Pour Vincent Bechet (Inowai), «le Brexit, jusqu’à présent, a plus fait tourner les rotatives de la presse internationale que favoriser l’apparition de cas concrets». (Photo: Mike Zenari / archives)

Pour Vincent Bechet (Inowai), «le Brexit, jusqu’à présent, a plus fait tourner les rotatives de la presse internationale que favoriser l’apparition de cas concrets». (Photo: Mike Zenari / archives)

Monsieur Bechet, quel bilan tirez-vous de l’année 2016?

«Sur une échelle de 1 à 10, 10 étant considéré comme une excellente année, j’attribuerais la note de 9/10 à l’immobilier de bureaux.

L’année 2016 reste caractérisée par des indicateurs très positifs: un taux de vacance en compression, un taux d’intérêt bas et qui continue à motiver les acteurs de l’investissement. Aussi, un stock en croissance continue dont la majeure partie du développement annuel a déjà trouvé preneur ou occupant.

La bonne santé du secteur de bureau luxembourgeois est plus que largement confirmée.

Vincent Bechet, managing director, Inowai

Des loyers qui restent très fermes (tendance haussière pour les bons quartiers d’affaires) sur le territoire de la ville de Luxembourg. Et une périphérie qui offre des alternatives intéressantes pour les sociétés de service qui ne peuvent se permettre de supporter les loyers de la ville. La bonne santé du secteur de bureau luxembourgeois est plus que largement confirmée.

Concernant l’immobilier résidentiel, celui-ci est à mettre en perspective de la croissance démographique qui continue d’augmenter. On nous annonce une augmentation de 5% d’ici 2019. En 2060, nous devrions être à plus d’un million de personnes au Grand-Duché de Luxembourg.  

Force est de constater que nous n’avons jamais vu autant de grands programmes lancés, ou à la veille d‘être lancés. Ceci étant dit, ces programmes sont d’une nécessité absolue pour assurer le développement du pays et héberger ses travailleurs.

La première section de la ligne de tram devrait matérialiser l’arrivée d’une réelle solution aux problèmes de mobilité.

Vincent Bechet, managing director, Inowai

Cependant, la demande semble demeurer insatisfaite malgré l’évolution de l’offre. Les prix continuent à atteindre des records. Cela reste un indicateur à surveiller.

Faut-il interpréter cela comme le signe d’une offre inadaptée aux capacités de paiements et/ou aux besoins de la population? Une récente étude du Statec nous rappelle que le poste de dépenses le plus important reste celui du logement.

Quels devraient être les temps forts de l’année 2017 au niveau du secteur immobilier au Luxembourg?

«Le véritable temps fort de cette année reste l’ouverture de la première section de la ligne de tram qui devrait matérialiser dans l’esprit des gens l’arrivée d’une réelle solution aux problèmes de mobilité. On parle de ce tram depuis des décennies. C’est 2017 qui concrétisera la première section.

On assistera en 2017 au lancement du funiculaire, véritable prouesse technologique.

Vincent Bechet, managing director, Inowai

Cette année 2017 verra RTL Group prendre possession de ses nouveaux locaux au Kirchberg, le groupe Deloitte à la Cloche d’Or devrait suivre en 2018, de même que Ferrero au Findel et finalement la troisième tour de la Cour de justice de l’Union européenne.

D’un point de vue infrastructures, on assistera au lancement du funiculaire, véritable prouesse technologique, qui reliera la gare du Pfaffenthal au Plateau de Kirchberg et son tram flambant neuf. Nous assisterons aussi à la réouverture du Pont Adolphe et de sa piste de vélos en contrebas. D’autres projets d’infrastructures verront le jour, sans doute moins spectaculaires mais tout aussi stratégiques. Il faudra encore attendre fin 2018-début 2019 pour assister à l’aboutissement de dossiers tout aussi spectaculaires pour n’en citer que quelques-uns: Auchan et le Lycée Vauban à la Cloche d’Or, le projet mixte Infinity avec sa tour résidentielle high-end au Kirchberg et Royal-Hamilius au centre-ville.

Bien entendu, ces différents éléments participent à une dynamique plus qu’appréciée par les investisseurs internationaux qui regardent le petit marché de Luxembourg, qui rappelons-le est à taille égale avec le marché immobilier de Dublin.

Pour le reste, d’autres projets pourraient être accélérés, dépendant de l’arrivée du transfert de certaines activités de la City vers le Luxembourg. Il n’y a qu’à lire la presse internationale pour constater que le Luxembourg semble très bien positionné pour accueillir certains types d’activités.

Ressentez-vous déjà des effets liés au Brexit au niveau de la demande de bureaux et logements?

«Les premiers mouvements sont dans un stade embryonnaire.

Ne nous trompons pas sur les conséquences du Brexit, le transfert de gestion de fonds, qu’il soit en centaines de millions voire en milliards d’euros, vers la Place luxembourgeoise ne signifie pas automatiquement des augmentations proportionnelles en staff.

Le Brexit, jusqu’à présent, a plus fait tourner les rotatives de la presse internationale que favoriser l’apparition de cas concrets. Les premiers mouvements sont toujours sous forme de discussion. Il n’est pas dans l’esprit des acteurs de la City d’attendre les résultats des discussions politiques pour agir ce qui serait plutôt en notre faveur sur base des premiers échos relayés par la presse internationale.»