Selon Claude Ewen, des mesures budgétaires pourraient bien être prises, notamment aux États-Unis. (Photo: Maison moderne / archives)

Selon Claude Ewen, des mesures budgétaires pourraient bien être prises, notamment aux États-Unis. (Photo: Maison moderne / archives)

Compte tenu des chocs économiques et géopolitiques de l’année 2016, l’incertitude et la volatilité auraient pu être de mise cet été. Les marchés mondiaux ont toutefois été relativement calmes, les investisseurs restant rassurés par l’argent facile injecté dans le système financier par les banques centrales.

Il est cependant évident que les mesures de relance, et en particulier le programme d’achat d’obligations de la BCE, entraînent une distorsion des marchés mondiaux. Nous avons pleinement conscience des conséquences sur les taux d’intérêt mondiaux, ainsi que sur les déficits des régimes de retraite, les bénéfices des entreprises et les valorisations relatives. L’impact positif de la politique monétaire sur l’économie est désormais discutable, et la principale question consiste à savoir si nous nous dirigeons vers une situation où le remède est peut-être pire que la maladie, en particulier en Europe.

Nous savons que sans assouplissement quantitatif, les rendements des obligations de base augmenteraient, mais il est plus difficile de prédire les effets de l’absence de QE, compte tenu du niveau élevé de la dette à l’échelle mondiale ainsi que de la faiblesse et de la fragilité du système financier. La situation serait sans aucun doute pire sans l’intervention des banques centrales, ce qui ne signifie toutefois pas que la relance monétaire n’a pas faussé la valorisation des actifs.

En effet, certaines des évolutions les plus importantes de ces dernières semaines ont touché les obligations, aussi bien celles des entreprises que des gouvernements. Les obligations à haut rendement européennes ont rebondi à des niveaux qui, auparavant, nous incitaient à réduire notre exposition, tandis que les rendements des Gilts à échéance longue se sont inscrits en hausse depuis le référendum sur l’adhésion à l’UE, dépassant 30%, soit un niveau bien supérieur aux rendements des actions. Bien évidemment, les rendements ont dans l’ensemble chuté.

Sur les marchés actions, la volatilité reste limitée malgré les risques importants qui se profilent à l’horizon. Dans cet environnement, nous gardons un œil sur les problèmes politiques, tels que l’élection présidentielle aux États-Unis et le référendum en Italie qui se tiendront bientôt. Le système bancaire reste fragile et une injection de capitaux significative sera encore nécessaire dans les pays périphériques. Il est presque indéniable que le Brexit a fragilisé l’Union européenne. Tous ces éléments renforcent l’incertitude globale sur les marchés.

Les baisses de taux d’intérêt ne peuvent stimuler la demande que si elles s’accompagnent d’une expansion budgétaire efficace, ce qui rend la situation actuelle de plus en plus difficile à accepter, à moins que les gouvernements n’utilisent la marge de manœuvre octroyée par les taux plus faibles pour accroître leurs dépenses budgétaires. L’Europe a en effet été critiquée pour avoir associé cure d’austérité et taux faibles, ce qui enfreint cette «relation budgétaire».

Certains signes laissent toutefois penser que des mesures budgétaires pourraient être prises, du moins aux États-Unis. Les deux candidats à l’élection présidentielle y ont fait allusion dans leur campagne électorale et il existe des précédents historiques de candidats ayant demandé la réduction des déficits qui ont finalement adopté des mesures d’expansion budgétaire. Si les idées d’Hillary Clinton et de Donald Trump divergent quant à l’implémentation d’une telle expansion, il est évident qu’elle impliquerait une hausse des dépenses d’infrastructure.