Capita emploie 150 personnes au Luxembourg, dirigées par Bruno Beernaerts, managing director. (Photo : Julien Becker / archives)

Capita emploie 150 personnes au Luxembourg, dirigées par Bruno Beernaerts, managing director. (Photo : Julien Becker / archives)

Monsieur Beernaerts, après avoir fondé en 1993 Fidei, reprise en 2009 par Capita, quel regard portez-vous sur l’évolution sur votre cœur de métier, celui de domiciliataire?

«Avant l’entrée en vigueur en 1999 de la loi régissant notre métier, le marché était caractérisé par une multitude d’acteurs aux pratiques très différentes, parfois au préjudice de l’image de la Place. L’introduction d’un cadre réglementaire a donc permis progressivement d’arriver à une professionnalisation du métier. Celui-ci reste néanmoins exercé par différents types d’acteurs, soumis à des contrôles et des régulations différentes, qu’il s’agisse, par exemple, d’avocats, d’experts comptables ou du type d’entreprise telle que la nôtre reconnue en tant que PSF.

Cela peut parfois générer des situations concurrentielles délicates, certains confrères ne devant pas respecter les mêmes règles qu’un PSF. Plus généralement, la régulation est un élément qui a graduellement pris une importance considérable dans nos activités. Nous nous attendons d’ailleurs à de nouveaux changements importants, notamment concernant le projet BEPS que l’OCDE veut rapidement exécuter. Après les mesures annoncées ces derniers temps à l’égard des clients privés, dont la fin programmée du secret bancaire, un projet tel que celui-ci va impacter les clients institutionnels. Ceux-ci devront adapter leur gouvernance, leur fonctionnement et revoir à la hausse leur substance au Luxembourg.

Comment envisagez-vous d’accompagner vos clients dans ce contexte?

« Nous devons évoluer au départ de notre métier en misant sur la valeur ajoutée pour développer de nouveaux services. Nos clients institutionnels qui vont devoir augmenter leur substance plus importante au Luxembourg, à l’instar de ce que nous observons dans le domaine des fonds private equity, font devoir se doter d’une équipe dirigeante mais souhaiteront, pour des raisons de compétence ou de coûts, recourir à des services externalités.

Je pense par exemple à des services comptables spécifiques, de la gestion de trésorerie, du secrétariat spécifique…. Nous entendons devenir un fournisseur de ce type de service et nous étendre aussi, par exemple, vers l’administration de fonds, secteur dans lequel nous étions, jusqu’ici, peu présents. Au niveau de nos collaborateurs, dont beaucoup nous sont fidèles depuis le début ou de nombreuses années, cela nécessitera des évolutions et l’apport de nouvelles expertises.

Avec un peu de recul, l’absorption par Capita était-elle inéluctable?

« Nous sommes aujourd’hui 150 et nous menons une réflexion permanente quant à notre organisation afin d’optimiser notre fonctionnement au niveau local ainsi que notre coordination avec les entités du groupe. Il y a vingt ans, les petits acteurs pouvaient mener leur propre activité sans rencontrer de problèmes majeurs. L’évolution du marché et de la réglementation a poussé les différents acteurs à se regrouper ou à s’adosser à de plus grands groupes. On a ainsi assisté à l’absorption de fiduciaires à l’initiative d’acteurs du private equity.

Avec Capita, nous sommes désormais la seule entité bénéficiant du support d’un acteur institutionnel coté à la bourse de Londres. Cela nous permet d’avoir une perspective d’évolution à court et moyen terme au sein d’un groupe dont la croissance a été marquée par une croissance organique ou des acquisitions. La relation de travail établie avec nos contreparties outre-Manche nous permet désormais d’entamer nos objectifs en termes d’évolutions de services.»