Ramborn a développé une gamme variée de cidres. (Photo: Véronique Kolber)

Ramborn a développé une gamme variée de cidres. (Photo: Véronique Kolber)

Deux ans se sont écoulés depuis la première gorgée de cidre fabriqué au Luxembourg et l’inauguration du Ramborn Cider Haff. Deux années pendant lesquelles le CEO, Carlo Hein, et son équipe – sept personnes aujourd’hui – ont pu faire grandir l’entreprise, asseoir sa notoriété, y compris à l’international, et conforter leurs concepts d’économie régionale intégrée.

Avec l’ouverture de la cidrerie, le village de Born, au bord de la Sûre, est appelé à trouver sa place sur la carte économique et touristique. L’ancienne ferme héberge en effet l’activité de production, un centre du visiteur et une boutique dédiée au cidre et aux pommes.

En regardant le film présenté au centre du visiteur, on apprendra que la production de cidre au Luxembourg est une affaire ancienne, déjà citée par Pline l’Ancien au 1er siècle. La fabrication du cidre était complémentaire de celle du vin, la récolte intervenant quand le vin avait fini sa fermentation et pouvait libérer les cuves.

Au début du 20e siècle, le Luxembourg comptait encore un million de pommiers, chiffre qui a été divisé par 10 en un siècle. Mais le «Viz» est resté une tradition villageoise: «Les fermiers laissaient le jus de pomme fermenter en fût, sans trop y prêter attention. La boisson était plutôt forte et assez âpre», raconte Carlo Hein. Tombé en désuétude, concurrencé par d’autres boissons alcoolisées, le cidre connaît un regain d’intérêt, poussé par les habitudes de consommation anglo-saxonnes.

Après le temps de la prise de conscience que les vergers font partie du patrimoine naturel typique de la vallée de la Sûre et du Parc naturel Mëllerdall et que le cidre a un potentiel commercial, l’aventure Ramborn a commencé en 2015. Aujourd’hui, la société presse 350 à 400 tonnes de pommes contre 100 en 2015 et moins de 20 pour les essais qui ont précédé.

Associer tradition et innovation

L’immeuble qui héberge la cidrerie date de 1757. Construit dans un «style thérésien», il était utilisé à l’époque comme ferme, mais aussi comme cidrerie et distillerie. La rénovation – dont les plans ont été dessinés par l’architecte Zloic Vlado – a réussi à faire revivre le bâtiment tout en conservant le charme de la ferme originale.

La cidrerie jouxte un domaine de vergers traditionnels, qui hébergent plus de 100 anciennes variétés d’arbres fruitiers. Ramborn a également planté des centaines de pommiers et poiriers appartenant à des espèces presque oubliées.

C’est un bel exemple de l’économie de partage.

Carlo Hein, CEO Ramborn

Les pommes (et les poires) arrivent donc sur les lieux. «Nous travaillons avec une centaine de fermiers qui nous apportent leurs pommes selon un cahier des charges précis», détaille Carlo Hein, qui précise que 60% des fruits ne seraient pas utilisés et pourriraient simplement sur place sans le débouché du cidre.

Elles sont triées et lavées – «avec le moins d’eau possible» - puis broyées et pressées. Le pressage est doux, pour n’extraire que le meilleur du jus et la pommade (ce qui reste) est expédiée pour faire du biogaz. Pour la fermentation, Ramborn a noué un partenariat avec Vinsmoselle qui possède des cuves de 16.000 litres qui ne sont pas employées une fois le vin fermenté. «C’est un bel exemple de l’économie de partage», s’enthousiasme le CEO de Ramborn.

La maturation qui prend plusieurs mois, puis la mise en bouteille auront lieu sur les deux sites selon les cidres désirés. Les éditions limitées et cidres spéciaux étant réalisés à Ramborn. Il existe aujourd’hui quatre variétés que l’on trouve dans le commerce et trois autres en petites quantités, réservées au shop de Born où l’on trouve aussi d’autres produits autour de la pomme, ainsi qu’un cidre d’un producteur international différent chaque mois.

L’Original, mélange typique avec des pommes Rambo et d’autres variétés locales, est de loin celui qui est le plus vendu. Le Somerset Blend mélange des pommes luxembourgeoises et anglaises pour obtenir un goût plus acidulé. Le Farmhouse se rapproche plus de la tradition. Il est moins pétillant et plus sec. Enfin, le Perry est à base de poires, il offre une couleur presque rosée et apporte une bouche fraîche où l’on reconnaît le fruit.

Le Hop Cider est un cidre qui est terminé au houblon. Une rareté qui devrait séduire le public de plus en plus attiré par les bières artisanales et les houblons marqués.

La cidrerie sera ouverte au public du mercredi au samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous.