Les patrons de crèches veulent réguler un secteur pour éviter de se retrouver avec des infrastructures... vides. (Photo: Julien Becker / archives )

Les patrons de crèches veulent réguler un secteur pour éviter de se retrouver avec des infrastructures... vides. (Photo: Julien Becker / archives )

En plein cœur de l’actualité. La très jeune Fédération luxembourgeoise des services d’éducation et d’accueil pour enfants (Felsea) constituée en mars 2013 organise ses actions, se structure et se dote des organes nécessaires pour faire entendre sa voix auprès, notamment, d’un monde politique qui ne manque pas d’idées à son égard.

La dernière en date, la mise en place d’une contribution de 0,5% sur les revenus des travailleurs et des pensionnés pour financer le système éducatif dès la petite enfance – dont l’introduction évoquée de la gratuité des crèches – continue de susciter de nombreuses réactions, malgré la mise au point du Premier ministre en Conseil de gouvernement.

Prudence sur la communication

Du côté de la Felsea, ses responsables n'ont pas encore reçu de précisions quant aux nouvelles clés de financement lorsque le projet verra le jour- ni sur l’ensemble des paramètres inhérents à celui-ci. On attend donc d’en savoir plus, en restant prudent sur le terrain de la communication.

«Il faut envisager le dossier dans sa globalité avant de donner son opinion», déclare Marc Hoffmann, gestionnaire de la Villa Wichtel et président de la Felsea. «La gratuité pourrait avoir un impact positif pour nous, car certains parents qui gardent leurs enfants à la maison pour des raisons budgétaires vont peut-être opter pour une crèche si tout le monde peut se le permettre.»

Une autre proposition d’actualité, en provenance de Claude Meisch (ministre en charge de la Jeunesse) est accueillie avec intérêt, mais pose question, compte tenu des compétences disponibles. L’idée est en effet de mettre en place, à terme, des crèches bilingues français-luxembourgeois.

Une restructuration en vue

Dopé par l’introduction du chèque service en 2009, le secteur des crèches a connu un véritable boom en quelques années, aboutissant à une saturation «du marché» dans certaines zones du pays, notamment à l’ouest.

«Le secteur va se restructurer, certaines crèches vont arrêter dans les prochains mois», estime le président de la fédération qui représente désormais 36 sociétés. «D’autant plus que le marché n’est plus aussi juteux et que les normes de l’ITM imposent désormais des investissements. Il faudrait par ailleurs créer une sorte de quota pour définir les besoins par communes.»

Confrontés à des coûts importants, les entrepreneurs qui se sont lancés dans le pari de proposer un service de crèche doivent par ailleurs se soumettre à des obligations relatives à la main-d’œuvre employée. Comptez au minimum deux temps pleins pour une plage d’ouverture de 12 heures, dont un éducateur diplômé en tant que chargé de direction.

Mettre en place de nouvelles règles

En ajoutant les frais de fonctionnement, de catering, on comprend que certains gestionnaires comptent sur plusieurs sites pour parvenir à garder le cap financier.

«Nous sommes aussi demandeurs de l’instauration d’un minimum requis en termes de qualification pour le propriétaire avant d’obtenir l’autorisation d’exploitation», ajoute Marc Hoffmann.

Car au-delà d’un service d’accueil, ces lieux de vie où les jeunes enfants passent une large partie de leurs journées doivent aussi avoir une vocation pédagogique qui est, dans le privé, laissée à l’appréciation de chaque gestionnaire.

«Nous voulons aussi mettre le focus sur la qualité, établir des normes pédagogiques qui aboutissent à une labellisation, sorte de socle commun de base, libre ensuite à chacun de faire davantage», poursuit M. Hoffmann.

Visibilité et dialogue

Devant son origine à la restructuration du chèque service l’an dernier, la Felsea veut se positionner durablement en tant qu’interlocuteur du gouvernement dans un contexte d’essor rapide et pas forcément maîtrisé d’un secteur d’activité.

Un conseil d’administration a d’ailleurs été élu lors d’une première assemblée générale le 9 juillet dernier: Marc Hoffmann (Villa Wichtel) en prend la présidence; Béatrice Martin (KidsCare) la vice-présidence; Fabiana Caruso (Kids’Ville) devient secrétaire générale et Pierre Godard (L’Enfant Roi) endosse la fonction de trésorier.

Détecter les mauvais représentants de la profession, faire évoluer les aspects éducatifs, assurer un développement pérenne du secteur… Les défis ne manquent pas pour la Felsea, qui doit aussi jongler avec les particularités du pays, dont l’arrivée d’enfants d’expatriés de passage pour une mission plus ou moins longue et dont l’objectif n’est pas forcément de s’insérer dans le système scolaire classique.