De gauche à droite: Renaud Oury, deputy managing director and market leader; Jean-Marie Bettinger, managing director; Pascal Rapallino, group family office leader; Serge Krancenblum, CEO. (Photo: Sven Becker)

De gauche à droite: Renaud Oury, deputy managing director and market leader; Jean-Marie Bettinger, managing director; Pascal Rapallino, group family office leader; Serge Krancenblum, CEO. (Photo: Sven Becker)

C'est une nouvelle année charnière qui s’achève pour SGG. Passée dans le giron du belge Cobepa en 2010 avec maintien du management en place, la société spécialisée dans les services financiers a accueilli en début d’année un nouvel actionnaire majoritaire, Astorg Partners, une société de capital-investissement française indépendante qui investit dans des entreprises européennes industrielles ou de services, souvent familiales, et à fort potentiel de croissance.

Un changement d’actionnaire justement pensé pour poursuivre à une autre échelle l’internationalisation déjà bien lancée depuis 2010. SGG a développé un deuxième pilier aux Pays-Bas et une vingtaine de plateformes, dont les principales se situent en Asie et dans les Caraïbes, ces dernières étant destinées à gérer le marché des fonds de l’ensemble du continent américain. «Nous continuons la consolidation», indique Serge Krancenblum, CEO depuis 1998. «Nous nous développons de manière organique et nous agissons comme un consolidateur local en acquérant de nouveaux talents.»

L’idée étant non pas de gagner du poids rapidement, mais de s’adjoindre «de nouvelles capacités dans les différentes facettes du métier, d’attirer des talents qui vont réinvestir le prix de cession de l’entreprise».

SGG compte aujourd’hui 600 salariés dans le monde, dont environ la moitié au Luxembourg. La société a engagé une centaine de personnes sur les 12 derniers mois et plusieurs pointures du paysage luxembourgeois sont d’ailleurs venues renforcer les troupes depuis le début de l’année.

«Nous étions plusieurs à avoir une double ou triple casquette, les managers du groupe devant gérer également les activités au Luxembourg», explique Serge Krancenblum. «Nous avons pris la décision de nous attacher les services d’un vrai patron à Luxembourg.»

L’heureux élu n’est autre que Jean-Marie Bettinger, ex-patron d’Experta Corporate and Trust Services. Ce spécialiste du droit fiscal international, de la finance d’entreprise, des fonds d’investissement ainsi que du secteur des services d’administration avait réorganisé la filiale de la Bil durant deux ans. Il est secondé par Renaud Oury, autre recrue de poids, qui compte 20 années d’expérience dans les fonds et l’industrie de la finance au Luxembourg, de Cetrel (aujourd’hui Six Payment Services) à Kneip.

Troisième figure recrutée cette année: Pascal Rapallino, précédemment associé en charge de la clientèle privée et du family office chez Deloitte. «Nous croyons beaucoup dans la clientèle privée très haut de gamme», précise Serge Krancenblum. Cette nouvelle recrue est d’ailleurs chargée de développer ce métier au Luxembourg, mais aussi à l’international.

La consolidation du groupe et le renforcement des équipes servent un seul objectif: «Avoir des plateformes d’une certaine taille pour offrir aux fonds, aux multinationales et à la clientèle privée la même qualité de services qu’aux Pays-Bas ou qu’au Luxembourg», souligne le CEO. Certaines plateformes doivent encore être renforcées, principalement en Asie, dans les îles anglo-normandes et aux États-Unis.

«L’objectif est de doubler la taille de l’entreprise tous les quatre ans, pas pour être plus gros, mais pour être plus présent et répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus internationale.»

Tributaire de l’évolution de la clientèle et de ses besoins, SGG l’est aussi, comme toute l’industrie des prestataires de services fiduciaires, de l’environnement propre à chaque plateforme. «La création et l’administration de véhicules juridiques sont de plus en plus chères aux Pays-Bas et au Luxembourg», avertit Serge Krancenblum. En cause: des salaires élevés, mais aussi des impôts en nette augmentation – celui sur les soparfis, introduit en 2011 au montant de 1.500 euros et porté en 2015 à 3.000 euros, a encore été augmenté à 4.500 euros dans le projet de réforme fiscale avancé pour 2017.

«Les soparfis ne votent pas, donc on peut penser augmenter leurs impôts sans conséquences, mais un fonds va plutôt aller créer un véhicule ailleurs si l’avantage global n’est plus là pour lui. Heureusement que la flexibilité de notre droit des sociétés et la qualité des prestataires locaux font encore pencher la balance en faveur du Grand-Duché.»

Un argument que Serge Krancenblum n’a pas manqué de faire remonter au gouvernement en tant que président de la Limsa, l’association des prestataires de services aux entreprises du secteur. D’autant que les investisseurs peuvent facilement trouver des places financières plus accueillantes, comme Malte, Chypre et, à un degré moindre (dans la perspective du Brexit), le Royaume-Uni.