Didier Hoareau: «Avec Keexle, les utilisateurs gardent le contrôle de leurs données.» (Photo: Keexle)

Didier Hoareau: «Avec Keexle, les utilisateurs gardent le contrôle de leurs données.» (Photo: Keexle)

Depuis quand travaillez-vous au développement de Keexle?

Didier Hoareau. – «L’histoire a commencé il y a un peu plus de 5 ans, loin du Luxembourg, sur la magnifique île de La Réunion dont je suis originaire. J’étais alors maître de conférences et dirigeais le département Réseaux & Télécommunications de l’Institut universitaire technologique. J’enseignais et côtoyais tous les jours des outils et des protocoles de communication dont le fonctionnement remettait en cause les fondements qui m’ont poussé à étudier l’informatique: internet se voulait décentralisé, laissant la possibilité à n’importe qui de l’enrichir en connectant son ordinateur à ce réseau de réseaux! 

Aujourd’hui, nous subissons au contraire notre dépendance envers une poignée d’organisations qui nous obligent à leur confier nos données pour pouvoir utiliser leurs services et échanger avec les autres. J’ai commencé à travailler sur le chiffrement des données et sur la faisabilité d’un service de partage et de collaboration en ligne, facile à utiliser, qui garantirait à chacun le contrôle sur ses données et un haut niveau de sécurité, y compris pour les données les plus sensibles.

Lorsque certaines lois et prises de position françaises se sont dressées contre le chiffrement, il a fallu remettre en cause notre développement depuis la France. Il a fallu trouver un pays qui, à défaut du soleil de La Réunion, garantisse le droit à la confidentialité et à la vie privée. J’ai donc décidé de repartir de zéro depuis le Luxembourg. J’ai fondé la société OnePrivacy et après deux nouvelles années de recherche et développement, notre solution de communication et de collaboration en ligne entièrement confidentielle, Keexle, est disponible pour les entreprises.

En quoi consiste Keexle?

«Keexle est une plate-forme de communication et de collaboration basée sur le chiffrement de bout en bout. Cela signifie que seuls vous et les personnes avec qui vous communiquez peuvent lire et exploiter les données que vous échangez.

L’innovation réside, au-delà de la partie communication, dans la possibilité de définir un véritable environnement de collaboration interactif et confidentiel. Il est possible de s’organiser par projet ou par équipe, de définir et s’assigner des tâches, d’y associer des fichiers, d’apporter des commentaires, d’effectuer des vidéoconférences et même, dans un futur proche, d’éditer des documents à plusieurs ou de gérer un calendrier partagé.

Jusqu’à maintenant, seules les technologies cloud qui ont accès à vos données pouvaient offrir un tel éventail de fonctionnalités. Grâce à Keexle, plus besoin de renoncer à la confidentialité pour bénéficier de ces outils. Nous sommes ainsi la première solution chiffrée qui permet de travailler à plusieurs sur un document et de naviguer dans son historique de modifications.

Ne demeure-t-il pas un risque d’interception des données?

«Avec Keexle, les utilisateurs gardent le contrôle de leurs données. Nous garantissons que leurs clés privées de chiffrement ne sont pas générées par un tiers, mais via un logiciel implanté en local sur leur ordinateur.

De façon inédite, chaque utilisateur a la garantie que ses clés de chiffrement ne transitent jamais sur internet ni sur nos serveurs. Cela signifie, en retour, que nous ne pouvons mettre en place aucun mécanisme pour récupérer les clés de chiffrement si un utilisateur venait à les égarer. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités... Et nous avons décidé de rendre ce pouvoir à nos utilisateurs!

Quels sont vos projets pour 2019?

«Après toutes ces années d’expérimentation, de R&D, nous avons commencé à transformer nos bêta-testeurs en utilisateurs payants. Notre priorité est désormais la commercialisation de Keexle et son déploiement au niveau européen. Nous sommes en train d’étoffer notre équipe en ce sens. Nous avons proposé récemment à nos clients une façon de recevoir des fichiers chiffrés de la part d’utilisateurs ne possédant pas le logiciel Keexle.

Un avocat ou un agent immobilier peut ainsi orienter ses clients vers une page web Keexle Transfer où ils n’auront plus qu’à glisser-déposer les fichiers qu’ils souhaitent transmettre. Ces fichiers seront chiffrés dans le navigateur et envoyés vers la boîte de réception Keexle du cabinet.»