Romain Swertvaeger, Senior Manager, EY Luxembourg  ( EY Luxembourg ) 

 Romain Swertvaeger, Senior Manager, EY Luxembourg  ( EY Luxembourg ) 

La crise sanitaire que nous traversons a profondément bouleversé nos modes de vie, qui pouvaient nous sembler acquis, mais aussi la manière dont nous appréhendons nos interactions sociales et nos habitudes de consommation.

Les acteurs du e-commerce ont connu une augmentation de leurs ventes en mars et avril, comparables à un mois de décembre, avec un taux de croissance de plus de 30%. Ceci s’est également traduit par une utilisation différente des moyens de communication et d’interactions existants afin de préserver le lien social pendant cette période de confinement.

Modes de consommation et moyens de paiement : impacts

Cette situation actuelle, inédite, va encore accélérer le processus d’innovation, pour faciliter notre adaptation à un nouveau mode de vie, qui implique le respect d’une distanciation sociale, et vraisemblablement pour au moins quelques années. Certaines solutions dites de « self check-out » sur « smartphone », les solutions de paiement biométriques utilisant les empreintes digitales et de reconnaissance faciale via les systèmes « Smile to Pay », ou bien encore les solutions de paiement en un clin d’œil, via le scan de la rétine et basées sur des systèmes de réalité virtuelle, vont accélérer leur développement. De nouveaux modes de consommation encore balbutiants à l’image des supermarchés sans caisse - shopping centers en réalité virtuelle (« VR ») - mais aussi via les assistants personnels virtuels, vont ainsi émerger. Par ailleurs, cette métamorphose accélérera le développement d’une société sans liquide promue et souhaitée par de nombreux acteurs privés ou publics depuis quelques années.

Qui profitera de cette nouvelle tendance ?

De prime abord, il semblerait logique de considérer que les acteurs technologiques et du e-commerce seront encore les seuls grands gagnants au regard de l’importance des défis du secteur bancaire qui requièrent de facto plus de temps à relever. Cette crise doit être vecteur d’opportunités, de manière à inverser la tendance pour les banques et accélérer leur transformation digitale ainsi que l’amélioration de l’expérience utilisateur dans un secteur financier en cours de mutation. L’accès aux données clients ou encore l’intelligence artificielle sont clés en termes de développement de nouveaux moyens de paiements, mais aussi de financement à court-terme de la part des petits commerçants. Cela est cependant possible grâce aux acquisitions et partenariats accrus avec les Fintechs qui, dans un tel contexte, auront besoin plus que jamais de financements externes - autres que ceux provenant de fonds « VCs » par exemple - afin de favoriser la digitalisation et le développement de la banque de demain.

Une réinvention nécessaire

La crise actuelle accélèrera un changement déjà amorcé et verra peut-être émerger les géants de demain appelés à maîtriser à la fois « big data » et intelligence artificielle, tout en obligeant, en outre des banques ou certains acteurs du secteur, tels que les « start-ups » et « scale-ups » spécialisées dans les transactions de paiement via PoS (« point of sales ») par exemple, à réorienter leur « business model » en faveur d’activités davantage « online ».

Cette crise comme chaque crise apportera son lot d’opportunités et bénéficiera à ceux qui sauront en profiter et... innover!

Romain Swertvaeger

Senior Manager, EY Luxembourg