Les États-Unis ont déjà cessé de payer leur cotisation à l’organisation depuis plusieurs années, d’après les dires de Simone Beck. (Photo: C.C)

Les États-Unis ont déjà cessé de payer leur cotisation à l’organisation depuis plusieurs années, d’après les dires de Simone Beck. (Photo: C.C)

C’est par voie de communiqué que l’administration américaine a annoncé vouloir se retirer de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) dont le siège est basé à Paris. Il s’agit pour les États-Unis d’économiser de l’argent et de protester contre ce que le pays considère comme un parti pris anti-israélien de l’organisation. Les États-Unis maintiendront leur présence en tant qu’État observateur.

«Cette décision n’a pas été prise à la légère et reflète les préoccupations des États-Unis face aux arriérés croissants de l’Unesco, à la nécessité d’une réforme fondamentale de l’organisation et à la poursuite des préjugés anti-israéliens de l’Unesco», a indiqué le département.

La tension fondamentale est sur l’approche de l’institution vis-à-vis d’Israël. L’année dernière, Israël a rappelé son ambassadeur à l’Unesco pour protester contre une résolution dénonçant la politique d’Israël concernant les sites religieux de Jérusalem-Est et de Cisjordanie, résolution soutenue par plusieurs gouvernements arabes.

Sans compter qu’en juillet, l’organisme avait déclaré la vieille ville d’Hébron, une ville de Cisjordanie qui comprend le tombeau des Patriarches, un site du patrimoine mondial palestinien, un geste qu’Israël considère comme niant les liens du judaïsme avec la ville biblique.

Réactions navrées

La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, a dit «regretter profondément» la décision des États-Unis, tout juste annoncée, de se retirer de l’Organisation. «L’universalité est essentielle à la mission de l’Unesco pour construire la paix et la sécurité internationales face à la haine et à la violence, par la défense des droits de l’Homme et de la dignité humaine», a souligné dans un communiqué Mme Bokova.

Jointe par Paperjam.lu, Simone Beck, présidente de la Commission nationale pour la coopération avec l’Unesco au sein du ministère de la Culture luxembourgeois, estime que «c’est une décision regrettable qui ne va pas dans le sens du message de paix que veut promouvoir l’Unesco.» Elle nuance cependant: «cela ne fera pas beaucoup de différence car cela fait des années que les États-Unis ne payent pas leur cotisation à l’organisation. Un argent qui manque cruellement.» Chaque pays contribue par le biais d’une cotisation annuelle. Luxembourg verse 220.000 euros à l’Unesco (budget 2018).

Pas une première

En son temps, l’administration de Ronald Reagan s’était aussi retiré de l’organisation en 1984, au plus fort de la guerre froide, invoquant la corruption et ce qu’elle considérait comme une inclination idéologique envers l’Union soviétique. Le président George W. Bush avait à nouveau rejoint l’organisation en 2002, affirmant qu’il avait obtenu des garanties pour éviter les préjugés anti-occidentaux et anti-Israéliens les plus virulents.

Il y a six ans cependant, les États-Unis ont coupé plus de 80 millions de dollars par an de contribution, soit environ 22% de l’ensemble de son budget pour l’Unesco, en représailles à l’acceptation de la Palestine en tant que membre.

Les arriérés des États-Unis à l’institution ont ainsi augmenté chaque année, dépassant les 500 millions de dollars.

Le secrétaire d’État américain Rex Tillerson avait annoncé cette décision il y a quelques semaines lors d’une entrevue avec Emmanuel Macron qui espérait le soutien des États-Unis pour la nomination de l’ancienne ministre de la Culture Audrey Azoulay au poste de directeur général.