David Seban-Jeantet, responsable de la gestion au sein de la Société Générale Private Wealth Management. (Photo: Société Générale Private Health Management)

David Seban-Jeantet, responsable de la gestion au sein de la Société Générale Private Wealth Management. (Photo: Société Générale Private Health Management)

La baisse continue des taux d’inflation constatée ces dernières années dans les économies développées, combinée à une reprise économique atone a fait craindre l’entrée dans une phase de «stagnation séculaire», car les périodes de faible inflation s’accompagnent souvent d’une croissance économique molle. De plus, la faiblesse de l’inflation contribue à la montée des inégalités car l’inflation joue généralement un rôle de redistribution des richesses dans la mesure où elle a un effet érosif sur le pouvoir d’achat du patrimoine.

L’année 2017 devrait toutefois être caractérisée par un changement structurel avec une sortie probable de cette longue phase de désinflation laissant place à une reprise, au moins graduelle, de l’inflation. Cette nouvelle tendance se voit renforcée par l’élection de Donald Trump et le «Policy Mix» de la nouvelle administration américaine.

Quels sont les principaux déterminants de l’inflation?

Le courant de pensée monétariste établit que l’inflation est d’abord un phénomène monétaire, explicitant une relation directe entre le taux d’inflation et le taux de croissance de la masse monétaire; c’est la fameuse «identité» décrite par l’économiste américain Irving Fisher. Dans cette perspective, les politiques d’injection de liquidités menées par les grandes banques centrales auraient dû aboutir à une relance de l’inflation, or ces politiques monétaires expansionnistes n’ont pas permis d’atteindre l’objectif d’inflation.

Ce cadre d’analyse a toutefois été complété, indiquant que l’inflation est également un phénomène réel. C’est ici la faiblesse de la demande et les surcapacités induites qui affectent les mécanismes de formation des prix. De plus, l’avènement de l’économie digitale et du commerce en ligne réduit les barrières à l’entrée, ce qui contribue à exacerber la concurrence par les prix et à réduire ainsi directement le niveau d’inflation.

Au-delà de cette explication structurelle, la baisse de l’inflation a également été provoquée par un facteur conjoncturel, à savoir l’effondrement des prix des matières premières à partir de 2014. Le baril de pétrole brut est en effet passé de plus de 100 dollars à l’été 2014 à moins de 30 dollars au début de 2016. Le taux de croissance des prix à la consommation a stagné à un niveau quasi-nul en 2015 et n’a esquissé un rebond que très récemment.

Vers une reprise graduelle de l’inflation

À l’orée de 2017, les perspectives d’un retour de l’inflation semblent toutefois se dessiner, rassurant économistes et investisseurs.

Sur le plan économique tout d’abord, la relance budgétaire prend le relais des multiples stimuli monétaires. La nouvelle administration américaine devrait s’engager dans un programme massif de dépenses d’infrastructures tout en baissant les impôts. L’économie américaine étant proche du plein emploi, cette relance devrait s’accompagner de poussées inflationnistes. Cette politique s’accompagnera d’un certain degré de protectionnisme qui constituera une entrave à la libre formation des prix. D’autres grands pays, le Japon notamment, s’engagent par ailleurs dans des politiques similaires.

Sur le front des matières premières, les derniers accords de l’Opep permettent d’envisager un retour à l’équilibre sur le marché du pétrole de nature à soutenir les prix.

Enfin, la capacité des banques commerciales à augmenter l’offre de crédit devrait s’améliorer alors qu’elle avait jusqu’alors été contenue par l’accroissement des normes prudentielles.

Il apparaît donc que le niveau d’inflation devrait rebondir et s’approcher, s’agissant de la zone euro, de l’objectif de la banque centrale. Un rebond des anticipations d’inflation pose les fondations d’une reprise économique plus vigoureuse et permettant une meilleure redistribution des richesses. Cette nouvelle donne devrait inciter à une certaine vigilance en matière d’allocations d’actifs.