Le propriétaire de la Villa Churchill va devoir repenser ses plans face à l'interdiction de démolir le bâtiment. (Photo: Olivier Minaire / archives)

Le propriétaire de la Villa Churchill va devoir repenser ses plans face à l'interdiction de démolir le bâtiment. (Photo: Olivier Minaire / archives)

Deux fois non: la société Conimar, propriétaire d’une des dernières villas de la place Churchill, ne sera pas autorisée à démolir le bâtiment pour y construire à la place un bâtiment moderne de plus de 2.000 m2 sur 10 niveaux, dont trois sous-sols.

La Ville de Luxembourg s’était opposée à cette construction dans le périmètre du secteur protégé du parc municipal. Même si elles ne valent pas grand chose du point de vue architectural ou même historique (la Villa Churchill n’est pas classée monument historique), les anciennes maisons de maître sont quand même protégées, au nom de la préservation d’une certaine «identité et histoire urbanistique de la Ville de Luxembourg» dans ce secteur comprenant certains îlots aux abords du parc, des immeubles de l’avenue Marie-Thérèse, du boulevard Prince Henri et de la partie sud du boulevard Emmanuel Servais.

Le Plan d’aménagement général de la Ville de Luxembourg impose une servitude de conservation dans leur état d’aspect des constructions. Seules des modifications de détail peuvent y être apportées, qui n’altèrent pas leur caractère ni ne changent le volume des constructions.

Deux ans après avoir été rachetée indirectement dans des conditions d’ailleurs assez douteuses à la Banque Kaupthing, l’ancienne maison de maître au 7-9 place Churchill (coin boulevard Grande-Duchesse Charlotte et Place Churchill) avait d’abord été transformée en bureaux. Son propriétaire, l’étude EHP, à travers la société immobilière Conimar, avait ensuite manifesté son intention de la raser pour y construire un immeuble ressemblant à un «galet sculpté» conçu par la célèbre agence d’architecture de Miami Arquitectonica.

Atteinte au droit de propriété?

Las, Conimar essuie un premier refus des autorités communales en juillet 2012 pour une autorisation de principe pour la construction du nouvel immeuble. Après des tentatives d’arrangements, un recours en annulation de la décision de refus est déposé devant le tribunal administratif, lequel confirma la Ville de Luxembourg en septembre 2014.

Un pourvoi est formé devant la Cour administrative, laquelle a repris à son compte dans son arrêt du 28 avril dernier (qui vient seulement d’être rendu public) un à un les arguments des juges de première instance. Conimar évoquait une atteinte au principe constitutionnel du droit de propriété, qui lui permettrait de faire ce qu’elle veut de son immeuble.

Les juges de la Cour ont admis que si la société se trouve restreinte dans l’usage de son droit de propriété, il ne lui est pas permis pour autant de faire marcher les bulldozers pour raser le vieil immeuble. Le propriétaire avançait en outre l’absence de base légale de la servitude de conservation en l’état imposée par la Ville de Luxembourg en dehors de toute procédure de classement de la Villa au titre de monument historique. Un argument tombant «à faux» selon la Cour administrative.

EHP va donc devoir repenser le sort de la Villa Churchill.