Bob Strotz: «Une transformation affirme son appartenance au monde contemporain tout en respectant son historique et crée un bâtiment unique hors du standard souvent monotone et banalisé.» (Photo: DR)

Bob Strotz: «Une transformation affirme son appartenance au monde contemporain tout en respectant son historique et crée un bâtiment unique hors du standard souvent monotone et banalisé.» (Photo: DR)

Monsieur Strotz, comment la durabilité impacte-t-elle le marché de l’architecture: est-ce un facteur de différenciation, une valeur ajoutée ou une contrainte?

«Pour les architectes et urbanistes avec un sens de la responsabilité, la durabilité a toujours fait partie d’un concept urbanistique ou architectural. 

Aujourd’hui, la durabilité n’est plus considérée comme un facteur écologiquement unilatéral, mais comme un modèle holistique du futur suivant les trois piliers de la durabilité, qui prend en compte les aspects écologiques, économiques et sociaux de manière équilibrée et égale. Ainsi, un concept de durabilité de l’avenir exige des acteurs d’une dimension écologique, économique et sociale avec une acceptation mutuelle de leurs intérêts respectifs. 

La normalisation d’une architecture durable sur le marché européen fera-t-elle émerger de nouveaux acteurs?

«Les normes existent pour régulariser les choses. Une durabilité ne se laisse pas réglementer, mais doit être développée à chaque projet individuellement. Le développement durable assume de nouvelles contraintes, comme la panoplie des matériaux utilisés, les techniques en énergies, les passeports des matériaux, les questions sociales, les questions économiques et écologiques, etc. Tous ces critères rapportent de nouvelles opportunités à saisir par de nouveaux acteurs qui, vu la complexité, se spécialiseront de plus en plus. 

Cette complexité de spécialistes peut être comparée à un ensemble de musiciens. Que des solistes n’arriveront jamais à jouer d’une façon harmonieuse. Pour cela, il faut un conducteur qui arrive à motiver l’ensemble des musiciens pour converger dans une direction.

Ce rôle sera garanti par les architectes qui créeront une durabilité réfléchie et cohérente. 

Une transformation peut s’avérer économiquement plus avantageuse pour un constructeur qui recycle un bâtiment plutôt que d’opter pour la démolition-reconstruction.

Bob Strotz, architecte chez Heisbourg Strotz Architectes

Comment intégrez-vous le «recyclage» de bâtiments dans votre réflexion de construction?

«Le ‘recyclage’ distingue une réhabilitation ou une conversion qui peut se faire par une restauration ou une transformation. Notre première réflexion est toujours, suivant les critères de l’économie circulaire, de vouloir garder le maximum d’une construction pour réduire les empreintes écologiques, pour profiter des qualités et des ressources matérielles du bâtiment existant et pour rentabiliser les investissements.

À l’avenir, une transformation peut s’avérer économiquement plus avantageuse pour un constructeur qui recycle un bâtiment plutôt que d’opter pour la démolition-reconstruction.

Une transformation affirme son appartenance au monde contemporain tout en respectant son historique et crée un bâtiment unique hors du standard souvent monotone et banalisé.»

Les inscriptions au «10x6 Architecture: Innovation & Sustainability» sont ouvertes sur le site du Paperjam Club.