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 (Photo: Licence C.C.)

Docteur Steichen, quelle est la position de l’AMMD (Association des médecins et médecins dentistes) quant à la possibilité pour les médecins de prescrire du cannabis à usage thérapeutique?

«Il va falloir marteler que ce n’est pas un produit miracle afin d’éviter d’être submergés de patients qui vont en demander à la moindre douleur. C’est une bonne chose que ce soit réalisé sur une phase test de deux ans, car nous n’avons pas encore toutes les études pour prouver la pérennité des effets du cannabis.

Cela peut aider dans certains cas, mais ce n’est pas un médicament. La prescription a été retenue pour la sclérose en plaques, des douleurs chroniques, ce que l’on considère comme très vague, mais aussi comme anti-nauséeux lors de chimiothérapies. Mais il faut savoir que 50% des patients en chimiothérapie ne vont pas réagir au cannabis, il faut vraiment marteler que ce n’est pas un produit miracle.

Je ne sais pas quels médecins vont dégager 24 heures de leur temps pour suivre cette formation.

Dr Guillaume Steichen

Est-ce que cette liste de maladies vous paraît suffisante?

«Pour nous, c’est pour le moment une liste assez large, nous n’avons rien à y redire pour cette phase test.

Il faut savoir cependant que le traitement va se présenter sous forme d’huile ou de plante séchée, par inhalation ou tisane, mais que nous ne connaissons pas encore la concentration en cannabidiol et THC. Le pays se fournira auprès de l’Agence du cannabis du Canada; d’après nos informations, des appels d’offres sont en cours.

Tous les médecins pourront en prescrire, à condition qu’ils aient suivi une formation spéciale, qu’en est-il de cette formation?

«Nous ne connaissons ni le contenu, ni qui va dispenser cette formation. Mais en général, les formations représentent 24 heures de cours. Nous avons un devoir déontologique de nous former pour nous informer de toutes les nouveautés, ce que nous faisons déjà. Il faut savoir que, comme pour les autres stupéfiants, les médecins auront un carnet à souches d’ordonnances spéciales. Ce n’est pas un engagement à la légère.

Mais quand on sait que cela va concerner potentiellement une centaine de patients uniquement, je ne sais pas quels médecins vont dégager 24 heures de leur temps pour suivre cette formation.»