Les gens doivent apprendre à parler du cancer, considère Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer . (Photo: Claude Piscitelli)

Les gens doivent apprendre à parler du cancer, considère Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer . (Photo: Claude Piscitelli)

À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce 4 février, la Fondation Cancer lance une campagne visant à aider les personnes à parler de la maladie. 

Le cancer est l’une des principales causes de décès au Luxembourg – environ 1.100 décès par an – et 3.000 cas sont diagnostiqués chaque année. Vous lancez, ce 4 février, une campagne sur la manière de parler du cancer. Pourquoi ce thème est-il au centre de vos préoccupations, cette année?

. – «Parler du cancer est difficile, pour le patient, qui reçoit ce diagnostic et doit l’annoncer, mais aussi pour son entourage, son partenaire, ses enfants et ses amis. C’est pourquoi nous avons demandé à des malades ou anciens malades du cancer de nous dire ce qui les a aidés, ce qui les a mis en colère, ce qu’ils auraient été heureux d’entendre. Les malades du cancer disent souvent qu’au bout d’un certain temps, ils n’ont plus de nouvelles de leurs amis. Et je pense que c’est parce que les gens ne savent pas comment leur parler, quoi dire, comment trouver les bons mots. Mais c’est important pour que les malades du cancer ne se retrouvent pas seuls.

L’année dernière, vous avez averti que des cas pourraient ne pas être diagnostiqués en raison de la pandémie, qui limite l’accès aux services de santé. Comment la situation a-t-elle évolué depuis?

«Pour 2020, nous avons pu clairement constater qu’il y avait un retard, avec 10% de diagnostics en moins, qui ont ensuite été délivrés vers la fin de l’année. L’année dernière, il n’y a pas eu de blocage. Il y a probablement eu des retards aussi, mais nous n’avons pas encore de données.

Environ 40% des cas de cancer pourraient être évités grâce à un mode de vie sain.
Lucienne Thommes

Lucienne Thommesdirectrice Fondation Cancer

Pour les patients, dont le système immunitaire est compromis, quelle est votre impression sur la façon dont ils font face à cette situation, qui dure déjà depuis si longtemps?

«C’est incroyablement difficile pour les patients atteints de cancer. Ils ont peur, leurs proches ont peur de l’infection, surtout avec ce nouveau variant qui est plus transmissible. Ils sont beaucoup plus isolés qu’ils ne l’étaient déjà auparavant. L’anxiété augmente, les gens en ont assez, ils sont déprimés… comme nous tous. Mais leur situation est différente. Ils doivent aller à l’hôpital, passer leurs examens médicaux et tout le reste. Les tests, l’attente. Tout est plus difficile.

La fondation apporte un soutien gratuit aux patients et aux familles, mais il faut aussi de l’argent. Les deux dernières années ont-elles été difficiles en matière de collecte de fonds?

«Je dois dire que nous sommes fiers que les gens continuent à nous soutenir et à soutenir les patients atteints de cancer, même si nous n’avons pas pu organiser beaucoup d’événements. Cela inclut les campagnes de prévention, qui sont importantes pour nous, en allant dans les entreprises ou les écoles. En ce qui concerne la collecte de fonds, nous nous en sortons bien. Les gens étaient pleins de solidarité.

Pour la prévention, la fondation a lancé le Sober Buddy Challenge et fournit des ressources pour arrêter de fumer. Combien de cas de cancer au Luxembourg peuvent être évités?

«Environ 40% des cas de cancer pourraient être évités grâce à un mode de vie sain. Cela signifie également que 60% ne peuvent être esquivés. Mais ce n’est pas comme si nous ne pouvions rien faire pour réduire notre risque de cancer. Il existe un qui énumère 12 mesures à prendre, qu’il s’agisse de manger sainement, de faire de l’exercice ou de se soumettre à un dépistage du cancer.

Tout le monde sait qu’un mode de vie plus sain contribue à prévenir le cancer. À votre avis, pourquoi les gens ont-ils du mal à passer à l’action?

«C’est une question d’habitude. Rien n’est plus difficile que de changer ses habitudes. Nous voulons des résultats rapides lorsque nous faisons un effort, mais la prévention du cancer est quelque chose qui s’inscrit dans la durée. Il ne s’agit pas seulement de ce que vous pouvez faire, c’est aussi une question de politique. Le choix sain doit être le choix facile. Il faut créer un environnement qui permette aux gens de le faire facilement.

En ce qui concerne le Sober Buddy Challenge, le principal problème est de faire prendre conscience aux gens que l’alcool est le deuxième facteur de risque de cancer le plus courant. Beaucoup de gens ne le savent pas. Le tabac est différent, tout le monde le sait. Mais l’alcool sera la prochaine bataille.

La Commission européenne a un . Celui-ci prévoit également pour les cigarettes et l’alcool. Que devrait faire le Luxembourg dans ce domaine?

«Pour le tabac et l’alcool, le plus efficace est que les taxes soient élevées, surtout pour que les jeunes ne commencent pas. Le prix de notre tabac est dérisoire par rapport à d’autres pays. Il ne s’agit pas seulement du prix, mais aussi du niveau de vie. Avec le salaire minimum ici, vous travaillez environ une demi-heure pour payer un paquet de cigarettes. En Irlande, c’est une heure et demie. Les prix doivent augmenter. Il est inadmissible qu’une boisson non alcoolisée soit plus chère qu’une boisson alcoolisée.

S’il y a une chose que les gens devraient faire en cette journée mondiale contre le cancer, quelle serait-elle?

«Dans le cadre de notre campagne, je dirais que nous connaissons tous quelqu’un qui a un cancer – dans notre famille proche ou plus éloignée. Soutenez ces personnes, parlez-leur, offrez-leur votre aide. C’est extrêmement important pour les malades du cancer.

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.