Selon Fabio Morvilli, «les marchés ont surréagi». (Photo: LaLa La Photo / archives)

Selon Fabio Morvilli, «les marchés ont surréagi». (Photo: LaLa La Photo / archives)

Monsieur Morvilli, les dirigeants de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles sont parvenus à un accord de gouvernement ce jeudi, après quasiment trois mois de crise politique. Quelle est votre première réaction sur la composition du gouvernement?

«L’Italie possède la dette publique la plus élevée de la zone euro (2.300 milliards d’euros, à 131,8% du PIB – à titre d’exemple, le Luxembourg affiche un ratio de 23%, ndlr) après celle de la Grèce, et la première en valeur absolue, il ne fallait pas que la crise s’installe dans le temps. Le choix de Giovanni Tria au ministère de l’Économie et des Finances est évidemment une bonne chose, par rapport à celui de l’eurosceptique Paolo Savona, proposé dans un premier temps. En regardant le CV de certains ministres, je ne suis pas pessimiste sur l’avenir de la péninsule au sein de l’UE. Le ministre des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, par exemple, est quelqu’un que je connais très bien, il a une connaissance parfaite de l’Europe, il a été haut fonctionnaire à Bruxelles durant de nombreuses années, mais également juge à la Cour de justice européenne, ici à Luxembourg. Il est totalement pro-UE, et va certainement tout faire pour que l’Italie soit encore plus intégrée à l’Europe, au contraire de l’en éloigner.

Quel est votre sentiment sur l’accès au pouvoir de deux partis populistes en Italie?

«Je pense que le peuple italien a voulu s’exprimer sur un mécontement général. Mais je crois également que pour bien comprendre ce qu'il se passe dans un pays, il faut y être ou y avoir vécu durant de nombreuses années, pour bien en comprendre les modalités. C’est vrai que nous, les Italiens, sommes un peu plus agités ou expressifs, mais à la fin, nous savons très bien dans quelle direction il faut aller. La cohabitation entre les nouveaux partis politiques et les anciens pourrait donner quelque chose de correct. Nous avons maintenant un gouvernement, je pense que nous devons essayer de leur laisser le temps de travailler au moins six mois voire un an, et là nous pourrons faire le point sur la situation et juger le travail réalisé. Et il ne faut pas oublier que les hauts fonctionnaires présents dans les ministères ne vont pas changer et sont également totalement compétents pour continuer à trouver des solutions pour faire sortir le pays de la crise.

L’Italie est le 5e partenaire commercial du Luxembourg au niveau des importations et des exportations, et près de 22.000 Italiens vivent au Grand-Duché. Pensez-vous que l’arrivée au pouvoir de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles aura un impact au niveau commercial?

«Pourquoi devrait-il y avoir des conséquences sur les échanges? Il n’y a pas de raison. Comme souvent dans ce genre de situation, les marchés ont surréagi, le ‘spread’ entre taux italiens et taux allemands s’est envolé pour atteindre lundi dernier son plus haut niveau historique depuis novembre 2013. Bien sûr, il y a la spéculation, et ce type de crise politique peut l’encourager, mais je pense que la situation a peut-être été un peu exagérée. Il ne faut pas avoir peur, il n’y aura pas, selon moi, de conséquences majeures, au contraire. Le développement du secteur de l’espace au Luxembourg va notamment attirer de nombreuses entreprises italiennes.»