Pour Nathalie Dondelinger, cofondatrice de Kliber avec Jonathan Levi, l'alliance entre Randstad et Monster est celle de deux poids lourds dotés d'une volumétrie importante. (Photo: Maison moderne / archives)

Pour Nathalie Dondelinger, cofondatrice de Kliber avec Jonathan Levi, l'alliance entre Randstad et Monster est celle de deux poids lourds dotés d'une volumétrie importante. (Photo: Maison moderne / archives)

Numéro deux mondial de l’intérim et des RH derrière le suisse Adecco, le groupe Randstad déclarait le 9 août dernier vouloir racheter le «job board» américain Monster, lui aussi un joueur international bien implanté dans le tissu luxembourgeois.

Avec cette opération, le poids lourd néerlandais poursuit une stratégie d’acquisition volontariste, puisqu’il s’agit de sa septième prise de contrôle sur un an de temps. Il y a deux mois, il s’agissait de l’entreprise japonaise Careo, marquant également un souhait d’élargissement géographique.

Regroupement naturel

Toujours en cours de négociation et décidé à l’échelle globale, l’accord ne peut pas encore être commenté par ses deux parties prenantes. Il pourrait permettre au spécialiste du recrutement d’affiner sa stratégie digitale. Jusqu’à présent, ce récent rapprochement intrigue plus qu’il n'effraye les acteurs du recrutement «made in Luxembourg», en particulier du côté des plus «petits» acteurs, plus orientés technologies et dont l’activité est moins fonction d’un volume important de profils à proposer.

Pour Nicolas Hurlin, fondateur du cabinet de conseil The Recruiter, ce rachat annoncé est un rapprochement entre deux acteurs similaires sur le plan du public cible. «Monster est une immense base de données. Elle concerne avant tout des profils activement en recherche d’emploi et à l’écoute du marché, puisque les CV sont publics. C’est, en fait, la même cible que Randstad qui, contacté par des demandeurs d’emploi, dispose également d’un réseau étendu de candidats. Leur terrain de chasse est avant tout constitué par les secteurs où les candidats sont en forte demande. C’est une partie du marché de l’emploi.»

C’est un canal minoritaire dans notre activité.

Nicolas Hurlin, The Recruiter

En tant que recruteur et chasseur de têtes, Monster est un outil parmi d’autres, aux côtés de Linkedin, plus pertinent sur les profils passifs et actuellement en poste. «S’il le fallait, nous pourrions nous passer de Monster demain, c’est un canal minoritaire dans notre activité. Toujours performant, il reste cependant très classique et peu innovant. Si les profils que nous cherchons y étaient rapidement trouvables, nous n’aurions pas de mandat de nos clients», poursuit Nicolas Hurlin.  

On voit de plus en plus d’acteurs mobiles. C'est plutôt ça, le futur.

Nathalie Dondelinger, Kliber.

Utilisateur de Monster comme beaucoup d’autres recruteurs, le groupe Randstad intègre donc un outil qu’il utilisait déjà. «C’est intéressant d’analyser les raisons pour lesquelles un acteur comme Randstad choisit de racheter Monster. C’est assez surprenant. Je me demande quelle sera la neutralité du portail par rapport aux autres recruteurs de masse comme Ajilon ou Manpower, sans doute également amenés à utiliser ce canal», souligne Nathalie Dondelinger, cofondatrice de Kliber, une application de recrutement mobile basée sur la vidéo, positionnée sur un tout autre créneau que Randstad. 

Si Monster reste le site le plus visité au monde pour la recherche d’emploi, le marché évolue rapidement. «Je crois peu au maintien des portails classiques», ajoute Nathalie Dondelinger. «On voit de plus en plus d’acteurs mobiles ou qui tirent parti des réseaux sociaux. C’est plutôt ça, le futur du recrutement.»