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10 questions à un hebdo. Qui change de nom mais pas de couleur.

Il restera le seul journal sans hiérarchie. Si le "Gréngespoun' s'est métamorphosé en WOXX après douze années d'existence, cela représente surtout un sérieux changement de look, mais pas tellement une remise en question des principes de gestion interne. A savoir que tout le monde y a sa responsabilité, mais personne ne se fait appeler "patron'. Pourquoi alors avoir  voulu à tout prix se donner un nouveau look? Le baba et l'écolo désireraient-ils  soudain s'offrir un sérieux lifting, ou les sympathisants du journal ne seraient-ils plus les mêmes? Nous avons voulu en avoir le c'ur net. Pour cela, nous avons rencontré une des coordinatrices de WOXX. Danièle Weber a répondu à nos questions, parfois un peu mordantes, sans perdre le sourire. Qui a dit que les alternatifs n'avaient pas le sens de l'humour?

Vous comptez toujours au sein de votre rédaction deux députés verts et pas mal de sympathisants du parti. Pourquoi alors vouloir vous distancer en public de celui-ci? Stratégie marketing pour pouvoir se vendre à un public plus large?

D.W.: La proximité du "Gréngespoun' avec le parti vert n'a jamais été aussi évidente que la réputation qu'on nous fait. Il n'y a d'ailleurs personne au parti vert qui nous téléphonerait pour que nous changions de point de vue sur l'un ou l'autre problème, et pas mal de sympathisants du parti ont du mal à accepter certains de nos avis. Nous n'avons par exemple pas hésité à critiquer Jupp Weber il y a quelques années, ce qui nous a rapporté de sérieuses antipathies de certains écologistes.

Toute l'image extérieure du journal ne collait donc pas vraiment à la réalité dès le départ. Même si le côté marketing n'a pas été sans importance dans notre décision, nous voulions avant tout pouvoir nous adresser à une cible élargie, et ainsi dialoguer avec des gens qui partagent nos idées sans pour autant être des militants "verts". C'est donc tout simplement une conséquence logique dans notre évolution que d'avoir pris ce virage.

A l'avant-première organisée par vos soins à l'Utopolis, vous avez déclaré ne plus vouloir être affiliés à une culture "müsli". Est-ce à dire que ce petit cachet que vous sembliez cultiver comme une coquetterie pendant des années, est devenu définitivement ringard'  Avez-vous aussi pêché par goûts de mode? Même si celle-ci était une mode alternative, avouez que c'était un effet très "tendance"?

D.W.: Avec le "müsli", c'est comme avec les tangs. Tout ça, nous le devons avant tout au Feierkrop qui semblait être persuadé qu'il fallait avoir ce look pour être admis au sein de notre rédaction Ce qui n'a jamais été le cas. Tout comme beaucoup de nos collaborateurs ne mangent jamais de müsli. Je suis prête à admettre que néanmoins il y a une sorte d'évolution dans nos styles de vie. Comme dans la mode. Et que veut dire "alternatif" au fait? Chacun en a son image bien précise, qui ne correspond pas forcément à la mienne ou à la vôtre. Certaines tendances se sentent d'office faire partie du mouvement dit alternatif. Tout ce qui est de nature ésothérique p.ex., mais nous avons d'emblée décidés de nous en distancer.

Le journal ne se fait plus avec une douzaine d'idéalistes qui s'amusent de façon un peu chaotique la nuit, mais avec des journalistes professionnels. Il s'agit donc d'adapter suivant les besoins. Je ne dirai pas que l'époque où tout était encore plus improvisé fut moins bonne, mais cela appartient au passé.

Monter sur une mini-échelle pour diffuser son speech lors d'une cérémonie officielle, n'est-ce pas continuer à afficher  justement ce côté dit "muesli", lire "naïvement anarchiste"?

D.W.: Pas du tout. Nous restons "l'autre" hebdo. Ce qui veut dire que le côté officiel avec des serveurs en n'uds pap' n'est pas tellement ce qui nous plait le plus. La réception à l'Utopolis était par conséquent un sacré compromis auquel nous avons souscrit par manque de temps. Si nous avions eu l'occasion de préparer nous mêmes une fête, cela se serait passé de façon beaucoup plus décontractée. Habitués à travailler avec les moyens du bord pour des choses de moindre importance, l'utilisation d' une escabelle pour se faire entendre là où il y aurait eu problème sans ce moyen de secours nous a donc paru une bonne solution.

Ne pensez-vous pas que vouloir se distinguer d'un parti et continuer à adapter dans tous ses lay-outs la couleur qui le distingue (c'est à dire la verte) risque de faire sourire dans les chaumières?

D.W.: Cela fut clair pour nous dès le départ que nous allions garder ce coloris. D'abord parce que nous n'avions nulle intention de casser totalement avec notre passé. Comme il s'agit d'une évolution dans la continuité, la couleur fut un bon moyen de conserver ce lien. Par ailleurs, la raison est bêtement technique, mais chaque personne travaillant dans ce genre de métier saura que la couleur verte est facile à adapter en matière de print. Ce qui est beaucoup moins facile avec l'orange ou le violet, autres coloris qui auraient pu nous séduire.

Vous affirmez dans votre texte de presse que vous continuez à travailler avec des moyens modestes. A considérer votre campagne, on est tenté de vous demander quel en était le budget?

D.W.: Je dois vous avouer ne pas connaître le montant exact du budget global. Bien entendu, il était un peu au-dessus de nos moyens. Mais vous le savez aussi bien que moi, lorsqu'on tente un coup de poker, il s'agit de faire des sacrifices. On ne peut pas, du jour au lendemain, changer le nom d'un produit sans le communiquer convenablement. Attendons. L'input devrait se révéler satisfaisant dans quelques mois.

Plusieurs insertions avec des déclinaisons changeantes dans tous les médias, spots radio et clip cinéma, ne trouvez-vous pas l'ampleur de cette campagne un peu disproportionnée par rapport à la modestie des changements dans l'intérieur du journal, une fois la page de couverture tournée?

D.W.: Nos conseils en communication nous ont fait savoir clairement que ce que nous avons engagé était vraiment un investissement basique sans lequel une action de cette ampleur aurait été ridicule. C'est aussi notre opinion. D'autant plus que cette campagne n'est pas si énorme. Nous avons juste bien concentré la publication sur une courte durée et de façon groupée. Si vous comparez notre campagne avec celle qui a été engagée pour le lancement du Jeudi p.ex., la notre est tout à fait dérisoire.

On aurait d'ailleurs envisager depuis longtemps une telle action pour le Spoun, car il ne s'est jamais assez fait connaître à grande échelle.

Pourquoi finalement avoir opté pour le nom de "Woxx"? Coup de pub' , de mode, ou y a -t-il vraiment une symbolique derrière ces quatre lettres?

D.W.: Ce n'est pas un vrai message, mais plutôt une envie d'utiliser un mot neutre qui n'est pas lié à une certaine tendance. WOXX restera plus inusable que "Gréngespoun' qui se rapprochait trop d'un certain style de vie. Démarrer le nom par un "W" nous semblait logique parce que nous voulions au départ l'appeler simplement "Wochenzeitung" (hebdo), ce qui nous parut trop long. Et trop difficile pour un lectorat francophone. "Vox" signifiant aussi "voix" en latin, le résultat final était donc la solution la plus convaincante. Nous aurions aimé aussi "Wotz", mais ce nom était déjà pris par un journal suisse.

Dans vos explications du contenu, vous nous dites de quoi il se compose maintenant, moins ce qui a réellement changé par rapport à l'ancien. Quels sont pour vous les changements marquants?

D.W.: Il n'y a pas de grands changements dans la partie politique, à part la page "Citizen' qui présentera surtout des ONG ainsi que des news du monde associatif. Si le journal ne change pas énormément dans sa ligne, c'est peut-être plutôt l'optique qui a changé. Et l'extension vers des domaines comme les nouveaux médias, absents jusqu'à présent, et que nous rajoutons dans les pages "Voices". Ce qui est nouveau aussi, c'est le chapitre "Kultur Direkt", qui est réservé à nos artistes. Nous ne vous divulguerons pas encore ce que vous pourrez y trouver, mais le champ de cette page sera très vaste, et pourra aller de la bédé à la photo, en passant par la poésie, la peinture ou autre moyen d'expression.

Nos pages agenda sont désormais aussi beaucoup plus complètes, et nous nous vouerons aussi au "lifestyle", pour donner des renseignements sur les restaus, les services et, pourquoi pas, les jardins ou la scène "bio".

Votre site est en quelques sortes encore en construction. Néanmoins, lorsqu'on y lit un des premiers sujets, il traite à nouveau la politique de l'environnement dans tous les sens. Trouvez-vous que ce sera facile pour vous de vous distancer du parti vert, alors que vous débutez un site internet en axant à nouveau principalement sur le petit dada d'un parti?

D.W.: Nous ne renions pas rester fidèles aux thèmes écologiques, tout comme nous ne renions pas notre passé. De ce fait, nous donnerons toujours une assez grande importance à ce sujet qui n'est convenablement traité dans aucun autre journal. Certains lecteurs nous critiquent par exemple ouvertement de ne pas donner plus de volume au sujet de l'environnement. Mais comme le social semble dominer de loin le devant de la scène en ce moment, il est clair que tous les sujets en rapport avec ce volet connaîtront eux aussi une attention particulière de notre part.

Vous bénéficiez des services Wap'  Est-ce une autre façon de se mettre au goût du jour, et quels services Woxx trouvera-t-on exactement sur son portable?

D.W.: Tout ce qui est électronique fait partie de l'évolution naturelle du marché. Ce qui en fait une nécessité. Pour nous aussi cela représente un bon stimulant. Suivant la résonnance du public, il faudra encore plus développer la communication à ce niveau. Nous mêmes utilisons beaucoup tout ce qui est interactif, car on peut s'imaginer de très belles choses de cette manière. Comme par exemple une collaboration plus intense avec des supports étrangers.

Pour en revenir sur le "Wap" lui même, ce service nous a été offert par la société qui signe aussi la mise en place de notre site internet (XYZ). Pour l'instant nous nous limiterons surtout à y publier l'agenda. L'avenir nous dira comment développer?