L'Office statistique chinois relève une progression du PIB de 6,9% pour l'année 2015. (Photo: Julien Becker / Archives)

L'Office statistique chinois relève une progression du PIB de 6,9% pour l'année 2015. (Photo: Julien Becker / Archives)

Les Chinois ont choisi de souhaiter la bonne année aux occidentaux par une séance de Bourse en baisse spectaculaire de 7% dès le 4 janvier. L’utilisation de coupe-circuits et l’intervention d’organismes étatiques pour enrayer la baisse auront aussi suscité plus d’interrogations que de réponses sur la capacité de la Chine à laisser jouer les mécanismes de marché. L’évolution des mentalités sera longue. Le bilan est lourd, avec des baisses de l’ordre de 18% des Bourses chinoises depuis le début d’année, et une onde de choc planétaire renforcée par la chute sans fin des prix du pétrole. Au 20 janvier, l’Eurostoxx 50 abandonnait 3,68% en clôture, et était ainsi en baisse de plus de 12% depuis le début d’année (voir graphe), l’indice américain S&P500 de 11%, et l’indice japonais de 14%. Vous avez dit début d’année calamiteux?

Eurostoxx 50

Pourtant, la publication le 19 janvier par l’office statistique chinois d’une progression du PIB de +6,9% pour l’année 2015 aurait dû rassurer. Certes, ce chiffre est le plus faible publié depuis 1990, et les progressions à deux chiffres sont du domaine du passé, mais il faut rappeler que la Chine est maintenant la deuxième économie du monde (la première pour le FMI, si l’on raisonne en parités de pouvoir d’achat) et est donc rattrapée par l’effet «taille».

Une progression de 6,9% pourrait faire pâlir de jalousie bien des pays, alors que la croissance aura été de l’ordre de 2,5% aux USA et de 1,5% dans la zone euro en 2015. Qui plus est, le détail des chiffres nous montre que la révolution qualitative tant attendue par les économistes, qui pointaient les déséquilibres de la croissance chinoise, est en marche: la consommation prend la relève de l’investissement, et le secteur des services (50% du PIB) prend la relève du secteur manufacturier.

Le bémol est de savoir si cette statistique de 6,9% reflète la réalité. D’ailleurs, la rapidité avec laquelle les statistiques de PIB chinois sont publiées a toujours étonné les statisticiens occidentaux. Monsieur Wang Boang, le nouveau patron de l’Office national des statistiques, est cependant catégorique quant au sérieux des données chinoises, la preuve étant qu’elles sont homogènes avec les recettes fiscales du pays (les recettes fiscales liées aux services représentent également environ 50% des recettes totales). Le doute est cependant de mise, et le Premier ministre chinois Li Keqiang avait lui-même demandé la création d’un indice personnel, car il qualifiait le calcul du PIB chinois de «man made». Cet indice, basé sur la consommation d’électricité, le trafic ferroviaire et le crédit bancaire, nous donne plutôt un rythme de croissance en Chine de l’ordre de 2,5%. Il est probable que la vérité soit quelque part entre la statistique officielle et l’indice Li Keqiang, soit 4,6%.

Il ne faudrait cependant pas que la décroissance chinoise aille trop vite, avec le risque de provoquer une deuxième onde de choc sur l’économie mondiale et les marchés financiers. Le pire n’est jamais sûr, espérons que la nouvelle année chinoise, débutant le 8 février et qui nous propulsera dans l’année du singe, commencera sous de meilleurs auspices.