50% de ces financiers de haut vol pourraient envisager de quitter l’industrie de l’investissement pour un autre secteur. (Photos: Shutterstock)

50% de ces financiers de haut vol pourraient envisager de quitter l’industrie de l’investissement pour un autre secteur. (Photos: Shutterstock)

Selon l’étude «Future of work in investment management» conduite par le CFA Institute, la pandémie a facilité le passage des professionnels de l’investissement au digital, mais a aussi porté un sérieux coup au moral des troupes.

C’est paradoxal: alors que le secteur financier a passé le cap du Covid sans encombre, le moral des professionnels est au plus bas. Selon les données collectées par le CFA Institute suite à un sondage mené en mars et en avril sur 120 marchés et auprès de 4.600 titulaires du certificat d’analyste financier délivré par le CFA Institute, 50% de ces financiers de haut vol pourraient envisager de quitter l’industrie de l’investissement pour un autre secteur.

Et cela même alors que 75% des sondés se disent confiants pour la pérennité de leur emploi pour les18 à 24 mois qui viennent. D’ailleurs, seuls 6% d’entre eux ont changé de métier à l’occasion de la crise. Un changement d’état d’esprit qui se reflète dans l’ordre de motivation: si, avant la crise, «un travail intéressant» ou «la passion pour les marchés financiers», d’une part, et la possibilité d’«apprendre de nouvelles choses», d’autre part, étaient cités comme des moteurs premiers, ces arguments ont cédé la place à «la rémunération et autres avantages» et le fait de «travailler avec une bonne équipe ou un bon manager».

Autrement dit, la pandémie a fait passer l’intérêt pour le métier au second plan, derrière la rémunération et l’ambiance de travail.

Des rémunérations qui sont restées globalement stables ces derniers mois. Seulement 15% des personnes interrogées rapportent une baisse de rémunération liée aux répercussions de la crise sanitaire. 8% ont également vu baisser leurs revenus, mais «pour d’autres raisons». Des baisses qui ont touché davantage les analystes couvrant les entreprises (24%), et les consultants, économistes, professeurs et chercheurs (20 à 21%). Seuls 13% des traders et 12% des gérants d’actifs et des commerciaux ont subi une baisse de revenus. La majorité d’entre eux espèrent retrouver rapidement leur niveau de rémunération antérieur.

La prévalence d’un modèle hybride

Ce qui risque de perdurer, ce sont les habitudes de travail prises ces derniers mois.

Pour le CFA Institute, les conséquences de l’expérience forcée du travail à distance, les leçons apprises en cours de route et les changements sociaux dans les attitudes des travailleurs – «les effets à long terme du Covid sur le secteur» – ouvrent la voie à de nouvelles méthodes de travail.

Ainsi, le télétravail partiel est appelé à devenir la norme. 81% des professionnels veulent ainsi continuer à travailler en partie à distance. 53% estiment que cela a augmenté leur productivité contre 20% qui considèrent que le télétravail leur a fait perdre en efficacité. Fait notable, la productivité n’est un sujet que pour 17% des entreprises consultées. Probablement parce que la structure même de l’activité se prête bien à une organisation du travail hybride. Si le secteur financier a bien résisté au Covid, c’est parce qu’il a pu basculer son activité dans le digital sans difficulté majeure.

Les entreprises sont donc logiquement aussi favorables au modèle hybride à 77%, contre 15% avant la pandémie.

Ce qui va poser de nouveaux défis. «Il y a un risque, dans ces environnements et cultures de haute performance, que le temps passé loin du bureau et des collègues affaiblisse la loyauté», pointe ainsi le rapport.

Les entreprises cherchent désormais à s’adapter à cette nouvelle donne.

Les changements les plus visibles seront dans les secteurs de la communication et de la gestion client. Les déplacements seront réservés pour des cas très spécifiques, comme lorsque des décisions stratégiques doivent être arrêtées. Certains gestionnaires d’actifs ou consultants envisagent d’ailleurs de facturer ces rencontres ou tout au moins de s’en servir comme éléments différenciateurs face à la concurrence.

Le CFA Institute estime également que face au risque compliance que représente une utilisation accrue des technologies digitales, les régulateurs vont renforcer leur surveillance concernant les business models et les questions de confidentialité des données.