Le site des Rotondes va connaître dans les mois à venir la fin de la première partie des travaux de restauration et de réaménagement. (Photo: Pierre Levy pour l’Administration des bâtiments publics)

Le site des Rotondes va connaître dans les mois à venir la fin de la première partie des travaux de restauration et de réaménagement. (Photo: Pierre Levy pour l’Administration des bâtiments publics)

Actuellement, le terrain des Rotondes est un peu désolé et il faut circuler entre les grandes flaques de boue pour se frayer un chemin menant aux édifices. Mais dans exactement cinq mois, le site aura retrouvé sa splendeur et les Rotondes pourront à nouveau fonctionner pour accueillir des événements culturels, comme ce fut le cas il y a déjà quelques années à l’occasion de Luxembourg, Capitale européenne de la culture en 2007.

«Nous sommes juste dans les temps», précisent tout de suite Lisi Teisen du bureau Teisen-Giesler Architectes en charge du chantier et Robert Garcia, directeur du CarréRotondes. «Vu la complexité du chantier, j’étais un peu septique, mais nous avons bien avancé», confie Robert Garcia. «La seule inconnue reste le temps nécessaire pour faire les vérifications des équipements techniques qui si tout se passe bien peuvent être finies en un jour, ou dans le cas contraire, prendre trois semaines…», ajoute Lisi Teisen. «Tous les corps de métiers travaillent dans la bonne volonté et dans le souci de perfection et d’efficacité que nous leur imposons.» Et les résultats sont là puisque la Rotonde 1 est quasiment finie. S’il est vrai que la majorité des travaux avait été réalisée pour 2007, il fallait toutefois y apporter quelques aménagements et y construire des installations mobiles pour permettre une exploitation répondant aux besoins du centre culturel. «Grâce à un subside complémentaire de la Ville de Luxembourg, nous pouvons construire des gradins semi-circulaires mobiles qui serviront pour les spectacles jeune public.»

La jauge de cette salle de spectacle monte ainsi à 300 enfants, contre environ 180 places actuellement. «Cette nouvelle salle nous permettra d’accueillir des spectacles d’un autre format et de répondre à une demande qui est très forte puisqu’actuellement nous sommes obligés de refuser 67% des demandes pour le public scolaire et 68% des demandes pour le grand public…», précise le directeur.

C’est aussi dans cette Rotonde qu’a été remontée la grande structure en bois créée pour feu la Serre bleue, restaurant en 2007, et qui sera désormais affectée à accueillir des discussions, débats et autres rencontres autour de sujets de société. Cet espace, par ailleurs privatisable, est complété par des éléments mobiles qui servent de vestiaires pour les artistes, de local technique, d’accueil-billetterie et de W.C. «Sur l’anneau extérieur, il sera possible de présenter des expositions temporaires, d’une semaine ou d’un week-end, et pouvant ainsi coexister avec les contraintes des spectacles pour enfants», précise Robert Garcia. «Une fois par an, nous avons la volonté de réaliser une grande exposition, en été, qui occupera toute la Rotonde.»

Un nouveau bâtiment provisoire

Entre les deux Rotondes, un nouveau bâtiment provisoire a été construit dans la cour. Une partie de cette construction est constituée de containers récupérés de l’École européenne. «Cet ensemble révèle une dualité architecturale, car nous avons dû utiliser les containers sans pouvoir y apporter de modifications et les prolonger par une nouvelle construction», précise l’architecte Lisi Teisen. «Pour la nouvelle construction, nous avons utilisé le bois, un matériau bon marché et efficace au niveau acoustique et énergétique, qui est déjà largement mis en œuvre dans la Rotonde 1.» Ce nouvel ensemble accueillera une Black Box qui servira également pour les représentations des spectacles jeune public, avec une jauge d’environ 80 places, des salles d’ateliers pour les projets de danse, mais aussi un local pour des projets, et des locaux pour Graffiti de Radio Ara. «Tout est démontable puisque l’idée est de transposer l’ensemble, quand cela sera possible, dans la Rotonde 2», explique l’architecte.

Une boîte dans la boîte

En effet, la Rotonde 2 ne peut être encore exploitée dans son ensemble. «Cette Rotonde n’est pas encore rénovée, mais la structure est définitive. Dernièrement, le sol a été assaini et une dalle en béton a pu être coulée à l’intérieur. Celle-ci nous permet d’y installer la salle de concert et le café. Pour pouvoir exploiter cet espace, nous travaillons sur le principe de boîte dans une boîte», détaille Lisi Teisen. Ainsi, la Rotonde 2 n’est pas vraiment accessible, mais des percées visuelles sont créées depuis le futur café. «La salle de concert et le café seront installés dans la structure en bois qui est déjà en place, suivant la courbure de la Rotonde et jouant sur l’idée de caisses décalées les unes par rapport aux autres», explique Lisi Teisen. Il faut toutefois noter une nouveauté qui est que le café sera ouvert tous les jours, indépendamment de la programmation des concerts. «Une structure extérieure de type food truck sera également installée à proximité immédiate de la Rotonde et permettra de proposer une restauration légère», annonce Robert Garcia.

Enfin, sur le site, on trouvera également un nouveau pavillon technique avec une façade en verre rétroéclairé et le bâtiment administratif qui sera laissé tel quel. «Nous sommes en train de réfléchir à la possibilité d’installer une aire de jeux pour les enfants et un espace d’urban gardening. Mais rien n’est encore arrêté», précise Robert Garcia.

«Par ailleurs, nous sommes en cours de discussion avec la Ville de Luxembourg pour créer une nouvelle adresse: la place des Rotondes. Reste encore à vérifier qu’il y a un code postal disponible!» Un nouvel arrêt de bus a également été installé devant l’entrée. Ainsi, une nouvelle placette triangulaire marque l’entrée du site et sera renforcée par un pavillon d’accueil avec rack à vélo et local pour un concierge.

Un lieu plus grand, mais sans argent

Et le budget dans tout ça? «C’est un combat de tous les jours!», déclare Robert Garcia. «Les surfaces sont très importantes et les besoins se multiplient en raison de cela», souligne Lisi Teisen. «Je dois rappeler que nous sommes partis de très loin, se souvient Robert Garcia, puisque le premier budget qui nous avait été alloué en 2009 était de 23 millions et que nous travaillons actuellement avec un budget de 5,7 millions.»

Et pour le fonctionnement, c’est encore pire. «J’avais ironisé en disant que nous célébrerons l’ouverture du site avec de l’eau du robinet et des cacahuètes, mais la situation est tout de même très difficile. Nous allons avoir un plus grand site, et donc la possibilité à la fois d’organiser plus d’événements et d’accueillir plus de public, mais tout cela avec moins de budget. Nous avons vidé les réserves financières de l’association ces cinq dernières années et donc, même si nous avons une augmentation de notre budget pour 2015, nous n’avons finalement aucune progression si nous renflouons les caisses», explique Robert Garcia. «Cette situation nous amène à devoir faire 10% de moins de programmation en 2015 que ce que nous faisons habituellement à Hollerich, alors que les locaux sont beaucoup plus grands. Nous allons faire une ouverture sans aucun budget et la première grande exposition ne pourra pas être organisée avant l’été 2016… Je dois avouer que je suis découragé et c’est pour cela que j’ai décidé de partir l’année prochaine.»