L’Europe doit absolument assurer son indépendance en matière d’énergie dans un environnement où la transition vers les énergies renouvelables s’accélère. (Photo: Malp)

L’Europe doit absolument assurer son indépendance en matière d’énergie dans un environnement où la transition vers les énergies renouvelables s’accélère. (Photo: Malp)

Selon une analyse publiée par Bloomberg New Energy Finance (BNEF) en novembre 2017, le marché des batteries électriques va être multiplié par 64 d’ici 2030, pour atteindre une puissance de 125 gigawatts et une production de 305 gigawattheures.

Une autre étude, réalisée celle-ci par le cabinet Lazard, révèle que les coûts du stockage électrique devraient baisser de 19 à 36% dans les cinq prochaines années grâce au développement de nouvelles solutions – batteries à flux notamment –, mais aussi à la montée en puissance des énergies renouvelables et à la mise en place de réglementations favorables.

L’urgence environnementale conduit à des enjeux industriels insoupçonnés. Alors que les questions liées à la mobilité rendent le recours aux véhicules électriques indispensable, l’Europe doit s’engager dans une course contre la montre pour assurer son indépendance en la matière. En effet, la transition énergétique implique un recours massif aux batteries pour stocker l’électricité. Une tendance de fond sur le marché automobile, mais pas seulement.

Favoriser l’émergence d’une filière «batteries» forte en Europe

Ordinateurs portables, smartphones, objets connectés, notre quotidien est peuplé de batteries dont l’essentiel provient d’Asie et plus particulièrement de Chine. Près d’un demi-siècle après le premier choc pétrolier, les institutions européennes ne comptent pas subir le diktat d’un nouveau monopole énergétique.

Encouragés par l’UE, les industriels s’organisent. Les leaders européens Saft, Solvay, Manz et Siemens ont ainsi formé une alliance pour créer la batterie du futur. Cet ambitieux programme de recherche concerne le développement et l’industrialisation de cellules électrochimiques rechargeables au lithium de 4e génération et la production de batteries.

Une initiative industrielle ne suffira pas à faire émerger une filière concurrentielle. C’est pourquoi, le 17 mai dernier, la Commission européenne a adopté un plan d’action stratégique sur les batteries qui prévoit notamment la définition de critères sociaux et environnementaux différenciants, à travers la révision du cadre réglementaire européen et la mise en place d’un calendrier contraignant.

Le plan prévoit également un fort soutien à la recherche et au développement via des appels à projets ou la possibilité pour les États membres de soutenir des programmes d’industrialisation à dimension continentale, comprenant la mise en place de lignes pilotes sur les procédés de fabrication des cellules de batteries. L’alliance européenne pour les batteries vise à soutenir la mobilité propre, à lutter contre le changement climatique et à réduire les dépendances à l’égard des importations d’énergie.

Une initiative qui implique les grandes régions d’Europe

Placée sous le patronage de la Slovénie, l’alliance revêt la forme d’un vaste partenariat interrégional qui rassemble l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine en France, l’Andalousie, le Pays basque et la Castille-et-León en Espagne, et la Lombardie en Italie.

«Ces partenariats interrégionaux contribueront de manière essentielle à la mise en place, en Europe, d’une chaîne de valeur des batteries compétitive, innovante et durable, en vue de conquérir un marché qui pourrait atteindre 250 milliards d’euros par an d’ici 2025», explique Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission chargé de l’union de l’énergie (voir interview). Entre indépendance énergétique, mobilité verte et équilibre économique, l’enjeu est capital pour l’économie européenne.