potentiel employeur. En principe, le chasseur de têtes est garant de l’image de l’employeur et se doit de refléter au mieux la culture de celui-ci. Autant dire que ce sont des signaux intéressants à analyser en première instance pour décider de continuer, ou non, la discussion.

Risque ou opportunité?

Tel est le dilemme. Faire les bons choix au bon moment reste la préoccupation de tous, surtout lors des étapes-clés d’une carrière. La prise de risques se mesure à la fois par des critères factuels et émotionnels. L’un ne va pas sans l’autre et l’important est de composer avec sa propre personnalité et ses aspirations professionnelles. Être ouvert aux opportunités qui se présentent est probablement un avantage pour celui qui aime se tenir informé des offres du marché de l’emploi et mesurer sa valeur.

Reste à faire la différence entre opportunité et opportunisme. Là où une opportunité s’inscrit dans une spirale positive, l’opportunisme peut s’avérer dangereux si les changements professionnels sont trop fréquents. Une expérience de 5 ans dans un même poste se valorise là où les changements tous les ans ou tous les 2 ans peuvent être associés à de l’instabilité ou de la faible performance. Dans un tel contexte, les chutes sont particulièrement difficiles à amortir et le risque réputationnel n’est pas à négliger.

Gourmandise salariale, s’abstenir

L’avantage financer d’un poste est probablement le critère numéro 1 d’un candidat lors d’un changement professionnel, et c’est normal. À moins de ne plus se plaire dans son rôle actuel, pourquoi changer sans un salaire supérieur qui rémunérerait la prise de risques et valoriserait les nouvelles responsabilités? Jusque-là, le raisonnement se tient. Sauf pour les gourmands. En effet, pousser l’entreprise dans ses retranchements budgétaires présente quelques risques à ne pas sous-estimer. Le premier est de se voir retirer l’offre avec une situation de non-retour. Le second est celui de créer des attentes supérieures de la part de l’employeur, à la mesure de l’effort financier consenti. En découlera une période d’essai vécue «sous la loupe», où la moindre erreur pourra être surinterprétée voire considérée comme de l’incompétence, avec les impacts qui en découlent.

Les offres salariales sont de l’ordre de 10 à 15% en moyenne par rapport au salaire actuel d’une personne, incluant les avantages en nature (voiture de société, bonus, plan de pension…). Les exceptions supérieures à 20% ou 30% sont toujours possibles mais nettement plus rares, surtout sur une même zone géographique. Un palier intermédiaire à la fin de la période d’essai est parfois proposé dans l’offre salariale, témoignant la confiance que l’entreprise place en son collaborateur.

Mesurer tous les impacts

L’appel impromptu d’un chasseur de têtes est une expérience inoubliable, parfois déstabilisante, dans la vie professionnelle d’une personne. Il bouleverse un ordre établi, qu’on le veuille ou non. La suite appartient au candidat. Néanmoins, elle implique questionnement et réflexion à tous niveaux: personnel, familial et professionnel. Tous les impacts sont à mesurer, à commencer par le terrain de jeu qui est proposé. À moins d’être indépendant, on est rarement bon tout seul et l’environnement compte pour beaucoup. Comprendre la vision de l’employeur, sa culture, mais aussi son fonctionnement interne: la manière dont le travail est organisé, la place de la fonction proposée dans l’entreprise, la qualité des relations entre les collaborateurs, la culture RH de l’entreprise et les processus internes sont autant d’informations essentielles à prendre en considération. Cet ensemble d’éléments permet de mesurer la pérennité de la fonction et d’aborder avec confiance le changement professionnel proposé.

Dans cette optique, préparer ses entretiens en se documentant et en posant autant de questions que nécessaire pour couvrir les thématiques évoquées permettra de circonscrire le nouvel environnement de travail. Et valider la compatibilité entre les deux parties.

Humilité professionnelle

Recruter son employeur est un exercice peu commun où le candidat chassé doit se prêter avec finesse à un processus de recrutement qui reste malgré tout mené par l’employeur. Avoir le vent en poupe n’est pas antinomique avec l’humilité professionnelle. Par péché d’orgueil, une position de suffisance sera éliminatoire. Au final, l’employeur considèrera tous les candidats à égalité au regard de ses propres critères; sans distinguer ceux qui auront été chassés de ceux qui auront postulé spontanément.