Shahram Agaajani (Metaform) : « C’est ce côté ludique et auto-dérisoire qui a sans doute séduit autour de nous.» (Photo : Metaform)

Shahram Agaajani (Metaform) : « C’est ce côté ludique et auto-dérisoire qui a sans doute séduit autour de nous.» (Photo : Metaform)

Monsieur Agaajani, en quoi consiste ce concours ? En quoi est-il important ?

« D’une certaine façon, ce n’est pas quelque chose de très important pour nous, car il n’y a ni projet, ni argent à la clé. Il n’y a pas de véritable valeur d’ordre critique. Cela dit, Archdaily est un site new-yorkais de référence pour l’architecture. C’est même le plus populaire du monde, avec, selon eux, 200.000 visiteurs par jour et 350 millions de pages vues en 2011. C’est donc très important, car c’est une référence pour tous les ateliers d’architecture dans le monde, pour les graphistes, pour les ingénieurs, pour tout le monde finalement. Cela tend à devenir une gigantesque encyclopédie sur l’architecture. Tous les bureaux d’architecte veulent voir leur projet figurer sur ce site. En outre, malgré sa grande taille, il garde un esprit très familial et très jeune. Dès qu’un projet est fini, on leur transmet des informations. Cela représente une énorme porte ouverte sur le monde.

Est-ce la première fois que vous participez au concours ? Comment fonctionne-t-il ?

« Le concours existe depuis 2009. Cette année, environ 3.000 projets étaient en course, dont plus de 650 dans la catégorie 'résidentiel'. Nous sommes aujourd’hui dans la short list des cinq finalistes. L’année dernière, nous avions déjà participé et avions gagné dans la catégorie 'public facilities' avec la passerelle, à la gare d’Esch-sur Alzette. Cela nous a apporté une visibilité incroyable, un impact énorme. C’était la première fois qu’un bureau luxembourgeois était nominé.

Pouvez-vous nous décrire ce projet et nous dire en quoi vous avez des chances de l’emporter ?

« Je ne sais pas mais ce qui m’impressionne, c’est de voir qui sont les autres finalistes de notre catégorie. Il y a notamment deux immenses projets, l’un à Vienne, l’autre à New York, réalisés par de très grands bureaux, comme KPF ou 24H architecture. Et nous, avec notre petite quinzaine de salariés, nous sommes en course avec un immeuble de seulement quatre appartements. Nos chances sont donc a priori réduites, car ce sont les gens qui votent sur Internet. Certains de ces bureaux ont assez de salariés (parfois plus de 200) pour peser dans la balance. Pour ce qui est du projet en lui-même, je l’expliquerais comme ceci : l’architecture seule n’a plus assez de force pour s’affirmer, pour se mettre en avant, convaincre. En effet, l’architecture est confrontée à une réalité économique, des contraintes statiques, à des fautes de goût, d’éducation, etc. Elle doit donc trouver un support différent de l’architecture, par exemple l’ingénierie. Pour ce bâtiment, nous avons eu le soutien de Sumo, qui fait des graffitis. Alors que les graffitis sont aujourd’hui considérés comme une maladie qui mine les grandes villes, je suis d’avis qu’on peut en tirer les aspects positifs. C’est ce côté ludique et auto-dérisoire qui a sans doute séduit autour de nous. Car ce travail valorise quelque chose qui est communément banni. »