Contrairement aux rounds de négociations précédents, aucune rencontre publique entre Michel Barnier et David Davis n’est prévue au cours de ces échanges, les derniers avant le sommet européen des 19 et 20 octobre prochains. (Photo: Commission Européenne)

Contrairement aux rounds de négociations précédents, aucune rencontre publique entre Michel Barnier et David Davis n’est prévue au cours de ces échanges, les derniers avant le sommet européen des 19 et 20 octobre prochains. (Photo: Commission Européenne)

Faiblesse politique d’un côté, intransigeance de l’autre. Après quatre mois de négociations, les discussions entre gouvernement britannique et représentants de la Commission européenne n’ont fait que peu de progrès, malgré la tenue de quatre rounds de négociations. Le cinquième, qui s’ouvre ce lundi à Bruxelles, ne devrait pas avoir plus de succès que les précédents, les conditions nécessaires à un tel scénario étant loin d’être réunies.

Car si chaque camp assure lundi que «la balle se trouve dans leur camp», la réalité se révèle être tout autre. Côté britannique, la Première ministre Theresa May se trouve affaiblie, à la fois par les sorties médiatiques répétées de son ministre des Affaires étrangères, partisan d’un «hard Brexit», mais aussi par l’échec des élections législatives anticipées de juin qui devaient lui donner les coudées franches. Côté européen domine la volonté de suivre à la lettre les principes édictés avant le début des négociations, à savoir la résolution de la question de l’avenir des citoyens européens présents sur le sol britannique, celle de la facture britannique et celle de la frontière nord-irlandaise.

Vers un refus de déclencher la seconde phase

C’est dans ce contexte que se rencontrent ce lundi les négociateurs, avec un agenda allégé par rapport aux rounds précédents. Aucun échange en public entre Michel Barnier, négociateur en chef européen, et David Davis, ministre britannique en charge du Brexit, n’est ainsi prévu pour l’ouverture de ces négociations, et aucune discussion n’est programmée pour mercredi. Preuve du faible espoir placé par Bruxelles quant à l’émergence de solutions tangibles.

Dernière séance avant le Conseil européen des 19 et 20 octobre, ce round de négociations apparaît pourtant comme la dernière chance pour déclencher la seconde phase, celle destinée à définir le cadre de la future relation. Une étape jugée primordiale que les Britanniques souhaitent aborder en priorité, ce que devraient refuser les chefs d’État et de gouvernement des 27 lors du prochain sommet.

Pas improbable (...) que nous finissions par sauter dans le vide.

Un responsable européen

«Nous n’avons pas encore réalisé aujourd’hui de progrès suffisants pour entamer en toute confiance la deuxième phase de la négociation», avait affirmé la semaine dernière Michel Barnier devant le Parlement européen. Face à cette situation, les deux camps se préparent de plus en plus sérieusement à la mise en place d’un divorce sans accord. «Il faut intégrer le fait qu’il ne s’agit pas d’un processus rationnel», note un haut fonctionnaire européen, cité par La Tribune et qui juge «pas improbable que les Britanniques fuient à nouveau les impératifs économiques et que nous finissions par sauter dans le vide faute d’accord politique».

D’autant plus que les Européens ne peuvent qu’observer les manœuvres politiques en cours à Londres et spéculer sur la capacité de Theresa May à se maintenir au pouvoir. «Qui sait si nous aurons un interlocuteur lors du sommet des 19 et 20 octobre», s’est interrogé au cours du week-end un responsable européen, sous couvert d’anonymat.