Fabien Nizard et Paul Weber dans le cadre intimiste du Konrad en centre-ville. (Photo: Jessica Theis)

Fabien Nizard et Paul Weber dans le cadre intimiste du Konrad en centre-ville. (Photo: Jessica Theis)

Paul Weber et Fabien Nizard ont lancé ce mercredi la première plateforme de crowdfunding luxembourgeoise, Nubs. Le thème du financement communautaire (littéralement «par la foule») est à la mode et les deux jeunes entrepreneurs surfent magistralement sur cette tendance. La densité de journalistes lors de la conférence de presse, organisée dans le cadre intimiste d’un café branché du centre-ville, parlait pour l’intérêt porté au sujet.

Pourtant, la plateforme en question n’est pas – comme on aurait pu le croire dans un centre financier international tel que Luxembourg – portée sur la distribution transfrontalière de fonds, mais – a contrario – sur le financement d’entreprises actives sur un marché régional.

La plateforme Nubs appartient à la catégorie du reward funding, c’est-à-dire sans contrepartie financière pour le bailleur de fonds. À cet égard, la start-up s’affranchit de la tutelle du régulateur financier, la CSSF.

10% de comm’, mais pas de contrepartie financière

Nubs se veut l’intermédiaire – moyennant 10% de commission (pour autant que le projet ait atteint son objectif de financement) – entre des initiatives entrepreneuriales locales et des parties prenantes du marché… où les prêteurs seraient également des clients ou prospects de la société.

Un exemple? Le projet Autistic Languages cherche à lever 3.000 euros afin de créer une plateforme de promotion de créations artistiques d’autistes. Chaque apporteur de fonds reçoit, en contrepartie de son investissement, un produit. Ici, pour 15 euros des cartes postales; pour 35, un t-shirt…

Investir devient là un acte quasiment militant. «Un lien émotionnel va se créer entre les contributeurs et les projets, si bien que les gens se sentiront un peu responsables dudit projet,» témoignent les entrepreneurs. Et les bailleurs de fonds deviendront naturellement les ambassadeurs de la marque. Le tempo de l’apport de fonds permet également à l’entrepreneur de mesurer l’accueil de son produit sur le marché.

Un maigre butin avant le pactole?

Nubs prévoit d’opérer une sélection qualitative de ses projets, entre deux et trois par mois, pour des montants oscillants autour de 5.000 euros pour des périodes de levée de fonds de deux mois environ.

Le chiffre d’affaires ne s’élèverait au grand maximum qu’à 3.000 euros… un bien maigre butin pour le banquier et le juriste que sont, de formation, MM. Nizard et Weber (d’autant qu’un troisième associé, Léonard Wagner, opère en coulisse). Qu’à cela ne tienne puisque les intéressés prévoient une expansion horizontale et verticale.

En cas de succès, rapidement quantifiable, l’expérience Nubs sera réitérée dans d’autres villes d’ampleur «régionale» comme Zürich ou Vienne. D’autres services (du conseil notamment) pourraient être associés à la plateforme. À suivre donc pour cette entreprise dans le vent du crowdfunding.