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Christoph Siara: «On dit notamment que l’usage des véhicules électriques deviendrait rentable si ces derniers étaient deux fois plus légers et leurs batteries deux fois plus efficaces. Les nanotubes de carbone rendent cet objectif atteignable.» 

Monsieur Siara, quels avantages tirez-vous des nanotechnologies?

«Ocsial travaille sur des feuilles de graphène qui sont des agents extrêmement renforçateurs et d’excellents conducteurs électriques et thermiques. Il s’agit d’objets en 2D, des hexagones de carbone enroulés sur eux-mêmes, qui mesurent 1,6 nanomètre de diamètre et 5 microns de long en moyenne, et sur lesquels les électrons peuvent voyager d’un point à un autre. Quand les feuilles de graphène se touchent, les électrons vont d’un brin à un autre et créent ainsi un courant électrique, ainsi qu’une conductivité thermique. Les usages sont multiples: stockage de données ou d’électricité, capteur d’activité, etc. Si vous intégrez un réseau de nanotubes de carbone dans un matériau, même en très faible quantité – 0,01% de la formulation –, celui-ci va devenir beaucoup plus résistant. Les nanotubes de carbone sont en effet 100 à 200 fois plus résistants que l’acier! Cette utilisation permet de réduire la masse de matière première à utiliser en conservant, et même en augmentant, les propriétés d’un produit. 

Existe-t-il dès à présent des applications concrètes?

«Prenons le cas d’une batterie qui sert à mouvoir ou alimenter un objet. Elle doit consommer moins, et donc durer plus longtemps. Il faut aussi qu’elle se charge plus vite sans perte de puissance. Les matériaux qui composent l’objet qu’elle alimente doivent être plus légers, tout en répondant aux normes techniques les plus contraignantes. On dit notamment que l’usage des véhicules électriques deviendrait rentable si ces derniers étaient deux fois plus légers et leurs batteries deux fois plus efficaces. Les nanotubes de carbone rendent cet objectif atteignable. Vous en avez une preuve tangible avec les scooters Ujet (spin-off d’Ocsial, ndlr), des deux-roues électriques ultralégers (35kg) disposant d’une autonomie de 150km!

Maîtrise-t-on totalement ces technologies?

«Une des difficultés qui subsistent tient à la quantification précise des effets et des qualités des nanomatériaux, du fait de leur taille. Par exemple, dans la fabrication d’un pneu. Si l’on met plus de 40% de silicium, cela peut bloquer la mise en place d’un réseau efficace de nanotubes de carbone. Nous avons appris avec l’expérience qu’il ne faut pas dépasser un certain seuil d’agents tel que le silicium dans une formulation pour profiter des avantages de ces nanotechnologies.»