Daniel Miltgen juge gratuites et arbitraires les allégations de la ministre du Logement devant les membres de la commission parlementaire Logement. (Photo: Julien Becker / archives )

Daniel Miltgen juge gratuites et arbitraires les allégations de la ministre du Logement devant les membres de la commission parlementaire Logement. (Photo: Julien Becker / archives )

Daniel Miltgen, qui enseigne désormais dans un lycée technique, n’est pas homme à laisser salir sa réputation. Lorsqu’il était encore en poste à la présidence du comité directeur du Fonds du logement, il ne laissait rien passer dans les journaux ni sur les réseaux sociaux qui faisait de l’ombre à son image de serviteur de l’État luxembourgeois, engagé «corps et âme» pendant 32 ans, d’abord au ministère de l’Intérieur puis à celui du Logement dont il a contribué au lancement et enfin à la présidence du Fonds du logement (FDL) jusqu’au printemps dernier avant d’en être écarté par Maggy Nagel.

La publication fin juillet des procès verbaux de commissions parlementaires du logement ayant eu lieu en mars et en avril, lorsque le haut fonctionnaire était sur le grill, a suscité chez lui une nouvelle poussée d’urticaire, lui faisant reprendre encore une fois la plume pour redresser des «affirmations purement gratuites et arbitraires voire même fausses», qui furent à la base de sa révocation.

«Je ne saurais plus longuement accepter que mon intégrité professionnelle et privée soit mise à mal par les fausses informations et les explications truquées fournies par Madame la Ministre aux membres de la commission et probablement également aux membres du conseil de gouvernement», écrit Miltgen dans une longue lettre écrite le 28 juillet dernier, adressée au président de la Chambre des députés, au Premier ministre et à la firme PwC, qui fut mandatée par Nagel pour établir un audit de sa gestion du FDL et justifier aussi son limogeage.

Une copie de la lettre accusant la ministre de mensonge et de mauvaise foi a également été envoyée au Procureur. Maggy Nagel avait elle-même donné une dimension judiciaire au dossier en faisant une dénonciation au Parquet, subodorant un abus de biens sociaux dans un contrat signé par le FDL avec un promoteur privé pour un projet immobilier à Leudelange. Une perquisition était intervenue au domicile de Miltgen.

Audits à la pelle

Les arguments de l’ancien homme fort du ministère du Logement ne sont pas neufs. Il avait eu l’occasion de les développer dans une lettre qu’il avait adressée à la firme PwC début juin en mettant en question l’impartialité du cabinet. Ce à quoi PwC s’était défendu en ne retranchant rien des conclusions de son audit, conduit avec «tout le professionnalisme et la diligence appropriés».

L’ancien dirigeant du FDL considère que la ministre aurait pu faire l’économie de cet audit, puisqu’une autre firme, Deloitte, avait déjà été mandatée en 2009 pour faire un travail à peu près similaire.

L’audit de PwC avait, entre autres, pointé l’inadaptation aux besoins du FDL du «support informatique» et de «la qualité et l’adéquation des outils». Or, signale Miltgen, le FDL a fait régulièrement appel aux services de PwC depuis 1991. Le cabinet serait depuis 2005 régulièrement associé au développement de l’infrastructure informatique et s’est d’ailleurs vu confier, il y a 10 ans, une mission d’assistance à la sélection et à la mise en place d’un nouveau système informatique et comptable. En 2007, poursuit Miltgen, PwC a encore été chargé de la mise en place d’un service informatique interne avec le recrutement d’une personne pour assurer le «service desk». La firme a mis à disposition du Fonds du logement un an plus tard un comptable pour terminer le paramétrage du nouveau programme comptable. L’année suivante, elle a décroché un contrat cadre pour une assistance à la coordination générale et à la planification des projets ainsi qu’une refonte du site internet.  

Miltgen laisse aux récipiendaires de sa lettre «le choix d’interpréter le sérieux qui était à la base de l’audit».