Norbert Becker, deuxième du Paperjam Top 100 édition 2014. (Photo: Mike Zenari)

Norbert Becker, deuxième du Paperjam Top 100 édition 2014. (Photo: Mike Zenari)

Il s’en est fallu de peu pour que Norbert Becker soit désigné par le jury en tant que décideur le plus influent pour cette année 2014, tant il s’en est fallu d’un rien pour que la balance penche en faveur de Pierre Ahlborn. Mais cela n’enlève bien évidemment rien à l’influence qu’il peut avoir au sein de la sphère économique luxembourgeoise. À la fois par son expérience et le nombre impressionnant de ses mandats, il fait partie de ces hommes «qui comptent».
Ce n’est d’ailleurs sans doute pas uniquement en raison de sa proximité reconnue – et assumée – avec le parti libéral (il fut, dans les années 70, un très proche collaborateur du Premier ministre Gaston Thorn) que Norbert Becker fut appelé à participer, à l’automne 2013, à la préparation du programme de coalition du gouvernement. Pas de quoi, pour autant, l’inciter à embrasser une «vraie» carrière politique. «Je suis un entrepreneur et je sais que la marge de manœuvre du politique est assez limitée, explique-t-il. Et puis à mon âge (il a eu 61 ans en octobre dernier, ndlr), j’aurais fait figure de dinosaure si l’on m’avait proposé d’entrer au gouvernement.»
Son parcours parle pour lui. Et c’est ce qui, selon lui, a forgé cette «influence» que lui a prêtée le jury. «Cela résulte du cumul d’expérience que j’ai pu acquérir à l’étranger et au Luxembourg, estime-t-il. En tant qu’entrepreneur, je n’ai jamais recherché cette influence. Mais je suis évidemment conscient que mes fonctions me donnent une certaine responsabilité et que mes propos peuvent peut-être parfois compter plus que d’autres. Il faut bien sûr les assumer.»
Ses affinités idéologiques avec le gouvernement en place lui font, forcément, porter un regard bienveillant sur un an d’action. «Le point le plus important a été le changement de paradigme concernant le positionnement de la place financière. Même s’il était prévisible, avoir concrétisé le passage à l’échange automatique d’informations qui était sur les rails n’en reste pas moins un acte difficile.»

«Remettre les compteurs à zéro»

Cela ne l’empêche évidemment pas de pointer du doigt les défis majeurs qui attendent le pays, à commencer par celui de l’éducation et de sa place dans l’économie. «Nous ne produisons pas les compétences nécessaires au secteur de l’ICT qui est en pleine croissance. Le défi ne concerne pas que le seul ministre de l’Éducation, mais tout le gouvernement. Il faudrait organiser une sorte d’États généraux du Luxembourg et des technologies nouvelles, afin de voir comment aligner le système éducatif à la réalité des besoins de l’entreprise.»
Norbert Becker espère aussi que dans cette recherche d’un large consensus autour de pistes d’avenir, le dialogue social retrouvera la place qui doit être la sienne. «La paix sociale est un des éléments clés du succès de notre économie. Sur les dernières années, certains se sont présentés aux discussions tripartites en posant des préalables non négociables. Dans ce cas, une tripartite n’a vraiment plus lieu d’être. Il faut vraiment remettre tous les compteurs à zéro.»
Le chemin est donc encore long, mais M. Becker reste optimiste, en dépit de certains vents contraires qui ont pu souffler ces dernières semaines. «Dans les conseils d’administration où je siège, des actionnaires, notamment américains, ont pu s’inquiéter de l’avenir du Luxembourg. J’ai pu les convaincre que le Luxembourg était engagé sur la bonne voie et avait même accéléré le mouvement. Et tout cela réconforte les investisseurs étrangers. Ce n’est pas anodin si le plus gros fonds d’investissement du monde, Blackstone, vient de racheter Lombard International Assurance (dont Norbert Becker est président, ndlr). La confiance exprimée dans une telle société luxembourgeoise est aussi une confiance exprimée dans le pays. Et ça, c’est rassurant.»

Le jury dit de lui:

«Entrepreneur par excellence, il est plus actif que jamais quand il importe de transformer l’économie luxembourgeoise. Un phénomène de compétence et d’efficacité qui allie un rare bon sens à une détermination farouche de réussir ce qu’il
entreprend.»

Norbert Becker

  • 61 ans
  • Président du conseil d’administration de Lombard International Assurance, de PayPal Europe, de CBP Quilvest, des Éditions Lëtzebuerger Journal et d’Atoz
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