Même si l’accord dépasse les frontières de l’Opep, il reste néanmoins des pays producteurs majeurs qui ont marqué leur volonté de ne pas y participer. (Photo: DR)

Même si l’accord dépasse les frontières de l’Opep, il reste néanmoins des pays producteurs majeurs qui ont marqué leur volonté de ne pas y participer. (Photo: DR)

L’accord conclu en novembre par les pays de l’Opep prévoit une limitation de la production à hauteur de 32,5 millions de barils par jour depuis janvier (contre 33,6 en décembre). L’Arabie saoudite semble déjà montrer patte blanche. Même si l’accord prévoit que sa production passe de 10,544 à 10,058 millions de barils par jour entre octobre et janvier (-4,6%), le ministre de l’Énergie a indiqué que la production passerait même sous la barre des 10 millions. Le Koweït, le Qatar et les Émirats arabes unis ont aussi indiqué que le quota de production était respecté depuis le mois de janvier. L’Opep a prévu une analyse globale de la situation et si l’accord ne suffisait pas pour soutenir les prix pétroliers, de nouvelles mesures pourraient être décidées dès le mois de mai.

Néanmoins, il faudra peut-être se montrer patient pour voir l’objectif atteint dans tous les pays signataires. Certains pays semblent soit faire des annonces en porte-à-faux avec l’accord signé, soit flirter avec la limite. L’Irak (le second producteur de l’Opep), par exemple, prévoit d’augmenter ce mois-ci ses exportations de pétrole brut transitant par le port de Basra à un niveau encore jamais atteint. L’absence de statistiques confirmant la volonté politique affichée par l’Opep risque de provoquer une réaction négative des marchés. De plus, une zone d’ombre concerne l’effort à réaliser par 11 pays hors Opep de 558.000 barils par jour (la Russie comptant pour 300.000). Rappelons aussi que l’accord n’inclut pas certains acteurs majeurs de l’Opep, comme la Libye ou le Nigéria qui prévoient aussi une hausse de leur production dans les mois à venir.

Même si l’accord dépasse les frontières de l’Opep, il reste néanmoins des pays producteurs majeurs qui ont marqué leur volonté de ne pas y participer. En première ligne viennent les États-Unis, où le nombre de plateformes pétrolières en fonction et les nouveaux projets d’investissement sont en recrudescence (+45% entre mai et novembre 2016). Le secteur pétrolier américain a été contraint de se montrer plus flexible, et l’emploi dans le secteur de l’extraction pétrolière et gazière a subi une cure d’amaigrissement entre décembre 2014 et juillet 2016 (-14%) mais est resté stable depuis lors. Ces efforts s’inscrivent dans une volonté d’augmenter la rentabilité en réduisant les coûts et en encourageant l’innovation technologique dans le secteur du pétrole de schiste. Par exemple, la technique du «refracking» appliquée au forage horizontal permet de redémarrer à moindre coût une source exploitée par le passé. En définitive, dans les principales régions actives dans le pétrole de schiste, les efforts réalisés ont en moyenne diminué le seuil de rentabilité à un niveau inférieur à 40$.

Les nouveaux projets ne sont évidemment pas limités au pétrole de schiste et aux frontières américaines: plateformes pétrolières en eaux profondes au Brésil, nouvelles zones de prospection en mer de Barents (Norvège) ou nouveaux gisements en Guyane. Ceci étant, les projets de large envergure et étalés sur plusieurs années restent logiquement moins nombreux qu’il y a quelques années, lorsque le prix du baril de Brent était supérieur à 100$.

Au niveau de la demande mondiale de pétrole, les indicateurs sont plutôt positifs et tendent à soutenir une lente augmentation des prix pétroliers. Premièrement, les perspectives de croissance aux États-Unis se sont redressées depuis les élections, ce qui soutient une consommation accrue de produits pétroliers. Trump s’est aussi montré enclin à soutenir les secteurs traditionnels via des mesures de taxation et régulation plus favorables et a nommé un ministre à l’Énergie ouvertement sceptique quant au réchauffement climatique. Deuxièmement, la Chine, malgré son ralentissement, voit sa demande énergétique augmenter. Selon la «méga» entreprise publique China National Petroleum Corporation, les importations nettes de pétrole brut devraient augmenter de 5,7% en 2017. En plus de cela, une économie mondiale qui reprend des couleurs (la Banque mondiale revoit ses prévisions de croissance du PIB à la hausse: 2,7% en 2017 contre 2,3% en 2016) tend à soutenir les prix énergétiques.

Au final, même si l’accord initié par l’Opep reste fragile et même si la production mondiale de pétrole est soutenue par l’activité en Amérique du Nord, il reste peu probable de voir les prix diminuer. En effet, la demande mondiale a le vent en poupe et certains grands producteurs (Arabie saoudite, Koweït) ont déjà pris des mesures de réduction drastique de la production. L’un dans l’autre et sachant que l’annonce de l’accord a en grande partie déjà été intégrée au niveau des prix, on peut s’attendre à une certaine stabilité pour la première partie de l’année 2017.