Pour Amaury Evrard, de nouveaux investisseurs privés et institutionnels étrangers arriveront sur le marché luxembourgeois. (Photo: PwC Luxembourg)

Pour Amaury Evrard, de nouveaux investisseurs privés et institutionnels étrangers arriveront sur le marché luxembourgeois. (Photo: PwC Luxembourg)

Monsieur Evrard, quels sont les facteurs principaux qui porteront la croissance de 60% et 50%, respectivement dans l’immobilier de bureaux et le résidentiel, à l’horizon 2020?

«L’avenir et le succès du marché immobilier luxembourgeois sont intimement liés à la réussite économique du pays, mais aussi à ses spécificités. 

En 2020, l’immobilier de bureaux devrait atteindre 32 milliards d’euros, comparé à 20 milliards en 2012, soit une croissance de 60%. Les prévisions de croissance économique sont optimistes pour les années à venir et les besoins en espaces de bureaux devraient continuer à croître. Or les taux de vacance locative actuels sont déjà bas dans les zones centrales et la plupart des bureaux sont loués ou vendus avant l’achèvement des travaux. Dans un tel contexte, les surfaces actuellement disponibles et à venir seront insuffisantes pour satisfaire la demande. 

L’immobilier résidentiel devrait également connaître une très forte croissance, de près de 50% en huit ans, puisqu’il sera estimé à 158 milliards d’euros en 2020 (107 milliards en 2012). Cette évolution sera soutenue par une augmentation continue de la population  nationale mais aussi par l’accroissement du nombre d’étrangers résidant au Luxembourg, et par une demande en habitation qui restera supérieure à l’offre, et donc d’une hausse continue des prix. Le parc immobilier résidentiel devra s’adapter aux besoins actuels des foyers, et certaines tendances, comme la construction d’appartements au détriment des maisons familiales, vont se poursuivre.

Quels sont les défis en termes d’infrastructures et de mobilité? 

«La mobilité et les infrastructures de transport joueront un rôle central: l’augmentation projetée de la population et du nombre de travailleurs frontaliers (leur nombre devrait augmenter de près de 25% d’ici 2020) pèseront sur les besoins en infrastructures. Dès lors, les développements d’infrastructures et de solutions de mobilité constituent des enjeux essentiels en matière de planification urbaine et de qualité de vie au Grand-Duché. 

De nombreux efforts ont déjà été portés par le gouvernement. Cependant, avec le développement rapide du pays, les effets ont été limités puisqu’en moyenne, le temps perdu dans le trafic routier a augmenté de 10% entre 2012 et 2013 au Luxembourg. D’une manière générale, la problématique de la mobilité s’étend à la Grande Région, et les autorités luxembourgeoises, belges, françaises et allemandes devront travailler de concert pour trouver des solutions pratiques, peu chères et flexibles pour les voyageurs. 

La Place luxembourgeoise reste-t-elle attractive pour les investisseurs? Est-elle capable d’attirer de nouveaux venus sur le marché?

«Le marché immobilier luxembourgeois connaît depuis quelques années un fort intérêt de la part des investisseurs institutionnels étrangers, notamment en matière d’investissement spéculatif. Auparavant, ces investisseurs étaient peu enclins à cibler le marché luxembourgeois en raison de sa taille, de son manque de transparence et du nombre limité d’investisseurs présents sur ce marché.

Cependant, ce schéma est en train d’évoluer, notamment en la faveur de la stabilité politique du pays, de ses perspectives économiques, de sa résistance à la crise financière et des rendements attractifs présentés par l’immobilier de bureaux. La solvabilité élevée des locataires et les faibles taux de vacance constituent également des avantages non négligeables pour les investisseurs institutionnels. 

De nouveaux investisseurs privés et institutionnels arriveront sur le marché, tels que les fonds de pension. Le Luxembourg n’en restera pas moins une destination de choix pour les particuliers fortunés.

On constate également une augmentation des acquisitions immobilières réalisées par les banquiers privés et gestionnaires de patrimoine pour le compte de leurs clients. Malgré la nature confidentielle de ces transactions, de nombreuses sources confirment le rôle grandissant joué par les family offices sur le marché.»