Nasir Zubairi: «Je pense que le secteur des Fintech au Luxembourg est en pleine explosion et que le reste du monde est en train de réaliser que le Luxembourg est un vrai hub dédié aux technologies financières. » (Photo: Marion Dessard / archives)

Nasir Zubairi: «Je pense que le secteur des Fintech au Luxembourg est en pleine explosion et que le reste du monde est en train de réaliser que le Luxembourg est un vrai hub dédié aux technologies financières. » (Photo: Marion Dessard / archives)

Monsieur Zubairi, votre travail contribue ou a contribué au rayonnement à l’international du Luxembourg. Quand en avez-vous pris conscience pour la première fois?

«Cela m’a vraiment frappé quand je me suis rendu à San Francisco avec une délégation dirigée par le ministre des Finances, Pierre Gramegna, au mois de juin. À cette époque, nous avions constitué l’équipe de la Lhoft, nous avions emménagé dans nos locaux temporaires de la rue Érasme et les premières fintech commençaient à s’y installer. Un climat de confiance au sein de la communauté était en train de s’établir. J’ai donc pu mettre en lumière l’initiative de la Lhoft de façon concrète auprès de ceux que nous avons rencontrés dans la Silicon Valley et je crois qu’ils ont été impressionnés.

Comment se positionne le secteur fintech luxembourgeois à l’international?

«Je pense que le secteur des Fintech au Luxembourg est en pleine explosion et que le reste du monde est en train de réaliser que le Luxembourg est un vrai hub dédié aux technologies financières. À la Lhoft, nous travaillons avec de nombreux autres acteurs de la communauté, tels que Luxembourg for Finance, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), le gouvernement ou les entreprises de services financiers pour aider les start-up internationales, les sociétés de capital-risque et les influenceurs à saisir le potentiel de notre centre fintech.

La taille de la place financière luxembourgeoise, l’ouverture d'esprit des décideurs et la collaboration entre les secteurs public et privé sont autant de points forts remarqués par les acteurs étrangers spécialisés dans les technologies de pointe. Cela se vérifie avec les partenariats que nous avons construits jusqu’à présent: NIFA et TusPark en Chine, Lattice80 à Singapour, FAJ au Japon et Plug & Play à San Francisco.

Peut-on parler d’un secteur fintech typiquement luxembourgeois?

«Qu’entend-on par ‘typique’ dans un pays qui se développe à un tel rythme et qui accueille un si beau mélange de cultures et de nationalités, un pays qui a su tirer parti de sa taille et de son agilité pour se réinventer à maintes reprises et se positionner au mieux dans un monde en mutation?

34% des demandes que nous traitons émanent d’entreprises liées aux paiements.

Nasir Zubairi, CEO de la Lhoft

Il est clair qu’il y a des avantages pour les entreprises spécialisées dans la gestion de fonds, l’assurance et la banque privée. Il existe également un énorme potentiel dans la science des données, l’intelligence artificielle et les ‘regtech’. À la Lhoft, nous avons jusqu’à présent traité plus de 160 dossiers de start-up. 34% de ces demandes émanent d’entreprises liées aux paiements, le Luxembourg étant classé par l’Association européenne des paiements (EPA) comme un excellent endroit pour s’établir. 13% des demandes proviennent de start-up ‘regtech’ et 12% de start-up ‘fundtech’.

Luxembourg est un pays... fiable, dynamique et ouvert. Reconnaissez-vous le Luxembourg dans ces mots-clés retenus par le gouvernement?

«Le Luxembourg est incontestablement un pays fiable, dynamique et ouvert. Ces caractéristiques sont des clés fondamentales qui expliquent son succès économique. À la base, on trouve des personnes – qu’elles soient Luxembourgeoises ou qu’elles résident à l’étranger – qui sont fières de contribuer à faire du Grand-Duché un grand pays, capables de se réunir, même entre concurrents industriels, pour collaborer raisonnablement au bien de tous et faire avancer l’économie.

L’attitude pragmatique de la communauté fintech et son ouverture à la collaboration sont au cœur de notre mission. Nous constatons aussi un enthousiasme général pour apprendre, pour se former avec des gens prêts à admettre qu’ils ne savent pas tout. Dans un monde en pleine mutation, cette attitude est la clé du succès de ce que nous cherchons tous à accomplir.

Que vous disent vos interlocuteurs à l’étranger sur le Luxembourg?

« ‘Luxembourg? C’est en Allemagne, n’est-ce pas? Près de Munich, non?’; ‘Ennuyeux’ est l’autre terme parfois utilisé pour le Luxembourg. Alors je leur montre l’application ‘What’s Up Luxembourg’ présentant la multitude d’événements qui se déroulent ici. Je n’hésite pas non plus à signaler, en particulier aux Londoniens, que je peux me rendre dans n’importe lequel des trois grands pays qui entourent le Luxembourg plus rapidement qu’ils ne le font pour se rendre au travail. Dans le secteur des fintech, l’un des meilleurs compliments que j’ai entendus de la part d’influenceurs sérieux est le suivant: ‘Vous, les gars des fintech luxembourgeoises, vous êtes partout! Beaucoup de choses semblent se passer.’

Celebrating Luxembourg

Et qu’est-ce que vous leur répondez pour leur donner envie de visiter le Luxembourg?

«Habituellement, je commence par l’histoire de mon arrivée au Luxembourg. C’était en 2015, et j’ai été invité à prendre la parole lors de l’ICT Spring (l’un des principaux événements consacrés aux nouvelles technologies, ndlr). À l’époque, ce que j'ai vu du pays, c’était surtout mon hôtel et le centre de conférence, mais je déjà pris conscience de l’attitude unique et rafraîchissante des gens que j’ai eu l’occasion de rencontrer. C’est cette attitude qui m’a poussé à assumer le rôle de CEO de la Lhoft.

Le Luxembourg abrite une incroyable diversité et des capacités linguistiques inégalées.

Nasir Zubairi, CEO de la Lhoft

Je rappelle aux gens que le Luxembourg est le deuxième plus grand centre de fonds après les États-Unis, le deuxième centre financier de l’UE (et donc potentiellement le plus important dans un an et demi) avec 165 banques et plus de 4.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Il abrite des institutions internationales, une incroyable diversité, des capacités linguistiques inégalées et un accès à l’Europe. Je leur parle aussi des perles que j’ai moi-même découvertes: le Luxembourg est un leader de la communication par satellite avec SES, des médias avec RTL, du commerce électronique avec Amazon, PayPal et Rakuten, et plus récemment, il a pris les devants dans le domaine des ressources spatiales.

Je parle enfin avec enthousiasme de la House of Start-ups et de nos nouveaux locaux qui ouvriront leurs portes l’an prochain. Je donne des exemples d’initiatives de collaboration comme FundsDLT et Infrachain, qui montrent à quelle vitesse le Luxembourg peut transformer des idées en innovation réelle en tirant parti d'un écosystème d’expertise inégalé.

Quand étiez-vous particulièrement fier du Luxembourg?

«Je suis souvent fier. Je l’ai particulièrement été il y a quelques jours, lorsque j’ai appris que la start-up luxembourgeoise Tetrao avait remporté le plus grand ‘international fintech hackathon’, soutenu par notre partenaire BGL BNP Paribas. Tetrao a remporté les éliminatoires régionales ici à Luxembourg, puis battu les meilleurs des neuf autres villes participantes – San Francisco, Rome, Paris, Bruxelles, Berlin, Varsovie, Nanjing, Singapour et Istanbul – lors de la finale au siège de la BNP Paribas à Paris. J’ai sauté de joie dans mon bureau!»

L’aventure #CelebratingLuxembourg continue sur celebratingluxembourg.com pour découvrir toutes les personnalités.

La grande soirée #CelebratingLuxembourg se déroule le 13 décembre à la Rockhal: infos et réservations en ligne.