Le Luxembourg a surtout perdu cinq places dans le classement du «capital humain», alors qu’il y progresse dans cinq des six critères. Seul pèche le nombre de diplômés en ICT. (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg a surtout perdu cinq places dans le classement du «capital humain», alors qu’il y progresse dans cinq des six critères. Seul pèche le nombre de diplômés en ICT. (Photo: Shutterstock)

Le ministère de la Digitalisation a annoncé que le Luxembourg a perdu une place à l’indice européen relatif à l’économie et à la société numériques (Desi). Il n’est plus que 10e contre… 6e l’an dernier. Parce que le classement a été bricolé.

«La Commission européenne vient de publier la septième édition de son rapport annuel relatif à l'économie et à la société numériques: le Digital Economy & Society Index (Desi). Le Luxembourg y figure à la 10e place sur les 28 pays analysés. Bien que perdant une place au classement général par rapport au Desi 2019, le Luxembourg enregistre de bons résultats pour ce qui est des services publics numériques», se félicitait, le 11 juin, le ministère de la Digitalisation.

À la 14e place sur ce chapitre, le Luxembourg réalise son meilleur score depuis que cet index européen existe. C’est dû, selon le communiqué, «principalement aux services publics numériques pour les entreprises, obtenant un score de 99 sur 100 contre une moyenne européenne de 88. La performance globale du Luxembourg sur les services publics numériques a ainsi connu une progression plus rapide que la moyenne de l'UE28. Le Luxembourg se démarque également en ce qui concerne les formulaires en ligne pré-remplis.»

En fait, le Luxembourg n’était pas le 16e, mais 17e pays européen l’an dernier. La Commission européenne a introduit de nouveaux critères dans les cinq classements qui composent cet index et a ensuite recalculé la performance de chaque pays, pour l’an dernier, à la lumière de ses nouveaux critères.

Trois critères disparus entre 2019 et 2020

Sur ce chapitre caractéristique, caractéristique parce qu’il enregistre année après année les moins bons résultats du Luxembourg, trois indicateurs ont disparu du paysage, «Services de santé en ligne», «Échange de données médicales en ligne» et «Ordonnances électroniques». Ce dernier point était, par exemple, particulièrement problématique pour le pays puisque seuls 14% des généralistes établissaient une ordonnance électronique, contre 50% au niveau européen.

Les conclusions que le ministère ne reprend pas dans sa communication sont évidemment moins «roses». Ainsi, dit le bilan de la Commission européenne, «le niveau d’interaction en ligne entre les autorités publiques et les citoyens est limité. Seuls 58 % des internautes luxembourgeois ont activement recours aux services d’administration en ligne (ce qui est nettement inférieur à la moyenne de l’UE, qui est de 67%).»

Le Desi est une note composée de cinq chapitres: Connectivité (25%), Capital humain (25%), Utilisation d’internet (15%), Intégration technologique (20%) et Digitalisation des services publics (15%). Ce dernier n’est pas le seul qui ait été mis à jour. C’est aussi le cas de la connectivité (de la 2e à la 3e place), de l’utilisation d’internet (de la 6e à la 12e)… tandis que le Luxembourg perd des places là où rien n’a changé.

Streaming et ventes en ligne trop limités

Troisième l’an dernier au niveau du capital humain, le Luxembourg n’est plus que le huitième pays européen avec les mêmes six critères. Il progresse sur cinq des six critères, seul le nombre de diplômés en ICT rechute. La Commission européenne encourage le Luxembourg à poursuivre ses initiatives sur l’enseignement du code à l’école, sur l’apprentissage de l’intelligence artificielle ou encore sur l’inclusion dans l’initiative menée par Wide et, partant de là, à définir sans tarder les plans nationaux autour de ces sujets.

L’autre recul spectaculaire est celui dans le domaine de l’utilisation d’internet, où le pays passe de la 6e à la 12e place en Europe.  Si pour la plupart des 13 critères, le Luxembourg obtient des résultats conformes aux années précédentes, ils sont «relativement faibles en ce qui concerne les utilisateurs qui visionnent des vidéos à la demande (24%), écoutent de la musique ou jouent à des jeux (72% seulement utilisent internet pour ces activités). En outre, relativement peu d’utilisateurs vendent leurs produits ou services en ligne (16% contre une moyenne de l’UE de 23%).»