Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne / Archives)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne / Archives)

Chaque semaine, Paperjam vous propose le regard d’un chef économiste d’une institution bancaire ou financière sur l’actualité des marchés et de l’économie. Aujourd’hui, Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux, analyse les indicateurs conjoncturels.

Comme en deuxième partie de chaque mois, les indicateurs conjoncturels ont commencé à être publiés cette semaine. Compte tenu de leur dégradation au cours de cette année et des incertitudes qui pèsent sur la croissance économique dans les prochains mois, on y est particulièrement attentif pour le moment.

D’une part, aux États-Unis, l’indice d’activité de la Fed de Philadelphie, qui est considéré comme un bon indicateur de l’activité industrielle, s’est légèrement redressé en novembre. Mais au-delà de l’évolution mensuelle, la tendance générale en dit davantage. L’indice avait connu son sommet en mai 2018, à l’indice 32,3. Il s’est ensuite globalement dégradé, pour atteindre un minimum de -4,1 en février de cette année.

L’indice du secteur manufacturier de la zone euro s’est un peu redressé.
Philippe Ledent

Philippe Ledentsenior economistING Belux

Depuis, il a certes connu des hauts et des bas, mais fondamentalement, on peut observer une tendance positive. Le revirement brutal de la politique monétaire américaine, qui, ne l’oublions pas, a mené à trois baisses de taux en 2019, mais aussi une très légère détente des tensions commerciales sont probablement responsables de cette évolution.

D’autre part, en zone euro, les indices PMI, qui reflètent également le cycle de l’activité dans les différents secteurs de l’économie, ont fourni des éléments intéressants. Tout d’abord, l’indice du secteur manufacturier de la zone euro s’est un peu redressé. Après les lourdes corrections de l’indice cette année, le regain de vigueur en novembre laisse au moins entendre une stabilisation dans ce secteur.

Même s’il se redresse un peu, l’indice du secteur manufacturier demeure à un niveau inférieur à sa moyenne historique.
Philippe Ledent

Philippe Ledentsenior economistING Belux

Le contraire aurait clairement reflété une récession imminente. Malheureusement, il s’agit de l’unique bonne nouvelle apportée par les indices PMI. En effet, même s’il se redresse un peu, l’indice du secteur manufacturier demeure à un niveau inférieur à sa moyenne historique, reflétant une situation qui reste difficile. De plus, l’indice du secteur non manufacturier s’est quant à lui replié, ce qui laisserait entendre que la faiblesse du secteur manufacturier commence à percoler dans le reste de l’économie.

En bref, les indices de conjoncture publiés cette semaine soufflent le chaud et le froid. En étant très optimistes, ils tendent à confirmer que la situation économique se stabilise, à un niveau de croissance certes faible, mais toujours positif. Mais plus raisonnablement, il faudra d’abord que, dans les prochains mois, d’autres indicateurs viennent étayer les quelques bonnes nouvelles publiées cette semaine avant de considérer qu’effectivement, nous sommes proches du point bas du cycle économique. Par ailleurs, le fait que les indicateurs conjoncturels continuent d’évoluer de manière divergente confirme au moins une chose: 2020 sera une année en demi-teinte sur le plan économique.