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Malade et fragile, le Pont Adolphe a besoin d'un traitement urgent. Et ne se contentera pas de doses homéopathiques. Ce sera donc l'opération, d'envergure. Démonté puis reconstruit à l'identique, l'un des symboles de la Ville abritera en son sein une armature de béton armé. Pendant les travaux, qui devraient durer deux ans, un pont, sans doute provisoire, sera jeté au-dessus de la Vallée de la Pétrusse.

Les signaux d'alarme sur l'état d'affaiblissement du Pont Adolphe, qui relie le quartier de la gare à la Ville haute depuis 1903, étaient apparus depuis une dizaine d'années. Des travaux de stabilisation des arcs fissurés avaient été menés dès septembre 2003, mais la rupture et la chute d'une barre précontrainte, en février 2005, avaient mis le feu aux poudres. Il fallait se pencher sérieusement sur le cas de ce patient hors du commun, et définir rapidement une thérapie.

Le projet de réhabilitation a été présenté ce mercredi par Claude Wiseler, lors d'une conférence de presse, au cours de laquelle le ministre des Travaux publics a maintes fois souligné qu'il s"agissait davantage de pistes de travail que d'une solution définitive. Les procédures à suivre, notamment techniques et législatives, avant que ne soit donné le coup d'envoi des travaux, ouvrent en effet la voie à moult modifications.

Toujours est-il que l'Administration des ponts et chaussées a planché sur la question et livré le fruit de ses études et réflexions: le pont Adolphe, symbole historique de la capitale, ne disparaîtra pas au profit d'un "nouveau modèle", mais sera entièrement réhabilité. Une opération "substantielle", a décrit le ministre Wiseler, qui vise à démonter les parties les plus fragiles, pour les remplacer par de nouvelles, et à consolider les parties anciennes à l'aide de béton armé.

Les travaux vont ainsi se dérouler en plusieurs phases: tout d'abord, le démontage du tablier (partie supérieure supportant la chaussée) puis des piles et tympans, les grands arcs étant soutenus grâce à la pose d'un cintrage métallique, en dessous. Les arcs seront ensuite évidés puis remplis de béton armé pour les solidifier. S"ensuivra la reconstruction "à l'identique" des piles et tympans, ainsi que celle du nouveau tablier "suivant les techniques actuelles". Ce dernier supportera une chaussée avec deux allées pour piétons ainsi que quatre bandes de circulation, deux d'entre elles permettant le passage de rames de tramway - si tant est que ce projet voie le jour.

25 millions d'euros

Un chantier d'envergure, donc, sur l'un des axes principaux du trafic urbain, qui accueille, aux horaires de pointe, jusqu'à 2.000 voitures et 1.500 bus à l'heure. Et prévu pour durer deux bonnes années. "Nous ne pouvons, ni ne voulons bloquer la Ville pendant tout ce temps", a annoncé Claude Wiseler, aux côtés duquel avait d'ailleurs pris place le bourgmestre de la capitale, Paul Helminger.

D"où le choix d'une solution de rechange pour permettre d'éviter l'asphyxie: la construction d'un second pont, "en dédoublement" de l'ouvrage en chantier, au-dessus de la vallée de la Pétrusse, soit quelques dizaines de mètres plus loin. Si le choix de l'emplacement n'est pas encore clairement établi, la durée de vie de ce deuxième pont ne l'est pas plus. Ouvrage définitif (option à environ 23 millions d'euros) ou provisoire (option à environ 7 millions d'euros)?

Le ministre Wiseler évite pour l'instant toute réponse ferme, tant que les études techniques et architecturales en cours ou restant à prévoir n'ont pas livré leurs conclusions. Sans parler de l'avant-projet de loi, encore en gestation, qui devra obtenir l'aval du gouvernement avant d'être soumis au Parlement. "Le coût des travaux pour la seule réhabilitation du Pont Adolphe devrait s"élever à 25 millions d'euros, mais les chiffres sont évidemment encore très provisoires", énonce le ministre avec prudence.

Le début des travaux n'est donc pas pour demain. Ni même pour après-demain, semble-t-il, même si Claude Wiseler évite soigneusement d'évoquer la moindre date. Tout au plus peut-on s"attendre à une année 2007 tranquille, de ce point de vue, histoire de permettre à la ville de jouer pleinement son rôle de capitale européenne de la Culture, sans connaître de chantier supplémentaire sur ce qui constitue l'une de ses artères principales.