Depuis la crise, VP Bank a décidé de se diriger vers une clientèle plus fortunée, à qui elle offre des services de structuring, gérance et conseil. (Photo: Sébastien Goossens)

Depuis la crise, VP Bank a décidé de se diriger vers une clientèle plus fortunée, à qui elle offre des services de structuring, gérance et conseil. (Photo: Sébastien Goossens)

Monsieur Moeckli, pouvez-vous faire le point sur les activités de VP Bank au Luxembourg?

«VP Bank Luxembourg a été fondée en 1988, d’abord comme société financière, puis très rapidement nous sommes devenus une banque. Dès le début, nous avons été actifs dans les fonds de placement, plus précisément dans la gérance de fonds et le private banking. Nous avons profité du secret bancaire, comme d’autres banques. Nos produits étaient destinés à une clientèle de taille moyenne, pas très haut de gamme.

Nous avons eu de belles années, très profitables, jusqu’en 2008. Après la crise, nous avons dû changer complètement notre modèle. Nous avons désormais moins de clients, mais ils sont beaucoup plus grands et nous leur offrons des produits dans une tout autre gamme. Nous sommes désormais dans le structuring, la gérance et le conseil.

Le Luxembourg est notre seule attache avec l’UE et nous voulons la garder.

Alfred Moeckli, CEO de VP Bank

Cette transformation nous a pris du temps, mais nous avons su trouver notre place, notamment au sein du groupe.

Quelle est votre vision de la place financière luxembourgeoise et quelle place prend-elle dans la stratégie de VP Bank?

«Pour nous, il y a deux raisons de rester au Luxembourg. Premièrement, c’est notre seule implantation dans l’Union européenne. Notre banque a son siège au Liechtenstein, un petit pays de 37.000 habitants. Nos actions sont cotées à Zurich et notre monnaie est le franc suisse, donc il est clair que nous serons toujours rattachés à la Suisse.

Mais nous devons nous intéresser à ce qui se trouve devant notre porte. On peut être critiques par rapport à l’Union européenne, mais, pour nous, il est primordial d’y être ancrés. Et comme le Luxembourg est notre seule attache, nous voulons la garder.

Deuxièmement, le Luxembourg est leader mondial après les États-Unis sur le marché des fonds de placement. Nous avons une belle activité dans ce secteur, et il est clair que nous voulons développer nos affaires ici.

Justement, la Place peut-elle être un hub pour les banques étrangères, notamment dans le contexte du Brexit?

«Certainement! Et c’est d’ailleurs déjà le cas. Personnellement, je pense que Londres restera toujours une grande place financière, mais il est sûr que certaines activités seront transférées à Paris, Dublin, Francfort et Luxembourg.

Aujourd’hui, on parle trop de fintech.

Alfred Moeckli, CEO de VP Bank

Nous avons ici près de 130 employés et nous prévoyons une croissance de nos effectifs. Nous sommes d’ailleurs à la recherche de nouveaux locaux. Nous avons aujourd’hui une plateforme très performante, la hausse de nos effectifs sera donc plutôt dirigée vers le front office et le conseil.

Le marché bancaire est bousculé par les fintech. Comment se place VP Bank dans ce contexte?

«J’ai été l’un des fondateurs de la plus grande banque suisse sur internet, Swissquote, il y a 19 ans. J’ai été très impliqué. Mais je me rends compte que nous étions trop en avance sur notre temps. Aujourd’hui, on parle trop de fintech et de digitalisation des services bancaires, alors que les banques doivent d’abord entamer cette transformation digitale en interne avant d’aller plus loin.

Dans le secteur du private banking, on ne pourra jamais complètement se digitaliser. Il y aura toujours des contacts personnels. Les clients qui viennent vous confier une fortune de 10, 20 ou 30 millions d’euros voudront toujours parler en face à face avec un spécialiste. La digitalisation passe donc d’abord par l’intérieur de la banque.

Il y a des fintech qui sont très performantes dans les virements de fonds, comme Paypal. C’est avantageux pour les banques, car elles ne gagnent pas d’argent sur ces petits transferts. Mais je pense que le conseil et la relation personnelle avec le client ne vont pas disparaître. C’est pour cela que je regarde un peu différemment la digitalisation.»