Jean-Marc Chiaradia: «Comme cette année l’a montré, il était très difficile de prédire les évènements politiques. Aucun n’a eu l’issue positive escomptée, les marchés ont absorbé rapidement ces chocs.» (Photo: CapitalatWork Foyer Group)

Jean-Marc Chiaradia: «Comme cette année l’a montré, il était très difficile de prédire les évènements politiques. Aucun n’a eu l’issue positive escomptée, les marchés ont absorbé rapidement ces chocs.» (Photo: CapitalatWork Foyer Group)

L’année 2016 se termine bientôt et il est de coutume de se livrer au jeu, certes hasardeux, des perspectives de l’année 2017. Pour ce faire, nous avons choisi d’exposer notre point de vue en cinq points: l’économie, les conditions financières, la rentabilité des entreprises, le sentiment du marché et les valorisations des entreprises.

Économie

Pendant que les investisseurs étaient suspendus aux lèvres des banquiers centraux, il semblerait que Donald Trump vienne de faire passer les politiques monétaires au second plan. Sous l’action des recommandations du FMI et la pression du futur nouveau président américain, nous assistons à un retour en force des politiques fiscales et budgétaires. L’année 2016 a vu naître plusieurs projets fiscaux de relance, avec le plan Juncker et les incitants chinois. L’impact de ces décisions montre déjà des signes positifs et devrait être encore plus fort en 2017. Dans toutes les zones, à l’exception des pays émergents, les indicateurs avancés se situent en zone d’expansion. Il est très difficile de prédire le niveau de croissance mondiale, mais les chiffres pointent vers une croissance solide en 2017. Les décisions de Trump seront certes suivies de très près, mais elles n’auront que très peu d’impact sur l’année prochaine.  

Conditions financières

Bien que les politiques monétaires de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque du Japon (BoJ) affichent une certaine stabilité, la Federal Reserve (Fed), quant à elle, a choisi une orientation beaucoup plus restrictive pour 2017.

La BoJ a opté pour un ancrage favorable de ses taux courts et longs afin de garder une marge d’intérêt pour ses banques. La devise japonaise sera la seule variable d’ajustement sur les marchés financiers, et pourrait être victime d’une volatilité accrue.

La BCE a levé l’incertitude concernant sa politique à partir d’avril 2017. Elle prolonge de neuf mois son quantitative easing, mais limitera ses achats à 60 milliards d’euros par mois au lieu de 80 milliards. Par ailleurs, elle diminue les contraintes d’éligibilité à son plan de rachat et autorise le rachat d’obligations d’une maturité d’un an même si les rendements sont inférieurs au taux de dépôt. Mario Draghi réussit, par son action, à augmenter la pentification de la courbe des taux européens, ce qui constitue un mouvement très favorable pour les financières.

La banque centrale américaine poursuit la normalisation de sa politique monétaire. Dernièrement, elle a augmenté son taux directeur et prévoit trois hausses de taux pour 2017. La vitesse du resserrement monétaire est plus rapide, mais sera toutefois fonction des politiques annoncées par Donald Trump, ainsi que des révisions de croissance et d’inflation. Le découplage des politiques monétaires de la Fed par rapport aux autres grandes banques centrales permet un rallye du dollar face aux autres devises.

Les spreads de crédit semblent en moyenne raisonnables. Les tensions de début d’année, faisant suite à l’effondrement du pétrole, sont amorties et un scénario de reflation est favorable aux souches «high yield».

En septembre 2015, nous prenions en considération un sujet oublié, l’inflation. Nous avions d’ailleurs évoqué que la hausse des prix est souvent lente, pernicieuse et inattendue. Contre toute attente, les perspectives d’inflation sont reparties à la hausse et nous avons assisté à une rupture, le cycle baissier des taux ayant peut-être pris fin en 2016. Toutefois, nous continuons à privilégier un scénario de taux bas dans nos hypothèses, car la normalisation semble déjà bien avancée.

Rentabilité des entreprises

La croissance bénéficiaire des sociétés avait été décevante ces deux dernières années. La discrimination entre les secteurs était forte, et les principales déceptions se situaient sur les secteurs du pétrole, des commodities et des sociétés financières. C’est tout l’inverse pour 2017, toutes choses étant égales par ailleurs, car on prévoit une nette amélioration pour ces trois secteurs. Les marges pour les autres secteurs pourraient être touchées par les hausses des prix de l’emploi aux États-Unis et de l’énergie. Le discernement restera important, certaines entreprises seront capables de transposer la facture aux consommateurs grâce à leur pricing power, d’autres non. Au final, il est prévu une croissance des bénéfices à deux chiffres pour les indices européens et américains.  

Si nous supposons que l’administration Trump réalise effectivement des baisses d’impôts des sociétés, l’avantage pour l’actionnaire sera substantiel. Toutefois, la hausse du dollar va d’abord peser sur la rentabilité des sociétés car elle est déjà concrète, contrairement aux politiques futures de Washington. Les groupes étrangers les plus exposés aux États-Unis pourront par contre profiter de la vigueur de la croissance américaine ainsi que d’un dollar fort. Les multinationales européennes et japonaises seront par conséquent favorisées.

Sentiment

L’année 2016 a été soumise à un niveau inédit de risques politiques. Le calendrier de 2017 est chargé en nouvelles élections, dont celles des deux plus grands pays de la zone euro, la France et l’Allemagne. Même si les marchés ont appris à absorber ces chocs assez rapidement, les résultats politiques passés et potentiellement à venir peuvent encore produire des conséquences économiques négatives. Les difficultés rencontrées par les décisions politiques semblent difficiles à estimer. Même si le marché n’aime pas l’incertitude, les investisseurs préfèrent se concentrer sur la future politique de D. Trump qui devrait doper l’inflation et la croissance. Après plusieurs années de scepticisme sur l’investissement en bourse et de peur de la déflation, les investisseurs ont l’air de renouer avec l’optimisme.   

Valorisation des entreprises

Les valorisations des entreprises sont revenues à leur niveau moyen historique. Vu le niveau des taux obligataires, les primes de risque restent toujours substantielles. L’avantage est donné aux actions européennes, par rapport aux actions américaines. Nos modèles européens continuent à afficher des rendements Free Cash-Flow de 5 à 6%, alors que le taux sans risque se situe à 1%.

Dans un contexte incertain, la plus grande lisibilité des marchés se situe dans le feed-back donné par nos entreprises analysées. Comme cette année l’a montré, il était très difficile de prédire les événements politiques. Aucun n’a eu l’issue positive escomptée, les marchés ont absorbé rapidement ces chocs.

Il me reste à vous transmettre, au nom de CapitalatWork Foyer Group, mes meilleurs vœux pour 2017, et à vous souhaiter de joyeuses fêtes.