«Il ne faut pas oublier que dans notre métier aussi l’intelligence artificielle pointe le bout de son nez», rappelle Michel Hartmann, le directeur RH d’IEE. (Photo: IEE)

«Il ne faut pas oublier que dans notre métier aussi l’intelligence artificielle pointe le bout de son nez», rappelle Michel Hartmann, le directeur RH d’IEE. (Photo: IEE)

Monsieur Hartmann, quelle est la plus grande transformation à laquelle vous devez faire face au sein de votre entreprise?

«La digitalisation, sans aucun doute. Elle nous occupe tous les jours et nous oblige à repenser notre façon de travailler. Pour faire face aux mutations qui ont lieu dans le secteur automobile, IEE Group est obligé de procéder à une redirection de l’entreprise et d’adapter son outil industriel et sa R&D aux besoins du marché. Cela nous force à redéfinir notre relation avec la technologie, mais aussi avec le savoir-faire de nos collaborateurs.

Dans le recrutement, par exemple, les médias sociaux jouent un rôle de plus en plus important. Chez IEE, nous ne passons plus que par Linkedin et organisons des entretiens vidéo. Les techniques traditionnelles de dépôt de candidature feront très bientôt partie du passé.

Plus concrètement, quelle incidence ces mutations ont-elles sur votre fonction?

«Nous employons environ 3.700 personnes dans 11 pays. Il faut donc que nous ayons une vision générique de notre politique RH globale. Mais au niveau local, je n’ai pas d’autre choix que de laisser de la flexibilité à mes services, car les Chinois ne fonctionnent pas du tout comme les Coréens ou les Américains. Tout le monde ne va pas à la même vitesse, lorsqu’on parle de digitalisation.

De ce fait, je dois pouvoir proposer une vision au niveau du groupe, tout en sachant qu’elle devra s’adapter par la suite aux spécificités de chacun. Bien sûr, nous aidons nos responsables locaux à mettre en place ces changements en prenant en compte les différents contextes.

Et quels sont les outils que vous utilisez?

«Il faut adapter notre façon de travailler. Toute notre organisation doit changer, car nous devons désormais être agiles. Cela se traduit par la création d’une organisation matricielle et par la mise à profit des avantages de la digitalisation.

Les ‘agile teams’ sont, par exemple, devenus indispensables. Nous devons avoir la possibilité de bouger pour un moment défini des personnes d’un groupe de travail à l’autre en fonction de leurs compétences. Aux États-Unis, ces déplacements de personnel sont parfois quotidiens. Plus personne ne peut être affecté à une seule tâche, car nous devons savoir profiter au maximum des compétences de chacun.

Quelle incidence cela a-t-il sur l’organisation de l’entreprise?

«Nous devons d’abord comprendre en détail le fonctionnement des différents services et connaître leurs craintes et les défis auxquels ils sont confrontés. Ensuite, il faut chercher ensemble la meilleure démarche pour y répondre et s’adapter.

Vu que l’expression ‘changement en permanence’ est dans toutes les bouches, la remise en cause permanente est plus que jamais d’actualité. Car il ne faut pas oublier que dans notre métier aussi l’intelligence artificielle pointe le bout de son nez. Des robots de recrutement existent déjà — pas encore chez nous — et dans 10 ans, notre métier aura bien changé.»