«Sur le long terme, l’usage d’assemblages mécaniques simples, facilitant la déconstruction et la réutilisation des composants, limitera l’empreinte carbone. Le choix de matériaux sains et d’éléments constructifs appropriés aux réutilisations techniques, voire aux recyclages biologiques en fin de vie, s’avère ici primordial.» (Photo: STDM)

«Sur le long terme, l’usage d’assemblages mécaniques simples, facilitant la déconstruction et la réutilisation des composants, limitera l’empreinte carbone. Le choix de matériaux sains et d’éléments constructifs appropriés aux réutilisations techniques, voire aux recyclages biologiques en fin de vie, s’avère ici primordial.» (Photo: STDM)

Monsieur Steinmetz, les coûts de l’innovation et de la durabilité sont-ils un frein au développement de l’architecture?

«Ces coûts ne peuvent être ignorés, ils sont réels et, pris en considération sur le court terme de la construction même, s’avèrent effectivement souvent être un frein au développement de l’architecture!

Ces coûts devraient être pris en considération différemment, sur le long terme des ressources mises en œuvre.

En faisant abstraction d’une durée de vie plus ou moins longue du bâtiment, les coûts de démolition et surtout de mise en déchets des matériaux devraient être intégrés dès sa conception et peser sur la valeur intrinsèque de l’immeuble.

Il faut réduire nos besoins en constructions nouvelles en lieu et place des bâtisses existantes.

Nico Steinmetz, STDM

Comme pour le label énergétique, qui a beaucoup fait évoluer la construction sur ce point, les acquéreurs devraient recevoir un label indiquant la fourchette A, B, C... des matériaux ou composants réutilisables ou recyclables (représentant des revenus potentiels) versus ceux destinés aux déchets (représentant des coûts potentiels). Les acquéreurs ou les investisseurs pourraient ainsi faire un choix d’acquisition ou de mode de construction en meilleure connaissance de cause.

Comment doit-on penser la résilience urbaine aujourd’hui?

«La résilience urbaine - à ne pas confondre avec la ville durable - peut être résumée comme étant la capacité d’adaptation à des perturbations pour les intégrer positivement dans les tissus urbains de nos villes existantes et en devenir. Ces perturbations sont liées à des changements environnementaux, sociétaux ou économiques en cours et à venir.

Par de meilleures analyses des capacités d’adaptation aux usages nouveaux des constructions, les déchets diminueront par une réutilisation positive.

Nico Steinmetz, STDM

Il s’agit d’analyser et de développer des structures urbaines qui seront aptes à répondre positivement à des sollicitations futures, certaines encore inconnues.

Notons qu’au-delà de ces perturbations d’un monde en transition, l’être humain va continuer à se nourrir et à se reproduire de manière similaire aujourd’hui et demain; ce sont là des invariants anthropologiques de base.

C’est autour de ceux-ci que nous devrons penser et façonner les cadres de vie que nous projetons pour les générations à venir,

  • en étroit respect avec la nature;
  • en favorisant des pôles de quartiers et de voisinage;
  • en rapprochant les différents usages sur des territoires plus réduits;
  • et en intégrant à proximité les besoins vitaux et culturels pour une vie en communauté basée sur les échanges et les partages.

Comment intégrez-vous le «recyclage» de bâtiments dans votre réflexion de construction?

«Tout d’abord, il faut réduire nos besoins en constructions nouvelles en lieu et place des bâtisses existantes. Par de meilleures analyses des capacités d’adaptation aux usages nouveaux des constructions, même récentes et avant toute démolition, les déchets diminueront par une réutilisation positive.

Ensuite, il est indispensable de concevoir des constructions plus «neutres» qui pourront, par leurs structurations et mécanismes de fonctionnement de base simples et évolutifs, mieux répondre à des changements inconnus. Leur durée de vie sera allongée, leurs installations techniques simplifiées et leurs cloisonnements allégés s’adapteront mieux à des réutilisations futures.

Au-delà de ces questions constructives et techniques, nos immeubles devront retrouver une place, un caractère fort dans et pour un tissu urbain qui mérite d’être préservé.

Nico Steinmetz, STDM

Sur le long terme, l’usage d’assemblages mécaniques simples, facilitant la déconstruction et la réutilisation des composants, limitera l’empreinte carbone. Le choix de matériaux sains et d’éléments constructifs appropriés aux réutilisations techniques, voire aux recyclages biologiques en fin de vie, s’avère ici primordial.

Au-delà de ces questions constructives et techniques, nos immeubles devront retrouver une place, un caractère fort dans et pour un tissu urbain qui mérite d’être préservé – car constitutif d’un lieu de proximité intense en interactions sociales, culturelles, économiques et de partage.»

Les inscriptions au «10x6 Architecture: Innovation & Sustainability» sont ouvertes sur le site du Paperjam Club.