Patrice Waltzing (PwC) ne cache pas que les questions de mobilité ont constitué un critère «déterminant» dans la réalisation du projet. (Photo: Jessica Theis)

Patrice Waltzing (PwC) ne cache pas que les questions de mobilité ont constitué un critère «déterminant» dans la réalisation du projet. (Photo: Jessica Theis)

Monsieur Waltzing, pouvez-vous nous présenter Crystal Park en quelques chiffres-clés?

«Le nouveau bâtiment de PwC Luxembourg dispose d’une surface totale de 30.000 m2, soit 5.000 m2 de plus que la surface dont nous disposions jusqu’à présent, mais qui était répartie sur trois sites. Le building est organisé sur six étages: le rez-de-chaussée accueille un vaste atrium ainsi que des points de restauration, PwC Academy et différents lieux d’accueil pour nos clients. Les étages supérieurs sont consacrés aux bureaux et aux open spaces. En sous-sol, Crystal Park accueille également un auditorium, une salle de sport/fitness ainsi que des places de parking réparties sur deux niveaux. Le bâtiment est entouré d’un parc privatif d’environ 16.000 m2.

Quel est le montant de l’investissement?

«Nous ne sommes pas propriétaires des lieux, mais nous avons investi environ 18 millions d’euros dans l’aménagement et l’équipement des lieux. L’organisation du bâtiment est prévue de manière à ce que 2.700 personnes y travaillent à leur aise.

PwC Luxembourg compte actuellement 2.400 collaborateurs et recrute encore. D’ici quelques années, il faudra donc pousser les murs?

«Compte tenu de l’évolution des effectifs ces dernières années, Crystal Park pourrait effectivement afficher complet d’ici 2018. Mais nous avons déjà anticipé et disposons d’une marge de manœuvre. Une extension de 20.000 m2 est envisageable en cas de besoin sur la même parcelle de terrain. Nous planchons également sur d’autres solutions comme la création de bureaux satellites aux frontières belge et française, de petits sites décentralisés susceptibles d’accueillir des collaborateurs frontaliers. Le télétravail ou la mise en place d’horaires décalés sont également des solutions que nous étudions et cela d’autant plus qu’elles faciliteraient également les déplacements.

Comment les questions environnementales et énergétiques ont-elles été prises en considération?

«Elles ont occupé une place majeure dans la conception du bâtiment par l’architecte P.ARC (Partnership for Architecture, Schemel Wirtz Architectes, Itten + Brechbühl) et sa réalisation par AM CBL – Cit Blaton. Crystal Park devrait obtenir la certification ‘haute qualité environnementale’ Breeam avec la mention ‘excellent’. Ce souci de l’environnement se décline par un recours à des matériaux naturels comme le bois et une large place accordée à la lumière naturelle, mais également par des équipements visant à gérer au mieux la gestion des déchets et la consommation d’énergie et d’eau au quotidien.

Le bâtiment est équipé en détecteurs de présence pour gérer l’éclairage, par exemple. Il a également pour particularité d’abriter l’un de nos data centers. La chaleur qu’il dégage est récupérée pour assurer un tiers des besoins du bâtiment en chauffage. Ce qui, bien entendu, est également appréciable en termes d’économies.

Les excellentes performances énergétiques et l’ergonomie du bâtiment nous permettent d’obtenir un ratio de coût immobilier par employé parmi les plus performants du marché.

Depuis quelques années, vous développez un plan mobilité pour le personnel. Aura-t-il sa place dans le nouveau bâtiment?

«Nous avons effectivement investi dans une plateforme de car-pooling équipée de véhicules électriques et thermiques qui est mise à la disposition du personnel. Pour des besoins ponctuels, y compris le week-end, les collaborateurs ont également la possibilité de louer une voiture pour un prix modique. Nous encourageons bien entendu les déplacements par les transports en commun et le car-sharing, via une plateforme dédiée sur internet. Tout cela sera, bien sûr, reconduit et développé après le déménagement.

Pourquoi avoir choisi de s’installer sur le Ban de Gasperich?

«La mobilité, justement, a été un critère déterminant. Nous voulions être proches de nos clients qui, pour la majorité, sont installés dans la capitale, et permettre à nos collaborateurs de gagner du temps pour rejoindre leur lieu de travail. La proximité des autoroutes était donc importante, même si comme indiqué à l’instant, nous étudions d’autres possibilités pour limiter le temps perdu dans les déplacements.

Dans le même registre, la création annoncée d’une gare à Howald, d’un nouveau parking P+R et l’offre en matière de transports en commun ont été pris en considération. L’arrivée possible du tram est un avantage de plus.

En outre, le Ban de Gasperich est également appelé à devenir un pôle d’activité économique et résidentielle important avec des restaurants, des commerces, un supermarché, des bureaux, des logements, sans oublier un immense parc de 20 hectares… Tout cela compose un microcosme idéal pour l’ensemble des collaborateurs de la firme, même s’il faudra faire preuve d’encore un peu de patience.

D’ici 10 ans, ce nouveau quartier sera fantastique. Nous sommes d’ailleurs en contact avec des promoteurs immobiliers pour les sensibiliser au fait que notre effectif compte de nombreux jeunes professionnels intéressés par des studios.

Enfin, il est clair que nous avons pris en considération les coûts et les tarifs liés à la location. La zone du Ban de Gasperich est moins chère que d’autres quartiers tels que le centre-ville ou le Kirchberg. Au final, disons que l’offre proposée était cohérente.

Vous l’avez précisé, PwC Luxembourg n’est pas propriétaire du bâtiment. Avez-vous pu néanmoins peser sur les choix en matière d’architecture et d’organisation de l’espace?

«Le projet initial a effectivement évolué, notamment en ce qui concerne l’organisation du rez-de-chaussée. Nous avons imposé un vaste atrium de 1.000 m2 que l’on peut comparer à la place d’un village. C’est vraiment le cœur du bâtiment, un espace de convivialité, de restauration, de rencontre et d’échange. Cela est fondamental, puisque nos équipes, jusqu’alors réparties sur trois sites, vont devoir apprendre à se connaître. Le bar, où le personnel se retrouvera pour prendre un café après le déjeuner, est notamment fait pour ça.

Chaque fin d’année, nous organisons un marché de Noël qui connaît un franc succès. L’idée est de recréer cette ambiance au quotidien. Cela dit, l’atrium sera également un lieu de travail. Le bâtiment compte environ 200 bureaux qui sont attribués aux associés et directeurs. Mais il n’est pas exclu qu’une partie d’entre eux soient mis à la disposition de tous pour l’organisation de réunions. Tout l’espace de travail restant accueille des open spaces.

La mobilité et le travail d’équipe sont donc encouragés?

«Nos collaborateurs deviennent effectivement plus mobiles. La circulation horizontale dominante, assurée par un ensemble de passerelles, et la circulation verticale, assurée par un jeu d’escaliers et d’ascenseurs, visent également à encourager le travail d’équipe. En se déplaçant d’un étage vers le haut ou vers le bas, un employé pourra rencontrer 50% de l’ensemble des collaborateurs de la firme. Nous opérons un véritable changement sur le plan culturel et technologique à l’occasion de ce déménagement.

Nous développons, par exemple, des applications iPhone qui permettent de réserver des places dans l’un ou l’autre open space pour une réunion ou encore des systèmes de badges pour pouvoir récupérer des photocopies où que l’on se trouve dans le bâtiment. La mobilité est vraiment favorisée. Il va donc falloir rompre avec certaines habitudes. L’un des enjeux dans les mois à venir est d’organiser et de faciliter ces changements.

Les équipes ont-elles été consultées et préparées à ces évolutions?

«Oui, très tôt, nos collaborateurs ont été invités à exprimer leurs besoins et ont été consultés sur les aménagements, l’organisation du travail, la mobilité ou les services. Des groupes de travail ont été créés et des sondages réalisés. Une centaine de workshops a également été organisée à cet effet.

Nous avons abordé des points aussi divers que la nécessité de créer une crèche, la présence ou non des managers dans les mêmes open spaces, l’organisation des équipes par métiers ou filières… Nous avons beaucoup échangé. Y compris pour trouver un nom au nouveau bâtiment, puisque que cela a fait l’objet d’un concours en interne. De l’information thématique circule aussi régulièrement sur le site intranet de l’entreprise.

Le déménagement est-il bouclé?

«Fin août, il ne restait que quelques finitions à effectuer sur le bâtiment. Toute l’infrastructure informatique était également opérationnelle. Les premiers collaborateurs intègrent le bâtiment courant septembre. Nous procèderons en trois vagues, un site après l’autre. Courant octobre, l’ensemble des équipes aura rejoint Crystal Park. Nous ne déménageons pas le mobilier, puisque nous avons investi dans du mobilier neuf. Le personnel qui le souhaite a la possibilité d’en prendre possession. Nous avons également prévu d’en céder une partie à l’Université du Luxembourg, qui en a besoin dans le cadre de son installation à Belval. Quant à l’inauguration du nouveau bâtiment, elle est programmée pour le mois de novembre.»

Après 20 ans 
dans l’industrie

Avant d’arriver chez PwC en 2005, Patrice Waltzing a notamment dirigé Technicolor. 

«Le plus délicat sur un projet comme celui-ci, ce ne sont pas les choix techniques ou organisationnels, mais la prise en compte des émotions et de la sensibilité de chacun des collaborateurs de la firme. Il faut composer avec les Hommes», souligne Patrice Waltzing, associé, corporate services leader chez PwC Luxembourg.

Il est vrai aussi que ce Belge, diplômé de HEC Liège, bénéficie de suffisamment d’expérience en matière d’organisation et de management pour aborder un tel projet avec le «calme» et la sérénité qui s’imposent, même s’il confie que c’est sa première expérience en la matière, compte tenu de son ampleur et de sa durée. Il a passé 20 ans à diriger différentes entreprises dans des industries aussi diversifiées que l’alimentaire, l’électronique et les matériaux composites, en Europe, aux États-Unis et en Asie. Patrice Waltzing a rejoint PwC Luxembourg il y a près de 10 ans. Dans son rôle actuel, il assure la supervision des départements Finances, IT, Infrastructure et Business Support.