Guy Entringer dans le hall d’entrée du nouvel immeuble de la SNHBM. (Photo: Mike Zenari)

Guy Entringer dans le hall d’entrée du nouvel immeuble de la SNHBM. (Photo: Mike Zenari)

Monsieur Entringer, la Société nationale des habitations à bon marché a emménagé dans de nouveaux locaux à Luxembourg sur le lieu-dit Kalchesbruck, mais ce n’est pas le premier déménagement. Pourriez-vous nous retracer l’histoire des bâtiments occupés par la SNHBM?

«Tout commence en 1919, année où la Société nationale des habitations à bon marché a été fondée. Ce service, chargé d’exercer une activité de promoteur social spécialisé dans la construction de maisons unifamiliales et d’immeubles à appartements, est alors installé au Limpertsberg. Puis en 1932, la SNHBM déménage à l’avenue du X Septembre à Belair, dans un immeuble lui appartenant. Nous sommes restés dans cet immeuble de coin jusqu’en 2014, date à laquelle nous avons déménagé dans le bâtiment à Kalchesbruck.

Pourquoi avez-vous choisi de déménager?

«Notre activité s’est fortement accrue ces derniers temps et va encore beaucoup s’accroître. Nous avons actuellement comme objectif stratégique pour la SNHBM, et ce pour les 10 prochaines années, de réaliser 250 unités de logement par an, contre 80 au cours des 10 dernières années. C’est donc un changement de stratégie très important qui nécessite, vous le comprendrez aisément, un renforcement de notre équipe. Nous avons planifié d’embaucher plusieurs dizaines de personnes ces prochaines années et il faudra bien entendu des espaces de travail pour ces nouvelles recrues. De 33 employés en 2008, la société occupe aujourd’hui 65 personnes et devrait passer à un effectif de 90 salariés à la fin de 2017.

La SNHBM gère elle-même les chantiers qu’elle engendre avec ses propres architectes, ingénieurs, dessinateurs, coordinateurs de chantiers. Donc si nous réalisons plus de projets, nous avons besoin de plus de personnel. Un accroissement de l’équipe est donc nécessaire pour répondre à l’augmentation de l’activité de la SNHBM. Et nous allons également avoir besoin d’espace pour accueillir nos nouveaux et plus nombreux clients. Ce déménagement va donc permettre ce développement d’équipe et l’accompagnement du changement de stratégie, en assurant un meilleur confort aussi bien pour l’équipe de la SNHBM que pour ses clients. Ces derniers pourront être accueillis dans des salles dédiées à la prise de rendez-vous pour la présentation des projets immobiliers et le montage des dossiers. L’achat d’un bien immobilier est un acte important qui demande un environnement adapté, ce que nous pouvons désormais offrir à nos clients.

«Pour mettre en œuvre notre développement, il nous fallait plus de place»

Comment se sont déroulées vos recherches?

«J’ai présenté cette question au conseil d’administration pour la première fois en 2010. Je ne voulais pas que la taille de nos bureaux soit une entrave à notre développement et à l’expansion de notre activité. Au moment où j’ai proposé cela à notre conseil d’administration, j’ai un peu choqué les membres, car je n’étais directeur que depuis deux ans et que la société existait depuis 90 ans. Mais pour mettre en place le développement de la SNHBM, il nous fallait plus de place. Et mieux valait l’anticiper que de se retrouver avec le couteau sous la gorge. Et je suis très content que nous ayons fait ainsi, car le développement que nous réalisons actuellement est un défi en soi. Heureusement que nous n’avons pas à nous préoccuper en plus d’un déménagement.

Quels étaient alors vos critères de recherche?

«Nous souhaitions pouvoir disposer à l’époque de 1.500 m2 – 2.000 m2. Dès le départ, nous avons recherché un bien à acheter. Un autre critère important pour nous était l’accessibilité des bureaux afin de pouvoir nous déplacer sans difficulté vers nos différents chantiers. Il fallait également que les bureaux soient facilement accessibles pour notre personnel et pour nos clients. Nous souhaitions donc pour ces raisons rester en ville pour bénéficier du réseau des transports en commun, mais pas en centre-ville comme c’était le cas précédemment. Nous recherchions aussi un bâtiment avec un certain nombre de parkings. Par ailleurs, en tant que promoteur social, le budget était un critère important et nous ne pouvions pas nous permettre d’avoir une adresse boulevard Royal, ou sur l’avenue J.-F. Kennedy. Nous avions envisagé pendant un temps nous installer dans l’immeuble que nous avons fait construire à Grünewald, mais nous avons finalement abandonné cette idée, pensant que la localisation du Kirchberg n’était pas le meilleur choix. C’est finalement par hasard, au cours de discussions, que j’ai appris que cet immeuble à Kalchesbruck était à vendre, et tout s’est fait très vite.

Le bâtiment que vous avez trouvé est un immeuble qui a déjà une petite histoire.

«En effet, il s’agit des anciens locaux de Cimalux, une entreprise elle aussi liée au bâtiment. C’était également les bureaux de la Société nationale de circulation automobile (SNCA). Aussi, un certain nombre de personnes connaissent déjà ce bâtiment, car ils ont eu l’occasion de venir chercher leur permis de conduire ici, et certains continuent d’ailleurs encore de le faire ! De nombreuses personnes connaissent donc bien notre hall d’accueil, avec l’impressionnant mur de verre et le comptoir constitué d’un grand aquarium. Le bâtiment a été construit en 1984 selon le projet du bureau Tetra Architectes et le bureau Hermann & Valentiny était intervenu en 2000 pour des réaménagements intérieurs du premier étage. Nous avons également la chance de bénéficier d’un agréable aménagement paysager extérieur.

Vous avez aussi réalisé une série d’aménagements et de transformations pour vos propres besoins.

«Oui, depuis 2011, date à laquelle nous avons acquis le bien, nous avons réalisé une remise à neuf du bâtiment, y compris technique, sanitaires, chauffage. Nous avons créé de nouvelles salles pour mieux correspondre à notre organisation. Nous avons apporté des améliorations énergétiques en procédant au changement de la majorité des fenêtres, une installation d’un nouveau système de chauffage, de nouvelles installations sanitaires, une nouvelle ventilation, de nouveaux revêtements de sol, de nouvelles portes, qui sont d’ailleurs les mêmes que celles dont nous équipons nos logements. Nous avons aussi installé de nouveaux ascenseurs. Enfin, nous avons aussi installé un restaurant que nous avons mis en location.

Puisque dans votre équipe vous comptez des architectes, des ingénieurs et des coordinateurs de chantier, est-ce que ces aménagements ont été gérés par votre équipe?

«Oui, entièrement.

Quel est le coût de ces travaux?

«C’est une somme importante qui peut quand même se compter en millions.

«Avoir des locataires n'était pas notre but, mais l'offre s'est présentée...»

Quelles sont les principales différences entre vos locaux actuels et ceux de l’avenue du X Septembre?

«Nous disposons d’une qualité de bureaux supérieure et d’une surface plus importante. À Bel-Air, nous avions environ 1.000 m2 et actuellement nous utilisons 1.800 m2 des 3.200 m2 disponibles dans l’ensemble de l’immeuble. Nous disposons aussi d’une impressionnante salle de réunion que nous pouvons utiliser, entre autres, pour nos conseils d’administration, et une grande salle de gérance qui permet d’accueillir les assemblées générales de nos immeubles. Nous avons également de nouvelles salles de réunion pour l’équipe, plus d’espace de rencontre entre nous, plus de bureaux, plus d’espace d’accueil pour le public, une vraie cuisine pour l’équipe… Il y a plus de personnes par étage, ce qui facilite les contacts journaliers. Au niveau du parking, nous avons la chance de pouvoir bénéficier de plus de parkings que la base actuelle imposée par la Ville de Luxembourg, à savoir un emplacement pour 125 m2. En plus de cela, nous pouvons bénéficier d’emplacements supplémentaires situés sur le terrain voisin que nous louons. Nous sommes donc très bien lotis en matière de parking.

Vous êtes propriétaire de l’ensemble de l’immeuble?

«Oui, comme expliqué précédemment, cela faisait partie de nos critères de recherche. La SNHBM occupe actuellement le rez-de-chaussée, le premier étage et le deuxième étage. Le bâtiment étant plus grand que nos besoins propres, nous avons conservé les locataires déjà présents dans le bâtiment pour les surfaces que nous n’occupons pas.

Pourquoi avoir choisi d’acheter plus grand et de mettre en location et non pas des locaux qui correspondent plus justement à vos besoins actuels tout en gardant une perspective de développement?

«En fait, nous pouvons nous féliciter d’avoir pris un grand bâtiment, car avec le développement qu’a connu la SNHBM depuis ces deux dernières années, nous aurions certainement dû déménager une seconde fois si nous avions acheté plus petit. Le choix de ce bâtiment s’est fait par un concours de circonstances. Nous avions les moyens de le prendre alors nous avons saisi l’occasion. Avoir des locataires n’était pas notre but, mais l’offre s’est présentée. Ce que nous recherchions à l’époque, une surface d’environ 2.000 m2, est une taille moyenne. Ce type de surface peut aussi être trouvé dans un plateau d’immeuble administratif. Mais ce n’était pas ce que nous voulions. Nous souhaitions aussi pouvoir bénéficier de notre propre entrée.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans la mise en œuvre de ce projet?

«C’est un bâtiment d’une trentaine d’années, donc comme dans n’importe quelle rénovation, il y a des imprévisibles. Aussi, comme nous avons mis en conformité tout l’immeuble, nous avons rencontré quelques difficultés, mais rien d’insurmontable.

Est-ce que ce déménagement est l’occasion de modifier vos habitudes de travail, vos méthodes de production?

«Ce n’est pas le déménagement qui nécessite un changement des habitudes, mais l’évolution de la société. Comme nous sommes en phase d’agrandissement très fort, il faut inévitablement nous adapter, mais ce n’est pas lié au déménagement. Disons que le déménagement a permis de faciliter cette croissance.

Ce déménagement est aussi l’occasion d’une commande artistique. Pourquoi et pouvez-vous nous en dire un peu plus?

«La SNHBM a commandé, pour décorer un de ses murs, une fresque en graffiti à Yves Laurent Grosbusch. Elle se situe dans le hall d’entrée utilisé par les locataires. Plutôt que d’avoir un mur blanc, nous avons pensé que ce serait une bonne idée de passer une commande artistique.»

Intérêt pour le bâtiment
«J’ai quand même fait mes preuves»
Guy Entringer est directeur de la Société nationale des habitations à bon marché depuis 2006. En neuf ans, il a donné une nouvelle impulsion à cette société de promotion sociale qui participe activement à mettre en place la politique du gouvernement dans son effort à mettre sur le marché des logements à prix abordables.

Auparavant, il a été pendant quatre ans directeur des finances et de l’administration chez ArcelorMittal. Il a fait des études en business international au Royaume-Uni (University of Stirling) et en France (Ceram Sophia Antipolis, ULP Strasbourg). «Je savais que je ne voulais pas rester indéfiniment chez ArcelorMittal. J’ai vu l’annonce pour le poste de directeur à la SNHBM dans le journal et j’ai postulé sans ne rien connaître de cette entreprise, mais j’avais un intérêt pour le bâtiment. J’avais alors 28 ans. Après deux ans de collaboration avec l’ancien directeur, les rênes m’ont été transmises. Avec du recul, je me rends compte que le conseil d’administration a pris un certain risque, mais je pense que j’ai quand même fait mes preuves!»