Pasha Rafiy: «Je voulais capter les rituels et les à-côtés de ce monde en entrant dans ses coulisses à travers un portrait filmé.» (Photo: Julien Becker)

Pasha Rafiy: «Je voulais capter les rituels et les à-côtés de ce monde en entrant dans ses coulisses à travers un portrait filmé.» (Photo: Julien Becker)

Monsieur Rafiy, quelle était votre ambition en lançant le projet de filmer Jean Asselborn pendant plusieurs mois?

«Le monde politique, notamment dans sa dimension internationale, est évidemment un sujet passionnant. Je voulais capter les rituels et les à-côtés de ce monde en entrant dans ses coulisses à travers un portrait filmé. J’ai d’abord pensé à Jean-Claude Juncker que j’avais déjà photographié en 2007 («Selbstportrait mit Pasha Rafiy», ndlr). Mais mon attention s’est portée sur la carrière politique de Jean Asselborn, qui est le doyen des ministres des Affaires étrangères en Europe. Ce personnage me permettait de rentrer au plus près de la diplomatie internationale. Il agit comme cheval de Troie, car en le suivant, j’ai pu entrer en contact et approcher les acteurs de la politique mondiale.

Vous travaillez généralement comme photographe. Comment avez-vous abordé l’image en mouvement?

«Pour mes photos, je travaille seul. Pour le film, on a travaillé en petite équipe avec un caméraman et un preneur de son, pour être souple et proche du sujet. J’ai une approche directe et instinctive, c’est-à-dire que je ne prépare pas mes sessions de portraits. Ça a été un avantage pour notre manière de filmer. Je construis mes images toujours de la même façon: une personne seule, en pied, dans un plan large qui symbolise son environnement, sa vie, son travail. Pour le film aussi, je me suis intéressé a l’entourage, les signes de l’époque. J’ai voulu des mouvements lents, à l’opposé du rythme frénétique de la vie du ministre. L’image est calme, symétrique, très construite. Quand il y avait moyen de prendre le temps de poser la caméra, je voulais que ce soit propre et beau. Quand il fallait courir, caméra à l’épaule, on l’a fait aussi. Ça donne un certain rythme au film.

Foreign Affairs - Pasha Rafiy

Il n’y a ni voix off ni musique, ni date et peu d’éléments pour situer l’action. Vous ne craignez pas de perdre les spectateurs?

«Les documentaires sont souvent dans la tête du réalisateur, avec une voix off qui explique ce qu’il pense de ce qu’il voit, qui sont les gens… Je ne voulais pas m’inclure, mais plutôt donner une impression, comme un patchwork de moments qui tissent finalement un portrait. J’ai en effet voulu n’indiquer que le pays où l’on se trouve. Pas pour brouiller les pistes, mais ne pas trop ancrer le film dans la description. Pour les dates, les téléphones portables, les voitures donnent des indications évidentes de l’époque, pas besoin de jour près. Quant à la musique, je n’ai gardé que ce qu’on entend vraiment. Ce serait trop facile, trop souligné de mettre du violon quand Asselborn est seul ou fatigué.»

Le film «Foreign Affairs» est produit par Les Films Fauves. Il est présenté le 26 février aux Rotondes dans le cadre du Luxembourg City Film Festival.

Une exposition de photographies que le réalisateur a prises durant le tournage du film est proposée aux Rotondes. Une table ronde est également organisée le 3 mars, toujours aux Rotondes.

Exposition ouverte du samedi 27 février au jeudi 3 mars de 16h à 20h.