Victor Rod, 64 ans, quittera le Commissariat aux assurances à la fin de l'année. (Photo: archives paperJam)

Victor Rod, 64 ans, quittera le Commissariat aux assurances à la fin de l'année. (Photo: archives paperJam)

Les chiffres de l’assurance sont connus depuis des mois, aussi le rapport du Commissariat aux assurances vaut surtout pour les détails comme l’encaissement des primes par zone géographique. Le rapport annuel 2013 du régulateur du secteur de l’assurance a été présenté lundi par son directeur Victor Rod, qui quittera ses fonctions à la fin de l’année.

Il aurait pu faire valoir ses droits bien plus tôt, mais il a fait savoir que le ministre des Finances Pierre Gramegna lui avait demandé de jouer les prolongations pour mettre en place la directive dite Solvabilité 2 qui doit bousculer le monde de l’assurance. Victor Rod ne quittera pas la scène financière pour autant puisqu’il devrait rester président du conseil d’administration de la BCEE, son mandat ayant été récemment renouvelé.

324 entreprises

Le rapport du Commissariat aux assurances (CAA) reste toujours aussi peu volumineux sur le volet de la régulation du secteur, faisant surtout la part belle à l’encaissement des primes. Le régulateur a effectué entre le 1er janvier 2013 et le 30 juin 2014 (cette actualisation des chiffres jusqu’au 2e trimestre 2014 est une innovation) à cinq contrôles sur place auprès d’entreprises d’assurance, 21 chez des assureurs vie et 33 auprès de compagnies de réassurance. Le rapport mentionne une amende d’ordre de 500 euros infligée à un intermédiaire pour non remise de documents (il y a eu 22 inspections l’année dernière) ainsi que deux retraits d’agrément de courtiers pour inobservation «grave et répétée» des obligations professionnelles.

Le nombre d’opérateurs du secteur des assurances (assurance, assurance vie et réassurance) a baissé en un an et demi à 324 unités, avec des départs surtout visibles des réassureurs (22 départs), compensés toutefois par des nouveaux venus sur le marché (trois assureurs vie, quatre assureurs non-vie et 10 réassureurs).

Côté primes, le taux de croissance moyen fut de 9,7% pour les assureurs vie (qui représentaient 61,14% de l’ensemble des primes encaissées), 10,76% pour le secteur non-vie et 12,21% pour les réassureurs.

Pénétration en hausse, encaissement en baisse

Les activités transfrontalières constituaient 91,25% de l’activité globale. Même si les opérations au Grand-Duché ne représentaient qu’une part de 8,75%, le marché se situe dans le peloton de tête des économies à haute densité et pénétration d’assurance (5e mondial en 2012 en termes de volume de primes d’assurance directe par habitant avec un montant de 3.719 euros il y a deux ans et de 3.999 euros en 2013). L’indice de pénétration mesurant le ratio entre les primes d’assurance directe et le PIB est passé de 4,65% en 2012 à 4,83% fin 2013.

La somme de bilan de l’ensemble du secteur s’élevait à 182,19 milliards fin 2013, dont 126,76 milliards pour la seule assurance vie.

Le CAA signale que dans le contexte du «revirement» opéré par le gouvernement en matière d’échange d’informations fiscales, l’encaissement dans la branche vie a diminué de 5,59%, sans pour autant inquiéter le régulateur qui parle d’un retour à la normale par rapport à un exercice 2012 qui fut exceptionnel.

Les encaissements en Belgique se sont toutefois «effondrés» (recul de 40%). Ils ont chuté de 4,05% en France, mais progressé de 34,35% en Allemagne et de 171,51% au Portugal, pays qui a fait «une entrée remarquée dans le cercle des marchés importants des opérateurs luxembourgeois».

Marges confortables

À la faiblesse de l’encaissement se sont greffés d’importants mouvements de rachat. Frappée par la décollecte, la Belgique a perdu l’année dernière sa place de premier client de l’assurance vie avec un encours de 26,27 milliards, devancée par la France, désormais premier marché avec un montant de 29,11 milliards, mais suivie par l’Italie (14,28 milliards) et l’Allemagne (12,52 milliards).

Reste que les assureurs vie n’ont jamais réalisé d’aussi bonnes affaires qu’en 2013 avec des bénéfices passant de 159,75 millions d’euros en 2012 à 230,93 millions en 2013. Des bons résultats que le Commissariat explique par «le maintien à un niveau acceptable» des revenus de placement sur les actifs représentatifs des provisions techniques (4,956 milliards d’euros).

Ces actifs représentatifs ont enregistré un rendement positif de 3,86% à mettre en relation avec la revalorisation des contrats d’assurance-vie, y compris la participation aux bénéfices, pointant à 3,12%, soit une marge «encore confortable» de 0,74% acquise aux assureurs. La marge toutefois a subi un coup de rabot par rapport à 2012 où elle s’élevait à 1,11%.