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 (Photo: Banque internationale de Luxembourg)

Le statu quo sur le plan de la politique monétaire a été maintenu malgré les progrès économiques significatifs réalisés par le Japon. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment pris acte de ces progrès en saluant la réussite de la politique économique du gouvernement Abe, estimant que le Japon a enfin fait le nécessaire pour stimuler son économie et qu’il ne lui reste plus qu’à attendre que l’inflation redémarre. La Banque du Japon a indiqué qu’elle ne relèverait ses taux que lorsque l’inflation aura dépassé 2% et restera «durablement supérieure à l’objectif».

Même s’il est peu probable que l’inflation atteigne l’objectif de 2% d’ici la fin du mandat du gouverneur actuel de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, en avril 2018, le fameux problème de «déflation» dont souffre le Japon n’est somme toute pas aussi grave que M. Kuroda ou le Premier ministre Shinzo Abe semblent le croire. Le Japon enregistre en effet sa plus longue période d’expansion économique depuis une décennie.

Le marché de l’emploi s’est resserré et le taux de chômage n’est plus que de 2,8%. Dans ces conditions, il devient plus difficile de justifier la politique monétaire extrême menée, que ce soit en achetant pour 6.000 milliards de yens d’ETF (exchange traded funds, fonds négociés en bourse) par an, en s’efforçant de maintenir le rendement des obligations du gouvernement japonais à 10 ans à 0% ou en conservant un bilan de la banque centrale de la taille du PIB.

Dans la mesure où d’autres banques centrales envisagent de rompre avec l’assouplissement monétaire, la politique expansionniste de la Banque du Japon laisse entrevoir une nouvelle baisse du yen face au dollar US et, en particulier, face à l’euro. Compte tenu de l’étroite corrélation entre le taux de change USD/JPY et le marché des actions, une dépréciation du yen est de nature à faire grimper les cours des actions. Autre facteur positif pour les investisseurs institutionnels: les signes tangibles d’amélioration de la gouvernance d’entreprise, que ce soit par la multiplication des rachats d’actions ou la hausse des ratios de distribution des dividendes.

En outre, les investisseurs individuels japonais sont vendeurs nets depuis maintenant cinq ans. Dans la mesure où les principaux indices d’actions restent nettement en deçà de leurs plus hauts historiques de 1989, il n’est pas étonnant que les petits porteurs conservent un biais baissier. Dans le même temps, il convient de reconnaître le potentiel de demande latente pour les actions, si les investisseurs japonais prennent soudainement conscience du fait que la tendance des marchés s’est inversée et est désormais haussière. Pour l’heure, il est plus probable que les investisseurs étrangers se positionnent à l’achat cette année, après avoir été vendeurs nets en 2016.

La politique accommodante de la Banque du Japon, la perspective d’un nouvel affaiblissement du yen, l’atténuation de la pression déflationniste, la poursuite des rachats d’actions, la hausse des bénéfices et de leur taux de distribution, ainsi que les valorisations raisonnables sont autant de facteurs qui laissent présager une hausse des actions japonaises. Toutefois, les investisseurs étrangers feraient bien de couvrir leur risque de change sur le yen à titre de précaution.

Par Yves Kuhn, Chief Investment Officer, à la Banque internationale à Luxembourg.